> DISCIPLINES > CPS : Autonomie, Bien-être, Empathie > CPS : Autonomie, Bien-être, Empathie (Rapports officiels) > Selon le rapport du Conseil de l’enfance et de l’adolescence, les (...)

Voir à gauche les mots-clés liés à cet article

Selon le rapport du Conseil de l’enfance et de l’adolescence, les collégiens en éducation prioritaire ressentent un meilleur bien-être mental et un plus fort sentiment de soutien de la part des enseignants

22 novembre 2021

La traversée adolescente des années collège
Rapport du Conseil de l’enfance et de l’adolescence
Adopté le 28 mai 2021, 157 p.)

La « prime adolescence », entre 11 et 15 ans, est une étape charnière du développement de l’enfant. Plaque tournante du devenir de l’enfant, cette période des années collège se caractérise par une effervescence de transformations physiques, psychologiques, relationnelles et des besoins contradictoires de prises d’autonomie et de risques, d’affirmation de soi et d’attentes de reconnaissance, besoin de repères, de justice et de transgressions : un bouleversement intérieur dans le temps même des bifurcations scolaires décisives de la fin du collège. C’est dire combien les conditions de cette « traversée » sont un enjeu pour des politiques publiques coordonnées : sociales, familiales, éducatives, de santé et santé mentale, de protection, d’aménagement des espaces et de sécurité publique.

Le rapport intégral (157 p.)

La synthèse

EXTRAITS DU RAPPORT INTEGRAL

[...] (page 25)
Élèves vivant dans une famille considérée comme défavorisée
Les élèves vivant dans une famille considérée comme défavorisée cumulent plusieurs
autres facteurs de vulnérabilité. Ils sont largement plus nombreux à vivre dans une famille monoparentale (34,7 % versus 18,8 %) et ils sont deux fois plus nombreux que la moyenne à déclarer ne pas ou ne plus voir leur père lorsqu’on les interroge sur leur facilité de dialogue avec celui-ci (18,6 % versus 9,1 %). Ils sont par ailleurs deux fois plus que les autres en retard scolaire (21,7 % versus 11,8 % en moyenne sur la totalité des collégiens) et à être inscrits dans un collège relevant d’éducation prioritaire (25,8 % versus 13,0 %). Finalement un collégien sur deux dont la famille est considérée comme défavorisée au regard du score utilisé ici, cumule ce facteur avec un autre des facteurs de vulnérabilité pris en considération.
Par ailleurs, les collégiens vivant dans une famille considérée comme défavorisée se
différencient du reste de leurs camarades sur de nombreux points.
Dans le registre de la santé pour commencer : leur santé globale et leur perception globale de la vie sont altérées. Ils sont plus nombreux à déclarer des plaintes relevant d’un registre « psy », des plaintes récurrentes et des signes modérés ou patents de dépressivité. Ils sont également plus nombreux à entrer dans les catégories de surpoids ou d’obésité, notamment les garçons (15,7 % versus 11,1 % en moyenne sur la totalité des collégiens, ceux de familles défavorisées inclus).
Enfin, les collégiens vivant dans une famille défavorisée sont plus nombreux à ne pas
pratiquer suffisamment d’activité physique ou sportive. Ainsi, leur proportion à ne jamais pratiquer d’activité physique modérée à vigoureuse plus d’une heure par jour, tel que recommandé à cet âge, est presque doublée comparativement à la moyenne générale (12,7 % versus 6,8 %).
Dans le registre des conduites à risque, si leurs expérimentations de tabac et de cannabis sont superposables à celles de leurs camarades plus aisés, ils sont moins expérimentateurs d’alcool et d’ivresse.
Pour finir, dans le registre des relations, ils déclarent une moindre facilité à parler avec leurs parents et un moindre soutien élevé de leur part ainsi que de leurs amis (moins 6 points, chez les deux sexes). Par contre, ils ne se démarquent pas concernant les soutiens perçus au collège tant de la part de leurs camarades de classe que de leurs enseignants, ni dans le registre des relations amoureuses.

