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La réussite des élèves : contextes familiaux, sociaux et territoriaux (dossier d’Education & formations, n° 100, décembre 2019, en ligne, avec deux études sur la mixité sociale)

2 janvier 2020

SOMMAIRE N° 100, DÉCEMBRE 2019

La revue fête son centième numéro ! Regard rétrospectif sur près de 40 ans de publication
Claire Margaria, Caroline Simonis-Sueur

Trajectoires scolaires des enfants d’immigrés jusqu’au baccalauréat : rôle de l’origine et du genre Résultats récents
Yaël Brinbaum

« Retard » et « sous-développement » ? Représentations et réalités des difficultés scolaires dans une académie à dominante populaire et rurale
Arnaud Desvignes, Thomas Venet

L’orientation en apprentissage après la troisième. Quel apport de la mesure de compétences conatives ?
Marine Guillerm, Anna Testas

L’auto-efficacité des élèves du CM2 à la classe de seconde. Le sentiment d’efficacité personnelle dans le bassin de Doullens
Lucie Mougenot, Julien Moniotte

Les classes préparatoires de proximité,entre démocratisation et loi du marché
Yves Dutercq, Xavière Lanéelle, Christophe Michaut, Pauline David

Élèves hétérogènes, pairs hétérogènes. Quels effets sur les résultats au baccalauréat ?
Béatrice Boutchenik, Sophie Maillard

Les camarades influencent-ils la réussite et le parcours des élèves ? Les effets de pairs dans l’enseignement primaire et secondaire
Olivier Monso, Denis Fougère, Pauline Givord, Claudine Pirus

Extrait de education.gouv.fr

 

La présentation détaillée du dossier sur le site du MEN

Ce numéro de la revue Éducation & formations aborde différents éléments de contexte, territorial, familial ou social, qui peuvent influer sur la réussite des élèves et les parcours.

Après une présentation qui revient sur l’historique des 99 numéros précédents, il est constitué de sept articles. Deux articles s’intéressent aux effets de pairs, l’un dans l’enseignement primaire et secondaire, le second au regard des résultats au baccalauréat. Deux autres articles proposent un focus sur des territoires spécifiques : les difficultés scolaires dans l’académie d’Amiens et le sentiment d’efficacité personnelle dans le bassin de Doullens. Deux articles se penchent sur les parcours des élèves : l’un questionne l’apport de la mesure de compétences conatives dans le processus d’orientation après la troisième, l’autre présente des résultats récents sur les trajectoires scolaires des enfants d’immigrés. Enfin, le dernier article s’intéresse au rôle spécifique des classes préparatoires dites « de proximité » et à leurs stratégies de recrutement.

La revue fête son centième numéro ! Regard rétrospectif sur près de 40 ans de publication
Claire Margaria et Caroline Simonis-Sueur

La revue Éducation & formations existe depuis près de 40 ans, et ce centième numéro est l’occasion de célébrer sa longévité mais aussi sa singularité. La revue Éducation & formations est en effet une publication institutionnelle à caractère scientifique, éditée par la direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance du ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse (MENJ-DEPP). Elle est destinée à tous les acteurs du système éducatif et à tous ceux qui s’intéressent à l’École. Le lecteur – qu’il soit cadre du ministère, statisticien, enseignant, chercheur, journaliste ou citoyen – y trouve des analyses et des réflexions concernant les élèves, les personnels de l’éducation dont les enseignants, les moyens et les coûts de l’éducation, les territoires, les établissements, l’insertion professionnelle, l’éducation et la société, etc., propres à faciliter la connaissance et la compréhension du système éducatif français, au fil de son évolution et au prisme de comparaisons internationales. Les travaux qui y sont valorisés sont le fait de chargés d’études de la DEPP ou des services statistiques académiques, mais aussi d’experts et de chercheurs, nationaux ou internationaux, dans le champ de l’éducation.
Pour fêter ce centième numéro, nous avons voulu porter un regard rétrospectif sur l’ensemble des articles qui ont été publiés dans la revue depuis sa création. Après un rappel du contexte de création de la revue, nous présenterons, grâce à une analyse lexicale couplée à une analyse documentaire, en quoi et dans quelles proportions les thématiques ont évolué au fil du temps et au gré des évolutions du système éducatif et des préoccupations sociétales.
La revue fête son centième numéro ! Regard rétrospectif sur près de 40 ans de publication

