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"40 ans d’éducation prioritaire", une "note de décryptage" du think tank Vers le Haut (février 2023, 20 p.)

7 février 2023

Les décryptages de VersLeHaut
40 ans d’éducation prioritaire. Désillusions sociales, nouveaux modèles éducatifs
Février 2023, 20 pages

SOMMAIRE
L’éducation en prise avec les ambiguïtés de l’égalité
Priorité, équité, égalité des chances : 40 ans de tâtonnements
L’Éducation prioritaire nuit-elle à la mixité sociale ?
Les profs au casse-pipe ?

Nouvelles frontières éducatives
L’Éducation prioritaire, laboratoire de l’innovation pédagogique
Acteurs sociaux, partenaires particuliers de l’Éducation Nationale
L’école au centre du village : vers une éducation plus locale ?

Extrait de verslehaut.org de février 2023

EXTRAITS

Introduction : éducationprioritaire, éducation pionnière ?
L’Éducation prioritaire constitue une inflexion marquante de l’histoire de l’école républicaine.
En reconnaissant des situations et des besoins spécifiques, elle constitue une des premières traductions politiques de la recherche d’une égalité réelle : "donner plus à ceux qui ont moins" plutôt que "la même chose pour tout le monde".
Au cours de quatre décennies, la succession des alternances politiques a progressivement établi une doctrine de facto en matière de discrimination positive à la française. Il en résulte cependant un ensemble épars et difficile à appréhender, qui ne permet pas toujours d’en mesurer les succès comme les échecs.
Évaluation d’autant plus délicate que l’effort n’apparait pas toujours à la hauteur de l’ambition initiale. Présentée comme un "instrument privilégié de lutte contre les inégalités devant l’école et, plus généralement, contre les inégalités sociales", l’éducation prioritaire ne représenterait qu’un effort additionnel de 4 % des moyens accordés aux écoles et aux collèges (Cour des comptes, 2018).

Au bilan, si on s’en tient à l’objectif de 2014 - limiter à 10% l’écart de niveau des élèves, le résultat est pour le moins mitigé : selon les disciplines, cet écart varie de 20% à 35% en 2019. Pire, l’éducation prioritaire n’aurait pas su endiguer, ni même atténuer, une reproduction sociale qui fait de notre système scolaire un des plus inégalitaires de l’OCDE.
Pourtant, dans les écoles, on relève les traces, discrètes mais réelles, de cette ambition. Des nouvelles organisations, plus collectives, pointent le nez. Des pratiques émergent à tâtons, plus soucieuses des besoins concrets des élèves que de sélectionner les élus de la méritocratie républicaine.
En agrégeant ces initiatives, en mettant bout à bout ces projets, c’est une autre image de l’école qui fait son chemin : celle de villes moyennes, de banlieues, de vallées montagneuses, de réalités locales, concrètes. Cette réalité porte plus de fruits qu’on veut le croire pour un système éducatif soucieux de cadre et d’homogénéité.

Du point de vue local, le bilan de l’éducation prioritaire est aussi celui de la politique de la ville. Si chacune conserve ses spécificités, les « quartiers » recouvrent souvent les « réseaux » et l’école est naturellement le premier terrain de coopération des familles, des associations, des entreprises mobilisés dans le cadre des contrats de la politique de la ville.
Aussi, au travers de ses succès comme de ses échecs, l’Éducation prioritaire préfigure une éducation moins exclusivement scolaire. Ses expérimentations, la liberté qu’elle a introduite dans notre système scolaire, le souci d’une plus grande continuité entre apprentissages et expériences, permettent d’identifier des ouvertures.
Et pas seulement pour les élèves les plus en difficultés, pour les territoires difficiles, mais pour toutes les écoles, pour tous les élèves, pour toutes
les familles.
Après tout, c’est une vraie idée républicaine de reconnaître que la solution aux maux de notre modèle éducatif viendra des plus fragiles.

[...] L’Éducation prioritaire nuit-elle à la mixité sociale ?
[...] Pour mesurer la mixité scolaire, l’Éducation nationale définit un "indice d’entropie" qui mesure l’écart entre la composition sociale d’un établissement et celui de son territoire d’implantation. Il est compris entre 0 - aucun écart, la mixité sociale de l’établissement est la même que celle du quartier, et 1 - l’établissement participe à
une ségrégation sociale forte.
Si l’évolution de cet indice entre 2003 et 2015 montre une stabilité globale de la mixité
scolaire, elle révèle cependant 2 tendances contradictoires :
Ces résultats suggèrent que l’effort de mixité des collèges publics a été intégralement compensé par la fuite des familles les plus favorisées vers les établissements privés sous contrat.

[...] REP, répulsif ?
Les données suggèrent que localement, certains établissements font l’objet de véritables
"stratégies de fuite". Alors que les collège REP sont supposés scolariser en moyenne 45% d’élèves de CPS « non-défavorisés », on constate des phénomènes de concentration bien plus importante des élèves d’origine défavorisée dans certains établissements. Le label REP participe-t-il à alimenter les stratégies d’éviction ? Dans quelle mesure augmente-t-il l’asymétrie d’information qui caractérise le système scolaire français en faveurdes familles les plus favorisées ?
Par ailleurs, le statut dérogatoire du privé sous contrat, financé par l’impôt mais exempt de la carte scolaire, fait figure de pomme de discorde.
En offrant une voie d’éviction aux familles favorisées, il condamne les politiques de mixité à renforcer encore la dualité du système scolaire.
Opérateur de service public, les établissements privés sous contrat pourraient être mieux associés aux objectifs de mixité, tout en conservant leur liberté de recrutement. Parmi les pistes envisageables : constituer localement des secteurs multi-collèges incluant un collège privé ou allouer une dotation de service public liée à une
part d’élèves boursiers ou à la prise en charge d’élèves en difficultés.

 

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