 

[...] (page 26)
Élèves scolarisés dans un collège relevant de l’éducation prioritaire
De manière cohérente avec ce que nous venons de voir dans le paragraphe précédent, lesélèves scolarisés dans un collège classé en éducation prioritaire sont deux fois plus souvent issus de familles considérées comme défavorisées et sont largement plus en retard que les autres (+ 9 points par rapport à la moyenne nationale incluant ces élèves). Ils vivent également fréquemment dans des familles monoparentales (23,9 % versus 18,8 %).
Dans les dimensions de la santé explorées ici, globalement ces collégiens sont superposables aux autres, voire rapportent moins fréquemment certaines plaintes
(difficultés à s’endormir, étourdissements, irritabilité, déprime ou nervosité), la plus grande différence s’observant pour les difficultés à s’endormir (rarement ou jamais éprouvées par 43,3 % des élèves en REP versus 34,8 % sur la totalité des collégiens interrogés). En revanche, ils sont plus nombreux à entrer dans les catégories de surpoids ou d’obésité (respectivement 13,9 % et 3,9 % versus 9,2 % et 1,9 %). Enfin, les collégiens scolarisés en éducation prioritaire sont plus nombreux à ne pas pratiquer beaucoup d’activité physique ou sportive ; ainsi 11,2 % d’entre eux déclarent ne pas pratiquer d’activité physique modérée au moins une heure par jour versus 6,8 % chez l’ensemble des élèves.
Dans le registre des conduites à risque, il faut souligner leur nettement moindre consommation d’alcool à toutes les fréquences (expérimentation 34,2 % versus 60,0 % ; usage dans le mois 10,2 % versus 23,0 % ; ivresse au moins une fois dans la vie 4,8 % versus 9,3 %), alors que pour le tabac et le cannabis ils ne se démarquent pas des autres Dans le registre des relations, les collégiens scolarisés en zone prioritaire sont moins nombreux à se sentir soutenus par leurs amis (58,2 % versus 66,1 % ressentent un soutien élevé) et leurs camarades de classe, alors que c’est l’inverse concernant leurs enseignants (42,7 % versus 36,8 %). En outre, ils déclarent plus qu’ailleurs avoir été auteurs de harcèlement (4,4 % versus 2,5 %).
Plus que les autres, ces collégiens disent ne pas ou ne plus voir leur père, quand on les interroge sur leur faciliter à dialoguer avec lui.
Enfin, les élèves de ces quartiers sont largement plus nombreux à déclarer ne jamais avoir été amoureux (30,5 % versus 20,3 %).

[...] (page 28)
Perspectives
Que pouvons-nous dire en conclusion de cette analyse des groupes de collégiens pour lesquels nous avions identifié a priori des différences susceptibles de se transformer en vulnérabilités voire en discriminations ?
D’une part, que les différences dans le registre socioéconomique (familles défavorisées, collège en éducation prioritaire) ainsi que le redoublement, si elles tendent à se cumuler, ne sont pas équivalentes pour autant.
Les collégiens issus des familles les plus défavorisées semblent être ceux qui cumulent le plus d’indicateurs défavorables, tant dans le domaine de leur santé que dans le domaine relationnel. En revanche, on observe l’inverse dans le domaine des consommations de substances psychoactives, avec moins d’expérimentateurs d’alcool et d’ivresse par rapport à leurs camarades. Mais il nous semble important d’insister sur le fait que les relations au collège semblent être plutôt préservées, ce qui pourrait constituer un formidable levier d’action
pour ces élèves, à partir duquel des actions favorables à la santé pourraient être construites.
On ne retrouve pas une telle dégradation de la santé chez les élèves scolarisés dans un collège relevant de l’éducation prioritaire, on y observe même parfois l’inverse, même si dans le registre du surpoids et de l’obésité ainsi que de l’activité physique et sportive la situation est à peu près aussi dégradée que dans les familles défavorisées. De la même manière, on y retrouve une moindre consommation d’alcool. Dans le registre des relations, soulignons particulièrement les taux supérieurs de soutien perçu comme élevé de la part des enseignants chez ces élèves.
Ce double constat d’un meilleur bien-être mental et social chez les élèves des collèges relevant de l’éducation prioritaire pourrait témoigner d’un effet positif des mesures et dispositifs mis en place dans ces quartiers. En tout état de cause, il peut fournir des pistes à renforcer au bénéfice des collégiens qui y vivent.