Les camarades influencent-ils la réussite et le parcours des élèves ? Les effets de pairs dans l’enseignement primaire et secondaire
Olivier Monso, Denis Fougère, Pauline Givord, Claudine Pirus

En éducation, les effets de pairs résultent des différents types d’interactions entre élèves, au sein d’une même classe ou d’un même établissement. Toutefois, caractériser la nature et mesurer l’ampleur de ces interactions pose des problèmes méthodologiques substantiels. Cet article vise à présenter les difficultés relatives à la mesure des effets de pairs en éducation, ainsi que les résultats des recherches qui leur ont été consacrées dans l’enseignement primaire et secondaire. Au sein d’un établissement, les élèves sont influencés par la composition socio-économique et le niveau scolaire de leurs pairs. Les élèves de milieu défavorisé, ou en difficulté scolaire, y sont en général plus sensibles. En raison de tels effets, la ségrégation entre et au sein des établissements est susceptible d’aggraver les inégalités scolaires. Les résultats des recherches relatives aux effets de pairs ne sont toutefois pas convergents.
Les camarades influencent-ils la réussite et le parcours des élèves ? Les effets de pairs dans l’enseignement primaire et secondaire

Élèves hétérogènes, pairs hétérogènes. Quels effets sur les résultats au baccalauréat ?
Béatrice Boutchenik, Sophie Maillard

Les notes au baccalauréat d’un élève sont-elles influencées par le niveau de ses camarades de classe de terminale ? Nous utilisons des données administratives exhaustives anonymisées permettant un suivi longitudinal de la scolarité des élèves pour évaluer les effets de pairs en classe de terminale sur les résultats au baccalauréat entre 2010 et 2016. Nous autorisons l’effet des pairs à varier en fonction du niveau initial de l’élève, tel que mesuré par sa note au brevet des collèges, et nous avons recours à une typologie de classes pour étudier l’effet de la composition globale de la classe. Nous nous appuyons sur la variabilité entre classes et entre cohortes à lycée et série donnés, et nous restreignons l’analyse à un échantillon de lycées au sein desquels nous n’identifions pas de politique de classes de niveau. Une proportion élevée de bons élèves dans la classe est surtout profitable aux plus faibles, et peut même être défavorable pour les autres pairs de niveau élevé. Nous simulons l’effet d’une réallocation des élèves tendant vers plus de mixité scolaire dans les classes pour un établissement, une série et une année donnés. Cet effet est globalement positif, quoique limité.
Élèves hétérogènes, pairs hétérogènes. Quels effets sur les résultats au baccalauréat ?

Trajectoires scolaires des enfants d’immigrés jusqu’au baccalauréat : rôle de l’origine et du genre. Résultats récents
Yaël Brinbaum

Les inégalités d’éducation figurent au coeur des débats politiques et sociaux. Pourtant, les inégalités de genre croisées à celles d’origine dans la scolarité ont été peu explorées. Comment se combinent l’origine migratoire et le genre dans la construction des inégalités scolaires ? Cet article apporte des résultats récents sur les trajectoires scolaires des enfants d’immigrés nés en France, jusqu’au baccalauréat, à partir du panel de la DEPP d’élèves entrés en sixième en 2007. Les effets combinés des origines – migratoires, sociales – et du genre sont analysés au fil de la scolarité, à l’aune de divers indicateurs : performances en sixième et en troisième, aspirations, orientations, diplômes. Des modèles statistiques visent à démêler leurs effets croisés, des caractéristiques sociodémographiques, du parcours scolaire antérieur, du contexte scolaire et des aspirations.
Les trajectoires scolaires apparaissent genrées et différenciées selon l’origine. L’avantage scolaire des filles est mis en évidence quelle que soit l’origine, au fil de la scolarité. Les écarts sexués sont d’inégale amplitude selon l’origine. Sont démontrés, par exemple, la réussite des enfants d’origine asiatique, exceptionnelle chez les filles, dès l’école primaire, et a contrario, les difficultés précoces et durables des garçons, notamment d’origine africaine.
Le taux de bacheliers a particulièrement augmenté, avec le développement du baccalauréat professionnel. À l’augmentation du taux de réussite, plus élevé parmi les filles, s’ajoute une forte différenciation à la fois selon l’origine, le genre, le type de baccalauréat et sa série. Si globalement, les enfants d’immigrés obtiennent moins le baccalauréat, certains groupes l’obtiennent autant, voire davantage. Dans les familles immigrées, les aspirations scolaires toujours très élevées, et supérieures pour les filles, contribuent à l’obtention du diplôme. Les décalages entre aspirations et réussites sont plus marqués chez les garçons, pour qui le risque de sortie sans diplôme est plus fort.
Trajectoires scolaires des enfants d’immigrés jusqu’au baccalauréat : rôle de l’origine et du genre. Résultats récents

