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Additif du 09.11.21
Le CSEN autosatisfait de ses évaluations
Dans une nouvelle étude du Conseil scientifique de l’Education nationale, les auteurs manifestent leur satisfaction à propos des évaluations de CP et CE1 que le CSEN a créées. Ce satisfecit s’étend aussi aux dédoublements qui selon le CSEN réduirait les écarts de réussite entre élèves favorisés et défavorisés. Mais c’est pour reconnaitre que cette amélioration ne se retrouve pas en CE1. Alors que la question du bilan de JM Blanquer se pose en fin de quinquennat cette nouvelle étude n’arrive à poser qu’une bonne question : pourquoi les garçons réussissent-ils mieux en maths que les filles ?
Quelle efficacité pour les dédoublements ?
"Nous partageons ici les résultats d’analyses réalisées à partir de ces données. Ces résultats confirment que les évaluations sont à la fois sensibles et utiles : sensibles, parce qu’elles détectent des effets extrêmement fins, comme l’augmentation systématique des performances avec l’âge des élèves, mois après mois ; utiles, parce toutes les mesures effectuées en début de CP permettent d’anticiper sur le développement ultérieur du langage et des mathématiques de l’élève, et suggèrent ainsi à l’enseignant des priorités d’intervention", écrivent S Dehaene, P Martinot, P Bressoux, P Huguet, C Potier-Watkins, L Sprenger Charolles et J Ziegler dans une nouvelle étude publiée par le CSEN.
Selon les auteurs, les évaluations démontrent l’efficacité des dédoublements en CP Rep et Rep+. "Les différences sociales sont clairement majeures dès l’entrée au CP. Cependant, à mi-CP, les points se resserrent. Nous observons ces résultats dans les domaines de mathématiques mais également dans les domaines du langage. Ainsi, en quelques mois, l’école réduit les écarts de niveaux des élèves de catégories sociales différentes, en langage comme en mathématiques. Ces résultats vont dans le sens des travaux en cours des experts de la DEPP sur l’effet spécifique de la réduction des classes de CP et de CE1 en REP/REP+, qui montrent un impact significatif et positif des classes dédoublées sur les acquis des élèves en langage et en mathématiques". Malheureusement, les auteurs reconnaissent que "les écarts réaugmentent en début de CE1". Ils en imputent les raisons aux vacances.
Lancée en 2017, la politique de dédoublement des classes de CP et CE1 de l’éducation prioritaire est régulièrement mise en avant par JM Blanquer. C’est la vitrine sociale du gouvernement qui y a consacré des moyens importants : près de 11 000 classes ont été créées depuis 2017. Fin septembre, la Depp (division des études du ministère) a publié un bilan (auquel participait P Bressoux) jugé positif mais qui montre en réalité peu de progrès dans les résultats. En fait, si les élèves des classes dédoublées font bien de véritables progrès en CP et en CE1, ceux ci ne se détachent pas vraiment entre classes dédoublées et classes à composition identiques mais non dédoublées. Les élèves appartenant à des catégories sociales comparables mais non scolarisés en Rep ou Rep+ ont un niveau identique. Par ailleurs, l’écart entre l’éducation prioritaire et les écoles hors éducation prioritaire ne s’est pas réduit malgré les dédoublements.
Les garçons meilleurs en maths à cause de l’école ?
L’étude du CSEN apporte quand même un éclairage intéressant sur l’écart de niveau en maths entre filles et garçons. " C’est toutefois, à notre connaissance, la première fois qu’on démontre l’apparition aussi soudaine d’un biais de genre en mathématiques, en moins d’un an, et en lien direct avec la scolarisation. Si les stéréotypes liés au genre sont présents dans toute la société, notamment dans le milieu familial, nos résultats suggèrent que l’entrée à l’école joue le rôle d’un facteur déclenchant de leur internalisation chez l’élève".
Les maitres + plus efficaces ?
Interrogé par la Commission culture éducation du Sénat le 3 novembre, JM Blanquer a affirmé que des études montrent que les dédoublements obtiennent de meilleurs résultats que les dispositifs de type "plus de maitre que de classes". Comme il a fait disparaitre ce dispositif en France sans l’évaluer, on n’a pas de réponse solide pour la France. Mais les dédoublements n’apportent pas les résultats annoncés et maintenant claironnés par le ministère. Une récente étude belge valide par contre les progrès obtenus par un dispositif de type "plus de maitres que de classes". Une autre étude européenne va dans le même sens.
François Jarraud
Extrait de cafepedagogique.net du 09.11.21
Le CSEN vante les mérites des évaluations de CP-CE1
Les exercices des évaluations nationales en CP et CE1 "ont été bien choisis" estime le CSEN. Le Conseil scientifique de l’Education nationale qui les a construits considère en effet qu’ils mesurent chacun "une compétence spécifique" et permettent donc aux enseignants "d’anticiper d’éventuelles difficultés des élèves" et d’adapter leur pédagogie. Le CSEN publie sur son site une note titrée "qu’apprend-on des évaluations de CP-CE1 ?"
L’analyse des évaluations montre que les résultats en mathématiques (mais aussi en langage) des élèves entrés au CP à 6 ans, "croissent nettement avec l’âge", selon qu’ils sont nés en début ou en fin d’année. Toutefois, les résultats des élèves entrés au CP avec une dérogation "sont plus élevés que la moyenne" et ceux qui sont plus âgés ont des résultats plus faibles. "Cette catégorie regroupe vraisemblablement des situations très diverses et dont nous ignorons la nature : redoublements, élèves allophones, situations de handicap"...
Les auteurs mettent en évidence un autre résultat (qui va à l’encontre de ce que montrent d’autres recherches, ndlr), "l’école atténue les différences sociales". Celles-ci sont "clairement majeures" à l’entrée au CP, mais à mi-CP, les écarts se resserrent, en mathématiques comme dans les domaines du langage, ce qui montre "un impact
significatif et positif des classes dédoublées sur les acquis des élèves". Mais "hélas, les écarts réaugmentent en début de CE1", un effet "probablement lié aux vacances d’été".
Autre domaine étudié, les différences filles-garçons : "alors qu’il n’existe quasiment aucune différence entre les garçons et les filles au début du CP, les écarts augmentent au cours de la première année d’école, pour arriver à une différence très marquée en faveur des garçons en début de CE1", un résultat qui n’a rien d’une fatalité puisque de nombreux pays ont vu les filles dépasser les garçons aux tests TIMSS et PISA.
Au vu de l’évolution des résultats des élèves les plus faibles à l’entrée au CP, la moitié d’entre eux quittant cette catégorie, les auteurs concluent que “les tests de début de CP sont un signal d’alerte" et permettent aux enseignants de travailler les compétences qui font problème avec "des interventions appropriées".
La note (ici) a été "rédigée par Pauline Martinot et Stanislas Dehaene, avec Pascal Bressoux, Pascal Huguet, Cassandra Potier-Watkins, Liliane Sprenger-Charolles et Johannes Ziegler" et d’autres membres du CSEN.
Extrait de touteduc.fr du 05.11.21