B* Direction collégiale et développement professionnel des enseignants au service des apprentissages, école ECLAIR rue d’Oran à Paris 18e

18 décembre 2012

Direction collégiale et développement professionnel des enseignants au service des apprentissages.
Projet présenté aux Journées de l’innovation de mars 2013
Ecole primaire [ECLAIR], rue d’Oran, Paris 18e

Dans une école du quartier de la Goutte d’Or à Paris 18ème arr., toute une équipe et sa direction se sont engagés depuis plusieurs années dans le changement des pratiques pour mieux faire réussir tous les élèves ; le travail se fait plus collégial, les rôles distribués, pour réguler à la fois les difficultés rencontrés dans les apprentissages des élèves et les relations entre élèves. Deux dispositifs sont présentés ici :

  • Les Ateliers de Réflexion Réparation (ARR) : une idée originale de sanction éducative qui permet aux professeurs d’adopter une attitude réflexive quant à la gestion des transgressions, aux élèves d’acquérir des compétences sociales et civiques, et à tous les acteurs de l’école de travailler mieux à l’intérieur d’un cadre protecteur.
  • L’Evaluation Partagée des Pratiques (EPP) : une idée originale d’évaluation régulière de l’efficacité pédagogique qui permet aux professeurs d’adopter une attitude réflexive quant à la conception, la mise en œuvre et l’analyse de séances pédagogiques, aux élèves de bénéficier d’un croisement de regard et à tous acteurs de l’école de travailler mieux pour la réussite de chacun.

Plus-value de l’action
Les élèves aiment leur école et en sont fiers. Les membres de l’équipe prennent plaisir à réfléchir ensemble, sur le cœur du métier. Les réussites comme les échecs sont assumés par tous, le plus professionnellement possible. Convaincus que nous sommes plus intelligents à plusieurs, tous et donc chacun sont bienvenus avec leur différence.

Nombre d’élèves et niveaux concernés
180 élèves du CP au CM2

A l’origine
Les transgressions, les incivilités, les actes de violence, n’étaient pas toujours sanctionnés, faute de temps, de disponibilité. La sanction était essentiellement à l’initiative du professeur qui la donnait, souvent arbitraire, rarement éducative, il n’était jamais question de réparation. La plupart du temps les professeurs étaient amenés à se faire justice eux-mêmes, ce qui contribuait à dégrader le climat de l’école. Le dispositif ARR est né de ce besoin à la fois des élèves et de l’équipe elle-même. Plusieurs mois d’expérimentation ont débouché sur des réponses plus pédagogiques.
D’où…. . Plus tard : l’E.P.P. L’expérience des A.R.R nous avait permis d’appréhender l’échange de pratiques et nous avait initiés à la co-intervention dans des situations parfois difficiles. La richesse des échanges et des solutions trouvées « ensemble » nous avait fait progresser. Nous souhaitions améliorer nos pratiques pédagogiques. Nous savions qu’il n’est pas toujours facile de se rendre compte que l’on pourrait être plus efficace. Nous étions conscients qu’il est notamment difficile d’analyser une situation lorsque l’on est soi-même acteur et qu’un observateur averti voit davantage que ce que l’on voit soi-même. L’équipe se sentait prête à mettre en place une collaboration effective.

Objectifs poursuivis
Dans les deux dispositifs, il s’agit de trouver une formalité institutionnelle visible et cadrante pour tous, mais évolutive, qui assume la fonction de régulation, à la fois dans la vie scolaire (ARR) et dans l’élaboration de réponses pédagogiques (EPP)

  • ARR : redonner aux professeurs un statut d’adulte référent, garant du cadre protecteur aux yeux de l’ensemble des élèves ; donner ou redonner aux yeux des professeurs un statut de citoyens en devenir, aux élèves qui transgressent pour tester les limites, et qu’il faut recadrer pour rassurer.
  • EEP : repérer ce qui facilite l’efficacité de la pratique pédagogique :
    • au moment de la conception
    • au moment de la mise en œuvre
    • au moment de l’analyse