« Retard » et « sous-développement » ? Représentations et réalités des difficultés scolaires dans une académie à dominante populaire et rurale
Arnaud Desvignes, Thomas Venet

Depuis sa création en 1964, l’académie d’Amiens reste confrontée à des difficultés qui lui semblent spécifiques en termes de scolarisation et de diplomation, à savoir un taux d’échec scolaire important aux niveaux primaire, secondaire, comme supérieur, une surreprésentation des formations professionnelles courtes, dans le secondaire comme dans le supérieur. La persistance de ces difficultés sur le temps long a engendré un discours tendant à associer le qualificatif de « retard culturel picard » à l’académie d’Amiens. Or, un tel vocable, destiné à marquer les esprits, ne saurait constituer une fin en soi ou une notion opérationnelle pour qui souhaite remédier à une telle situation. Cet article a donc pour ambition de proposer des pistes nouvelles destinées à mieux percevoir les origines et les symptômes des problèmes éducatifs de l’académie de Picardie, dans le cadre d’une démarche au croisement de l’histoire et de la sociologie. Pour ce faire, nous avons notamment cherché à confronter des rapports d’inspection mobilisant des statistiques sur le temps court d’une part, avec une démarche statistique plus élaborée et sur une période plus étendue d’autre part.
« Retard » et « sous-développement » ? Représentations et réalités des difficultés scolaires dans une académie à dominante populaire et rurale

L’auto-efficacité des élèves du CM2 à la classe de seconde. Le sentiment d’efficacité personnelle dans le bassin de Doullens
Lucie Mougenot, Julien Moniotte

Depuis 2016, un projet régional de recherche intitulé le projet « Preuve » (Picardie réussite éducative) vise à mieux comprendre les origines des difficultés persistantes en Picardie grâce à une approche croisée. Des données d’enquête sont recueillies dans le but de mieux cerner les particularités territoriales. L’un des axes de recherche de ce projet est focalisé sur une perspective sociocognitive, qui vise à mesurer le sentiment d’efficacité personnelle des élèves [Bandura, 2003], indicateur fortement lié à la réussite scolaire. Nous présentons ici une démarche territorialisée à partir d’une enquête menée dans le bassin de Doullens situé dans la Somme, auprès de 367 élèves du CM2 à la classe de seconde. À partir d’outils méthodologiques validés par la recherche [Blanchard, Lieury et alii, 2013], nous questionnons le sentiment d’efficacité des élèves au plan scolaire, social et lié à l’autorégulation pour observer son évolution au fil de la scolarité et ses éventuelles relations avec les pratiques culturelles des élèves. Les résultats les plus saillants orientent notre attention sur le passage du collège au lycée, moment qui semble délicat dans la mesure où les croyances des élèves en leur efficacité s’amenuisent largement.
L’auto-efficacité des élèves du CM2 à la classe de seconde. Le sentiment d’efficacité personnelle dans le bassin de Doullens

L’orientation en apprentissage après la troisième. Quel apport de la mesure de compétences conatives ?
Marine Guillerm, Anna Testas