 

Le rapport du HCFEA sur l’adolescence souligne les apports positifs des collèges
Basé sur deux études réalisées auprès des jeunes adolescents des années collège, le rapport du Haut Conseil de la Famille, l’enfance et de l’âge (HCFEA) souligne les apports positifs du collège. Il étudie principalement 5 catégories de jeunes. "Les collégiens en situation de handicap, ceux qui vivent dans une famille défavorisée, ceux dont le collège est en réseau d’éducation prioritaire, ceux scolarisés en zone rurale, enfin les élèves en retard scolaire. Des points saillants de mal-être parmi ces enfants apparaissent. Bien que dénoncée depuis de nombreuses années, la persistance de taux plus importants de harcèlement à l’encontre des collégiens en situation de handicap persiste. Les enfants de familles socialement défavorisées cumulent, plus que d’autres, plusieurs vulnérabilités : leur perception de leur santé et de leur bien-être est moins bonne, ils sont plus souvent touchés par le surpoids, voire l’obésité, et leur activité physique et sportive est insuffisante. On notera cependant que c’est chez ces adolescents que la qualité des relations – relations amicales et amoureuses mais aussi relation à leurs enseignants au collège – est préservée. Ce constat induit qu’il y a, au sein du collège, un véritable levier d’action au profit de ces élèves. Ce qui est confirmé par un autre résultat de l’enquête : les élèves de collège d’éducation prioritaire ressentent un meilleur bien-être mental et un plus fort sentiment de soutien de la part des enseignants. Ce qui peut témoigner d’un effet positif des dispositifs déjà mis place. À l’inverse, les collégiens en retard scolaire ont une perception globale dégradée de leur vie et de leurs perspectives, et sont plus souvent en surpoids. Enfin les élèves des collèges ruraux se différencient des autres par un niveau d’expérimentation et de consommation d’alcool qui nécessitent une vigilance, avant que ne s’installent au lycée des comportements à risque". Le rapport souhait "une offre spécifique de médecine de l’adolescence" et souligne les carences de la médecine scolaire. Il recommande de "retarder l’heure du début des cours le matin" pour augmenter le temps de sommeil des élèves.

Extrait de cafepedagogique.net du 22.11.21

 

Les "années collège", les alertes et les recommandations du Haut conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge

Les études internationales "montrent que globalement nos adolescents ne vont pas trop mal", mais deux études spécifiques réalisées par le Conseil de l’enfance et de l’adolescence du HCFEA (Haut Conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge) dont le rapport sur "la traversée adolescente des années collège" est repris par France Stratégie, font "apparaître plusieurs points d’alerte : des indicateurs généralement plus dégradés chez les filles que chez les garçons ; des comportements de santé et un bien-être mental et social qui s’altèrent avec l’avancée dans l’adolescence ; des effets des inégalités sociales qui s’accentuent en grandissant (...), la persistance de taux plus importants de harcèlement à l’encontre des collégiens en situation de handicap".

Le rapport souligne que "les enfants de familles socialement défavorisées cumulent plusieurs vulnérabilités", surpoids et activité physique et sportive insuffisante notamment, mais "c’est chez ces adolescents que la qualité des relations – relations amicales et amoureuses mais aussi relation à leurs enseignants au collège – est préservée. Ce constat induit qu’il y a, au sein du collège, un véritable levier d’action au profit de ces élèves." Ce sont d’ailleurs "les élèves de collège d’éducation prioritaire (qui) ressentent un meilleur bien-être mental et un plus fort sentiment de soutien de la part des enseignants (...). À l’inverse, les collégiens en retard scolaire ont une perception globale dégradée de leur vie et de leurs perspectives, et sont plus souvent en surpoids", tandis que les élèves des collèges ruraux ont "un niveau d’expérimentation et de consommation d’alcool" qui nécessite "une vigilance".

Voici des éléments saillants du rapport

Covid. L’épidémie "a percuté le quotidien des préadolescents" et amplifié "des troubles propres" : "dépressivité, isolement, anxiété, troubles alimentaires, idées et gestes suicidaires. Se sont manifestées aussi leurs capacités d’adaptation, la solidarité entre pairs, les rapprochements intergénérationnels". Le HCFEA "recommande d’éviter autant que possible l’enseignement distanciel“.

Engagement. L’adolescence est marquée par "une forte sensibilité à la justice, à la solidarité, et par une aspiration à s’engager pour des causes. Le rapport propose à l’école de bâtir sur cette éthique adolescente une série de médiations, de sensibilisations et de projets individuels ou collaboratifs renforçant le sentiment d’utilité, d’inclusion, de cohésion." Il convient de "promouvoir leur engagement et leur liberté d’expression, et de favoriser leur aspiration aux valeurs humanistes de solidarité, au bien commun et à l’intérêt général, pour qu’ils préparent leur avenir, inévitablement à la fois personnel et collectif".

Collectivités. Le Haut Conseil incite "les collectivités territoriales à développer massivement des infrastructures sportives de rue sécurisées (terrains multisports, espace de baskets, skate-parks, agrès...) et en libre accès (...)".

