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La méditation de pleine conscience à l’école (Note du Csen, novembre 202, n°82, 7 p.)

15 novembre 2022

Additif du 21.11.22

Méditation à l’école : est-ce bien raisonnable ?

Extrait de ecolededemain.wordpress.com du 21.11.22

 

Additif du 18.11.22

Le CSEN en défense de la méditation de pleine conscience
La méditation de pleine conscience a-t-elle sa place dans l’éducation nationale ? Oui, dit le Conseil scientifique de l’éducation nationale dans une nouvelle Note. « Le CSEN ne voit pas de raison impérieuse d’interdire la pleine conscience et d’autres pratiques de bien-être dans l’éducation nationale, mais ces pratiques devraient être strictement encadrées », écrit le CSEN qui présente comme une « possibilité » de l’autoriser « sous réserve de conformité aux protocoles scientifiquement validés ».
Cet avis n’est pas partagé par la Miviludes, la mission gouvernementale de lutte contre les sectes. Dans son dernier rapport, la Miviludes voit dans la diffusion de cette pratique « un enjeu de laïcité », la méditation de pleine conscience s’étant trop peu détachée de son origine religieuse. Surtout, la Miviludes estime qu’elle peut chez des enfants ou adolescents « réactiver des traumatismes ou des souvenirs enfouis et se révéler être une expérience très déstabilisante ». Le risque sectaire est aussi souligné par la Miviludes « d’autant plus important lorsque la pratique s’adresse à des mineurs ». Pour toutes ces raisons, la Miviludes estime que « en l’absence d’essais cliniques concluants et d’un avis de la Haute autorité de santé, son introduction auprès d’un jeune public ne devrait pas être envisagée ». Pourtant, elle se répand dans l’Éducation nationale avec le soutien du ministère.

Note du CSEN

Rapport de la Miviludes

Extrait de cafepedagogique.net du 16.11.22

 

La méditation de pleine conscience à l’école
Rédigée par Franck Ramus, avec Stanislas Dehaene, Stéphanie Mazza, et Elena Pasquinellia

Résumé
Que penser de la diffusion des pratiques de méditation de pleine conscience dans les écoles françaises ? L’objectif de cette note est de passer en revue les connaissances scientifiques sur leurs effets et de fournir des éléments de réflexion sur les bénéfices et les coûts potentiels associés à leur diffusion. L’examen des études scientifiques révèle que, chez l’adulte, certaines formes de psychothérapies basées sur la pleine conscience ont prouvé leur efficacité. Chez l’enfant, certaines formes d’interventions, administrées à tous les élèves dans un contexte scolaire, semblent avoir des effets positifs modestes sur les symptômes d’anxiété et de stress. Les effets sur les compétences émotionnelles ou cognitives sont moins bien établis. Par ailleurs, ces interventions en milieu scolaire ne semblent pas poser de risque significatif. Parmi les problèmes que soulève une éventuelle diffusion de ces pratiques, de nombreux intervenants et formateurs se présentent comme pratiquant la pleine conscience, sans que l’on puisse s’assurer que leurs pratiques soient conformes à celles ayant fait leurs preuves. Si elles ne l’étaient pas, les effets pourraient être nuls, voire dommageables. De plus, la pleine conscience, comme toutes les pratiques de bien-être et de développement personnel, est parfois une composante de mouvements religieux, spirituels, ou sectaires. Le meilleur moyen de prévenir ces risques est d’exiger que les intervenants aient reçu une formation certifiante à l’une des formes d’interventions ayant une bonne preuve d’efficacité, et exercent cette pratique conformément au protocole évalué. Les pratiques de pleine conscience à l’école soulèvent encore de nombreuses questions. Leurs effets exacts, leurs conditions de mise en œuvre, les publics qui en bénéficient le plus, restent mal connus. Ces questions méritent des recherches supplémentaires qui devraient donc pouvoir être menés dans des écoles françaises, sous certaines conditions. En conclusion, le CSEN ne voit pas de raison impérieuse d’interdire la pleine conscience et d’autres pratiques de bien-être dans l’éducation nationale, mais ces pratiques devraient être strictement encadrées. Compte tenu des nombreuses questions restant ouvertes, une possibilité pourrait être d’en limiter pour l’instant l’usage au cadre des recherches scientifiques. Une autre possibilité serait d’auto riser les pratiques sous réserve de conformité aux protocoles scientifiquement validés dans l’état actuel des connaissances. a Membres du CSEN. Cette note a également bénéficié des relectures critiques

a Membres du CSEN. Cette note a également bénéficié des relectures critiques de Steve Bissonnette, Jean-Philippe Lachaux, Magali Lavielle-Guida, Antoine Lutz, Rebecca Shankland, et de l’ensemble du CSEN.