Les apprentis s’insèrent mieux que les lycéens professionnels à la sortie de la formation. Cela s’expliquerait au moins en partie par les avantages de la formation en entreprise (réseau professionnel, acquisition de savoir-être, proximité au monde de l’entreprise, etc.). L’accès à l’apprentissage est également sélectif. Les apprentis présentent à l’entrée de la formation des caractéristiques qui les distinguent de leurs homologues de la voie scolaire et qui pourraient expliquer les meilleures chances d’insertion à la sortie. Les différences socio-démographiques entre apprentis et lycéens professionnels sont déjà bien connues : l’apprentissage accueille moins de filles, moins d’élèves issus de famille immigrée et davantage d’enfants d’artisan, commerçant ou chef d’entreprise. Mais les différences en termes de compétences socio-comportementales entre lycéens professionnels et apprentis à l’entrée en CAP n’ont pas encore été analysées. La recherche d’un contrat d’apprentissage s’apparente à une recherche d’emploi. L’apprentissage pourrait donc en outre sélectionner les élèves les plus motivés pour poursuivre dans cette formation, dotés d’une meilleure aptitude à la recherche d’emploi que les lycéens professionnels. Cette étude mobilise le panel 2007 de la DEPP qui comporte pour la première fois des mesures de compétences conatives au collège. Elle montre que les élèves ayant un sentiment d’efficacité personnelle dans la sphère sociale plus élevé ont davantage de chances d’entrer en apprentissage plutôt que dans la voie professionnelle scolaire.
L’orientation en apprentissage après la troisième. Quel apport de la mesure de compétences conatives ?

Les classes préparatoires de proximité, entre démocratisation et loi du marché
Yves Dutercq, Xavière Lanéelle, Christophe Michaut, Pauline David

Pour lutter contre les inégalités de recrutement des classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE), de nouvelles filières scientifiques ont été implantées dans des lycées moins élitistes, avec l’objectif de se rapprocher socialement et spatialement des publics populaires. Pour assurer leur recrutement, ces CPGE de proximité ont dû développer leur attractivité sur un marché spécifique. En s’appuyant sur une enquête analysant les vœux d’orientation des lycéens, les conditions de la concurrence entre établissements et les stratégies que développent leurs personnels pour attirer des candidats, notre recherche met en évidence des pratiques de communication voire de marketing qui témoignent de l’acceptation d’un fonctionnement marchand. Les arguments qu’avancent enseignants et chefs d’établissement pour décrire et justifier leurs actions montrent qu’ils sont conduits à construire des compromis entre différentes logiques. Ces logiques relèvent d’une part des impératifs de la concurrence et de l’efficacité, d’autre part de leur volonté de répondre à leur mission civique de démocratisation par plus de proximité et de familiarité avec leur public potentiel.
Les classes préparatoires de proximité, entre démocratisation et loi du marché

Extrait de education.gouv.fr de décembre 2019

 

La mixité sociale, une urgence pour l’Ecole

"Introduire une plus grande mixité scolaire au sein d’un établissement et d’une série donnés pourrait avoir un effet bénéfique pour la majorité des élèves". L’affirmation lancée par Béatrice Boutchenik et Sophie Maillard (Insee), dans la revue ministérielle Education &formations (n°100), est solidement étayée. Basée sur le suivi de 7 cohortes présentées au bac entre 2010 et 2016 (près de 3 millions d’élèves), elle interroge fortement l’institution. En effet, la majorité des lycées organise encore des classes de niveau. Et le ministère semble avoir abandonné les projets de mixité sociale dans l’éducation lancés par le précédent gouvernement.

Une étude portant sur 3 millions d’élèves de terminale

"Dans quelle mesure la réussite d’un élève dépend-elle des camarades côtoyés durant sa scolarité ? Peut-on améliorer le niveau général des élèves en composant les classes différemment ? Et si oui, quelle composition d’élèves dans la classe bénéficie aux élèves de différents niveaux initiaux ?" Béatrice Boutchenik et Sophie Maillard partent de ces questions pour une étude tout à fait neuve sur l’effet des pairs au lycée.

Elle étudient l’effet du niveau scolaire des pairs cotoyés en classe de terminale sur les résultats au bac. Et pour cela elles s’appuient sur les données relatives à 7 cohortes d’élèves des séries générales et technologiques qui se sont présentés au bac entre 2010 et 2016 soit 2 784 409 jeunes. De cette masse elles extraient ceux qui ne se trouvent pas dans des classes de niveau. Il n’en reste que 1 200 000, la majorité des lycées, surtout les plus favorisés, ayant encore recours à des classes de niveau. L’échantillon retenu compte moins d’élèves favorisés et de série S (respectivement 29 et 26% contre 33 et 36% au départ) et davantage de séries technologiques que l’échantillon de départ.

