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L’intelligence artificielle dans les établissements scolaires, sur le plan administratif et pédagogique
Igesr, Mai 2025, 70 p..
Deux ans après l’émergence d’outils grand public d’intelligence artificielle (IA) générative et dans un contexte d’initiatives particulièrement foisonnant, cet état des lieux évalue les opportunités propres à l’IA en éducation et documente ses usages réels dans les établissements scolaires du premier et du second degré.
Bien que de multiples actions (formations, déploiement d’outils numériques, éducatifs, etc.) aient été mises en place pour favoriser le déploiement de l’IA dans l’éducation, ses utilisations par les adultes des établissements scolaires restent fortement liées à une appétence individuelle.
Dix recommandations sont formulées pour contribuer à créer une dynamique globale d’appropriation de l’IA en éducation afin d’y former tous les élèves, filles comme garçons, et d’en faire un atout pour améliorer l’efficience du système éducatif.
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3.2.2. Un risque de renforcement des inégalités
À l’inégalité d’impulsion précédemment évoquée s’ajoutent les différences d’équipements et de financement pouvant venir des collectivités territoriales, certaines ayant des démarches proactives sur le numérique (par l’intermédiaire du dispositif TNE par exemple) ou l’IA et d’autres estimant que les outils numériques à dimension éducative ne relèvent pas de leur compétence. Cette dynamique est susceptible de renforcer les inégalités remettant ainsi en cause la dimension nationale de l’éducation reçue par chaque élève. Ces inégalités peuvent être de différentes natures :
– une inégalité de territoires (entre académies et entre établissements) notamment en raison d’un accès inégal aux solutions EdTech (la fin des expérimentations P2IA tendant à diriger le financement de certaines d’entre elles vers les collectivités territoriales). Cette inégalité se retrouve également dans d’autres pays tels que l’Allemagne où l’équipement diffère des établissements d’un Land à l’autre ;
– un renforcement des inégalités sociales et scolaires, certains élèves étant les plus à même d’utiliser l’IA de façon pertinente60. Sans une formation réelle à l’IA, les usages des élèves iront, comme la mission a pu le constater, d’un usage augmentant leur capacité d’agir (assistance à la révision, refus d’usage de l’IA sur les connaissances considérées comme fondamentales, etc.) à une logique de contournement (réalisation des devoirs sans analyse critique du résultat produit, etc.), ce dernier pouvant conduire à une absence / perte de connaissances et de compétences pourtant décisives pour leur avenir ;
– une inégalité entre disciplines scolaires si l’IA reste envisagée sous le seul angle des disciplines scientifiques et techniques alors qu’elle interroge les pratiques pédagogiques dans toutes les disciplines et qu’elle pose des questions plus globales (artistiques, philosophiques, etc.) ;
– une inégalité entre filles et garçons si l’IA reste associée, dans l’imaginaire collectif, aux mathématiques et à l’informatique conduisant à reproduire le biais de sexe actuel dans l’orientation vers ces spécialisations ;
– un risque de décrochage international entre les pays qui ont d’ores et déjà mis en place des éléments de formation à l’IA et ceux qui tardent à le faire.
Ces multiples éléments forment un risque systémique pour l’Éducation nationale et doivent donc être adressés dans une stratégie globale inscrite dans la durée. La prise en compte de ces éléments doit être intégrée dans un discours national partagé pour mobiliser tous les acteurs.
Recommandation n° 8 : Confier au conseil national de l’IA l’élaboration d’un discours national clair quant à la place du numérique et de l’IA dans l’enseignement dispensé à tous les élèves
Extrait de education.gouv.fr de mai 2025
Voir aussi sur Eduscol :
Les intelligences artificielles et leurs usages en éducation (mai 2025)