[...] Ce qu’il faut retenir
— 1. Chez l’adulte, certaines formes de psychothérapies basées sur la pleine conscience, pratiquées dans un cadre clinique, sont bien validées scientifiquement, et ont une efficacité prouvée sur certains troubles psychologiques.
— 2. Chez l’enfant, certaines formes d’interventions basées sur la pleine conscience, administrées à tous les élèves dans un contexte scolaire, semblent avoir des effets positifs sur les symptômes d’anxiété et de stress. Ces effets sont néanmoins de taille modeste. Les effets sur des compétences cognitives (attention, mémoire, fonctions exécutives) ou socio-émotionnelles sont moins bien établis au plus haut niveau de preuve.
— 3. Les interventions basées sur la pleine conscience en milieu scolaire qui ont un bon niveau de preuve d’efficacité ne semblent pas poser de risque significatif.
— 4. De nombreux intervenants et formateurs se présentent comme pratiquant la pleine conscience, mais il est difficile d’être certain que leurs pratiques sont conformes à celles évaluées positivement par la recherche. Dans le cas où elles ne le sont pas, les effets peuvent être nuls voire négatifs.
— 5. La pleine conscience, comme toutes les pratiques de bien-être et de développement personnel, est parfois une composante de mouvements religieux, spirituels, ou sectaires.
— 6. Le meilleur moyen de prévenir les risques de faible efficacité et d’entorse à la laïcité est d’exiger que les intervenants aient 1) reçu une formation certifiante à l’une des formes d’interventions basées sur la pleine conscience ayant une bonne preuve d’efficacité, et 2) exercent cette pratique conformément au protocole évalué.
— 7. La généralisation éventuelle d’une telle approche pose de nombreuses questions épineuses de faisabilité (passage à l’échelle sans compromettre le niveau de qualité), notamment concernant la formation des intervenants.
— 8. De nombreuses questions restent posées à propos des pratiques de pleine conscience à l’école, concernant leurs effets, les conditions de mise en œuvre permettant d’obtenir de tels effets, les publics qui en bénéficient le plus, etc. Ces questions méritent des recherches supplémentaires, y compris en France. Des projets de recherche sur les effets de la pleine conscience devraient donc pouvoir être menés dans des écoles françaises, sous certaines conditions, notamment : contrôle rigoureux de la formation des intervenants et de la conformité des pratiques, méthodologie d’évaluation rigoureuse, approbation d’un comité d’éthique.
— 9. Le CSEN ne voit pas de raison impérieuse d’interdire la pleine conscience et d’autres pratiques de bien-être dans l’EN, mais ces pratiques devraient être strictement encadrées. Compte tenu des nombreuses questions restant ouvertes à propos de ces pratiques, et de l’incertitude résultante sur l’analyse bénéfices/coûts, une attitude prudente pourrait être d’en limiter pour l’instant l’usage au cadre des recherches scientifiques. Une attitude plus confiante serait d’autoriser les pratiques sous réserve de conformité aux protocoles scientifiquement validés dans l’état actuel des connaissances.
— 10. D’autres pratiques actuellement en vigueur dans les écoles françaises ont une validité scientifique et un niveau de preuve nul ou inférieur à ceux des pratiques de pleine conscience. Le CSEN recommande d’adopter une attitude cohérente vis-à-vis de toutes ces pratiques, en termes d’autorisation, d’encadrement et d’évaluation.

Bibliographie 1. Creswell, J. D. Mindfulness Interventions. Annu. Rev. Psychol. 68, 491-516 (2017). 2. Lutz, A., Jha, A. P., Dunne, J. D. & Saron, C. D. Investigating the phenomenological matrix of mindfulness-related practices from a neurocognitive perspective. American Psychologist 70, 632–658 (2015). 3. Kabat-Zinn, J. An outpatient program in behavioral medicine for chronic pain patients based on the practice of mindfulness meditation : Theoretical considerations and preliminary results. General hospital psychiatry 4, 33-47 (1982). 4. Goldberg, S. B. et al. Mindfulnessbased interventions for psychiatric disorders : A systematic review and meta-analysis. Clinical Psychology Review 59, 52-60 (2018). 5. Im, S. et al. Does mindfulnessbased intervention improve cognitive function ? : A meta-analysis of controlled studies. Clinical Psychology Review 84, 101972 (2021). 6. Whitfield, T. et al. The Effect of Mindfulness-based Programs on Cognitive Function in Adults : A Systematic Review and Meta-analysis. Neuropsychol Rev (2021) doi:10.1007/s11065-021-09519-y. 7. Sumantry, D. & Stewart, K. E. Meditation, Mindfulness, and Attention : a Meta-analysis. Mindfulness 12, 1 332-1 349 (2021). 8

Extrait de reseau-canope.fr de novembre 2022

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