Les classes de niveau ont des effets négatifs

Un des résultats les plus intéressants c’est de montrer que les classes de niveau ont un effet négatif et particulièrement pour les élèves qui y sont le plus souvent affectés, c’est à dire les plus forts scolairement. " L’effet sur la réussite d’appartenir à une classe comptant une proportion importante d’élèves de niveau élevé (types 6, 7 et 8) dépend du niveau scolaire initial de l’élève. Si l’appartenance à une classe de ce type est bénéfique pour les élèves des trois premiers quartiles, elle est en revanche défavorable aux meilleurs élèves, relativement à une classe équi-répartie. L’effet pour les élèves du dernier quartile est d’autant plus négatif que la proportion d’élèves de leur propre type augmente, et que les pairs les plus faibles deviennent rares", écrivent-elles.

La mixité sociale bénéficie à tous y compris aux plus favorisés

A l’inverse, "l’impact de l’équi-répartition des élèves est en moyenne positif pour les élèves des deux premiers quartiles (+ 0,056 percentile pour le Q1 et + 0,018 pour le Q2), et pour ceux du dernier quartile des notes au DNB (+ 0,155). L’effet positif pour les élèves des deux premiers quartiles traduit le fait que, pour une majorité d’entre eux, cette réallocation les conduirait à se trouver plus souvent dans des classes à plus forte proportion de bons élèves, ce qui leur est bénéfique. Pour les élèves du dernier quartile, au contraire, l’harmonisation de la composition des classes conduit à s’éloigner des types de classes à forte concentration de bons élèves pour aller vers plus de mixité scolaire, ce qui leur est également bénéfique". Seuls les élèves du troisième quartile (assez bons) sont pénalisés.

" Appartenir à une classe contenant une forte proportion de bons élèves n’apparaît pas avoir d’effets bénéfiques pour tous les élèves, et l’effet en serait même pénalisant pour les élèves les plus performants initialement. Ce résultat, qui peut traduire un effet négatif de l’exposition à la compétition, est important en ce qui concerne les choix scolaires effectués par les familles", notent Béatrice Boutchenik et Sophie Maillard.

" Le fait que les très bons élèves puissent être pénalisés par une trop grande exposition à des pairs performants remet également en cause le bien-fondé des classes de niveau. Il semble qu’en moyenne, introduire une plus grande mixité scolaire au sein d’un établissement et d’une série donnés pourrait avoir un effet bénéfique pour la majorité des élèves".

Un effet maximum au collège

Elles notent cependant qu’une politique de mixité sociale a des effets limités une fois arrivé en lycée général ou technologique. Le tri social a déjà été largement fait par l’orientation en lycée professionnel ou par élimination des élèves les plus défavorisés et les plus faibles scolairement.

" Il serait ainsi difficile, à ce niveau, d’envisager des politiques de mixité scolaire de grande ampleur. Cette observation plaide pour des politiques de mixité scolaire en amont du lycée", concluent-elles. Autrement dit au collège.

C’est justement à ce niveau que des projets ont été lancés avant 2017 par N. Vallaud-Belkacem. Les 22 projets, lancés avec les collectivités territoriales, utilisent différentes méthodes pour renforcer la mixité. Les plus emblématiques sont à Paris et Toulouse où ces collectivités sont très investies.

Blanquer indifférent à la mixité sociale

L’Etat, lui, depuis l’arrivée de JM Blanquer s’est désinvesti. Il n’y a plus de pilotage national de cette politique et plus de réunions au ministère, comme l’a montré un colloque organisé par la mairie de Paris en mai 2019. Plus récemment, le sociologue Choukri Ben Ayed stigmatisait l’attitude de l’Etat qui dénonce le communautarisme mais ne fait rien pour l’endiguer. En ce qui concerne la mixité sociale dans les collèges , " il y a indifférence à l’égard de ce sujet. Le ministère a d’autres préoccupations", nous disait-il en décembre 2019.

L’étude à grande échelle de Béatrice Boutchenik et Sophie Maillard montre pourtant que veiller à instaurer davantage de mixité sociale au collège c’est l’intérêt des défavorisés mais aussi des plus favorisés.
F Jarraud

Extrait de cafepedagogique.net du 07.01.20

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