Description

  • ARR : Chaque conflit important (passage à l’acte, dégradation de biens, injures et agressions verbales…) est relevé dans un cahier sous la forme d’un descriptif le plus exhaustif possible de l’incident : faits, date et lieu, noms des auteurs, victimes, adultes témoins. Le cahier est la disposition de tous les adultes de l’école (professeurs des écoles, professeurs de la ville de Paris, animateurs, agents de service).
    Les élèves en question sont ensuite convoqués sur un temps défini avec notification et information aux familles. Trois soirs par semaine, pendant une heure, plusieurs professeurs animent l’atelier qui fonctionne avec des groupes d’un ou deux élèves par professeur. Les conflits sont discutés, réfléchis, rejoués physiquement si nécessaire (technique du théâtre forum : un tiers arrête la scène au moment opportun afin de trouver une issue positive et différente de ce qui s’est passé). Un travail de recherche est ainsi mené sur la définition des émotions éprouvées, sur leur diversité et sur leur verbalisation et différenciation.
    Le passage à l’écrit est ensuite obligatoire grâce à une fiche de réflexion qui sert de guide. La réflexion peut (au choix de l’élève) être communiquée à l’ensemble de l’école à travers l’exposition d’une affiche réalisée seul ou en collaboration.
    Les travaux de réparation peuvent revêtir différentes formes : TIG (Travaux d’Intérêt Général) dans le cas de détérioration de biens collectifs, message d’excuse ou toute forme de réparation imaginée par l’auteur de la transgression pour « indemniser » la victime.
  • EEP : Par deux ou trois, les professeurs élaborent une ou plusieurs fiches de préparation de séance en s’efforçant à une explicitation, une anticipation plus importante qu’à l’ordinaire. Il s’agit de prévoir une séance qu’un collègue inconnu remplaçant pourrait mettre en œuvre en arrivant « les mains dans les poches ». Ceci introduit un critère d’efficacité supplémentaire : sur la communication écrite professionnelle.
    Les fiches sont ensuite proposées à l’analyse collective par vidéo projection et retravaillées en direct en fonction des remarques. L’inspectrice de circonscription commente également les fiches de préparation et propose des pistes afin d’appréhender l’observation en classe à partir de critères définis et d’objectifs précis.
    Les séances sont mises en œuvre dans les classes, les professeurs s’observent deux à deux ou à plusieurs. Ils analysent ensuite la séance d’après les observations. L’équipe procède à la mise en commun des comptes rendus d’analyses par vidéo projection et dégage des critères d’efficacité qui lui semblent pertinents.
    Simultanément l’équipe porte un regard réflexif sur la méthodologie du dispositif EPP afin de l’améliorer.

Modalité de mise en œuvre

  • ARR : trois ateliers par semaine de 1 heure après le s cours tout au long de l’année scolaire.
  • EPP : un cycle d’EPP par année scolaire pour le moment.

Difficultés rencontrées
Situation des professeurs nouvellement nommés nécessitant de veiller à ce qu’ils puissent s’approprier les dispositifs et faire des propositions pour les faire évoluer

Moyens mobilisés

  • ARR : tous les professeurs et la directrice sur un temps d’aide personnalisée ou sur un temps d’accompagnement éducatif. Une salle dédiée à ces ateliers. Un classeur mémoire contenant l’historique des problèmes posés en ARR et des réponses apportées.
  • EEP : tous les professeurs, la directrice et l’inspectrice. L’engagement des participants à noter et mettre en commun leurs observations, leur réflexion.

Partenariat et contenu du partenariat

  • ARR : en interne, avec la supervision ou l’analyse d’un « ami critique »
  • EPP : Inspectrice : regard extérieur sur le dispositif, conseils sur le contenu, la rédaction des fiches de préparation et sur l’activité de l’observateur durant une séance.

Liens éventuels avec la Recherche
Le dispositif de travail a été présenté lors du séminaire européen sur le leadership et les transformations de l’organisation scolaire, à l’ENS Lyon en avril 2012, organisé par l’EPNsOL et l’IFE.

  • ARR : Jean-François VINCENT, Éduquer à la citoyenneté, Delagrave, 2006 ; Eirick PRAIRAT, Ce que sanctionner veut dire, Les Cahiers Dynamiques, n° 45, 2009
  • EPP : à partir des travaux d’Helen Timperley (Nouvelle Zélande, professeur de l’université d’Auckland) portant sur le développement professionnel continu des enseignants.

Modalités du suivi et de l’évaluation de l’action

  • ARR : autoévaluation ---> statistiques de fréquentation des ARR, Climat de l’école
  • EPP : résultats des élèves aux évaluations

Effets constatés

  • Sur les acquis des élèves :
    • ARR : davantage conscients de la responsabilité de leurs actes
    • EPP : les objectifs des situations, les compétences visées, les critères d’évaluation, sont plus clairs pour les élèves ; cela leur permet d’être davantage conscients et intéressés par les processus d’apprentissage.
  • Sur les pratiques des enseignants : Une attitude réflexive - L’organisation des savoirs de l’équipe
  • Sur le leadership et les relations professionnelles : L’appropriation collective des problèmes et des enjeux - Une participation de tous à leur résolution - Un capital accru d’innovation, et de mobilisation
  • Sur l’école / l’établissement : Une Ecole apprenante qui « séduit » les jeunes enseignants qui ont soif d’apprendre leur métier.
  • Plus généralement, sur l’environnement : Une école qui a « bonne réputation » parce qu’on y apprend dans un climat serein, et qui participe à la revalorisation du quartier.

Site : à venir (sur le site innovation de l’académie de Paris)

Extrait du site Expérithèque : Direction collégiale et développement professionnel des enseignants au service des apprentissages. MARS 2013

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