Voir à gauche les mots-clés liés à cet article
Présentation éditeur
Ethnographie de l’école
Les coulisses des institutions scolaires et socio-éducatives
sous la dir. de Jean-Paul Payet
Presses universitaires de Rennes, 2016, 224 p.
Avec un texte inédit d’Howard Becker, ce livre poursuit les travaux menés par ce sociologue américain sur le faible recours des institutions à l’ethnographie dans l’analyse de leur organisation. Centré sur les institutions éducatives et accompagné de plusieurs enquêtes ethnographiques, ce volume rend compte du souhait de dessiner une alternative à l’enrôlement de la science dans la raison institutionnelle. Les auteurs y défendent la place de l’ethnographie qui engage le chercheur dans une relation au monde et aux autres faite de disponibilité, d’attention et d’ouverture
Extrait de pur-editions.fr : http://www.pur-editions.fr/detail.p...
Le sommaire
Avant-propos
Howard S. Becker
Étudier l’école
Première partie
PENSER LES INSTITUTIONS EN ETHNOGRAPHE
Denis Laforgue
Ce que l’ethnographie fait à la théorie des institutions
Frédérique Giuliani
« Ce que vous voyez là, je ne le dis pas à ma hiérarchie. »
Ethnographier la mise en œuvre des politiques publiques
Jean-Paul Payet
Observer les mondes scolaires disqualifiés
Deuxième partie
ETHNOGRAPHIER AVEC SOI
Marie Chartier
Une « non-maîtresse » dans les écoles.
Ethnographie de la scolarisation des enfants du voyage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Marie Jacobs
« So you’re doing a research about black students ? »
Ethnographie dans deux écoles de Johannesburg
Laurent Bovey
Tenir en équilibre…
Chercheur de l’intérieur et élèves réintégrés en classe ordinaire
« Ethnographie de l’école », Jean-Paul Payet (dir.)
Troisième partie
LA TRAME ETHNOGRAPHIQUE
Lise Gremion
« Tu sais, tu ne nous apprends rien ! »
Ethnographie des coulisses professionnelles de la discrimination scolaire
Fabien Deshayes
L’épaisseur de l’institution.
L’enquête en protection de l’enfance, du face à face aux coulisses
Julie Pelhate et Diane Rufin
La double efficacité performative de l’ethnographie.
Une recherche sur les relations école-familles
Jean-Paul Payet
Postface : La singularité ethnographique
Les auteurs
Que peut apporter l’ethnographe à la connaissance du système éducatif ? Une approche particulière, au plus près des acteurs, qui permet d’entrer dans les routines de fonctionnement et la culture de l’institution. C’est ce qu’a fait Denis Laforgue, immergé durant deux années dans des inspections académiques pour comprendre comment l’institution nourrit la ségrégation dans le système éducatif. Publiés dans Ethnographie de l’école (P.U. de Rennes), son étude éclaire sous un nouveau jour, celui des cultures de bureau, un phénomène aussi mortifère pour le système éducatif.
Il faut lire Ethnographie de l’école. Sous la direction de Jean-Paul Payet, une dizaine d’articles montre ce que la démarche ethnographique apporte à la connaissance de l’Ecole. Alors que les sociologues se basent souvent sur des statistiques et partent sur une hypothèse, l’ethnographe se fond dans son milieu et laisse venir l’idée. La force de la démarche c’est le lien qui se crée entre les observés et l’observateur, ce dernier leur apportant aussi beaucoup par son regard décalé.
"Les ethnographes - qui trainent assez longtemps dans les lieux - verront la réalité derrière les déclarations d’intentions. Ils verront que la réalité n’est pas un accident mais un produit de l’organisation elle-même", avertit Howard S Becker dans un texte fondateur que l’on croirait écrit pour D Laforgue. Cee numéro qui traite beaucoup des questions d’ethnicité à l’école, notamment avec les articles de Jean Paul Payet et de Marie Chartier, met l’acent sur les facteurs systémiques de la ségrégation scolaire.
Denis Laforgue, chercheur au LLSETI, université de Savoie, a passé deux années dans des inspections académiques pour observer la façon dont "l’administration", inspection académique et administratifs rectoraux, interagissent sur l’offre académique, la répartition des élèves et finalement la ségrégation scolaire.
Il en ressort une enquête fouillée qui montre le poids de la culture bureaucratique dans le mécanisme ségrégatif. Car la pesanteur de l’institution l’entraine sur la pente ségrégative, un peu à son insu, beaucoup du fait des routines et de la culture gestionnaire.
On peut en tirer de nombreuses conclusions. D’abord sur la pesanteur des choses face aux impulsions politiques, une réalité que tout observateur de la rue de Grenelle ne peut pas ne pas avoir remarqué... Ensuite sur la banalité des "ségrégations de papier", et sur les conditions propres au changement. Si la bataille ne peut être emportée que dans le consensus, alors la bataille des idées qui est déterminante.
[...] Or ce que l’enquête a mis en évidence c’est que la logique administrative est celle de la reconduction des moyens des établissements, la fameuse DHG (dotation horaire globale). L’administration reconduit les moyens accordés aux établissements sans se poser de questions. On module un peu selon l’évolution démographique mais c’est tout. Et on agit ainsi parce qu’il faut arriver à faire la rentrée et que c’est une tâche énorme.
Et cette logique routinière entérine le fait que les élèves partent ici plutôt que là. Quels que soient les efforts déployés par un établissement, il n’aura pas forcément les moyens pour accueillir de nouveaux élèves et une population plus mixte. Certains collèges et lycées ont aussi l’habitude de recevoir de grosses dotations et on les perpétue ce qui améliore leur offre par rapport aux autres établissements.
Extrait de cafepedagogique.net du 22.09.16 : Ségrégation sociale à l’école : Le poids de l’institutionnel
Voir aussi, de Jean-Paul Payet
Collèges de banlieue. Ethnographie d’un monde scolaire. Ed. Méridiens Klinsksieck, 1995, 206 p.
Note de lecture de Dominique Glasman
dans La Revue Française de Pédagogie, , n° 117, oct-déc. 1996
Extrait de persee.fr : Collèges de banlieue/doc/rfp_0556-7807_1996_num_117_1_3000_t1_0170_0000_3]