Vie scolaire. Il faudrait "aménager des temps collectifs de parole et mobiliser les médiations entre adolescents pour pacifier les relations", mais aussi "retarder l’heure du début des cours le matin". Il conviendrait également de "réduire les tabous et d’aborder de façon systématique la question des menstruations dès la 6e, sans lier ce sujet à une éducation sur la sexualité".

Pédagogie et périscolaire. "L’enjeu autour des résultats scolaires prend une place très, peut-être trop, importante y compris dans la vie des familles". Le rapport "en appelle à la conception d’une forme scolaire plus ouverte sur la société, qui s’en nourrisse au lieu de ’scolariser’ par capillarité prioritaire tous les autres espaces de vie des adolescents (...). L’Ecole doit tenir compte de toutes les formes d’intelligence, y compris l’habileté manuelle et les autres possibilités du corps."

Périscolaire. Il faut "faciliter l’accès aux dispositifs de citoyenneté, de solidarité, d’écologie, de publication, et de représentation existants et l’engagement des élèves dans des projets artistiques, scientifiques, inclusifs, d’intérêt général et des activités culturelles péri et extrascolaires et via l’école, afin de réduire les écarts de capital culturel".

Carte scolaire. Le rapport propose d’ "élargir les secteurs géographiques pouvant bénéficier des soutiens tels que ceux mis en place en REP".

Culture. Le HCFEA "enjoint de développer au moins 100 000 places additionnelles dans des ateliers et clubs d’arts plastiques, design, théâtre, musique, danse, avec l’appui des écoles territoriales d’art et des conservatoires".

Tiers lieux. "Nombreux sont les adolescents qui souhaitent découvrir d’autres domaines que 
ceux développés à l’école ou en famille et qui souhaitent s’investir pour leur environnement", ce qui confirme "l’importance de l’accès à des TLT (temps et lieux tiers) de qualité tels que proposés par le HCFEA dès 2018" (voir ToutEduc ici).

Santé. "Plus de 50 % des pathologies psychiques débutent avant 14 ans. Mais, à cet âge, ces problèmes présentent une complexité particulière : il importe de pouvoir repérer des signaux faibles de mal-être (...). Certains parents surinterprètent le malaise et le risque (...). Quant aux adolescents eux-mêmes, ils peuvent minimiser ou ignorer parfois un malaise bien présent. D’ailleurs, les enquêtes montrent que les adolescents se déclarent plutôt satisfaits de leur vie, alors que la détresse psychique touche, en réalité, près d’un collégien sur dix (les filles deux fois plus que les garçons) et que 15 à 17 % des 16-25 ans connaissent un épisode suicidaire, ces proportions étant supérieures à celles observées dans la plupart des pays européens. Le nombre de jeunes qui auraient besoin d’un suivi ou un soin approprié est estimé à 1,5 million."

Médecine. Une offre spécifique de médecine de l’adolescence est nécessaire (...). Or l’offre hospitalière en médecine de l’adolescence reste à développer (...). Le HCFEA rejoint le rapport de la Cour des comptes sur la nécessité de sauvegarder et reconsolider la médecine scolaire" et de "créer un service unique en charge de la santé et du bien-être des élèves, (de) revoir les missions des métiers, développer une culture commune de ces professionnels et des professionnels de l’Education nationale."

Education sexuelle. Il faudrait "élargir le rôle des Centres de planification et d’éducation familiale vers une approche globale de la vie affective et sexuelle des jeunes, et faciliter les interventions préventives d’associations au sein des collèges."

Espace public. "L’action des éducateurs de prévention spécialisée, adaptée aux terrains, est essentielle et gagne à pouvoir être renforcée, de même que la mobilisation du réseau associatif et d’intervenants spécialisés, en faveur d’une prévention précoce et holistique".

Vacances. "Les colonies de vacances ou stages collectifs sont une priorité pour leurs vertus en matière de développement, de sociabilité et d’égalité d’expériences stimulantes." Il faut "créer un Pass-Colo" et "relancer les sorties collectives en condition de mixité sociale".

Le HCFEA "est chargé de rendre des avis et de formuler des recommandations sur 
les objectifs prioritaires des politiques de la famille, de l’enfance, des personnes 

âgées et des personnes retraitées, et de la prévention et de l’accompagnement de 
la perte d’autonomie".

Extrait de touteduc.fr du 22.11.21

Répondre à cet article