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Observatoire des zones prioritaires
Rencontre du mercredi 7 février 2024
Quelle formation pour les coordonnateurs d’éducation prioritaire.
Troisième partie : premières conclusions et perspectives
Animateur
Merci, je crois qu’on va arriver à une conclusion. Nous approchons de 18 h. Il reste trois minutes pour 18 h, donc on avait envie de vous faire un premier petit retour, mais on sent bien qu’il y a un besoin très conséquent de retravailler l’ensemble la question relative à la coordination de l’éducation prioritaire et du pilotage.
Coordo
Excusez moi, je voulais juste poser une question aux collègues, parce que finalement, on est quand même pas tellement représentatifs du national. Sur votre feuille de poste, votre arrêté de nomination, quel est votre intitulé ?
Coordo
Les deux missions ?
Coordo
Tu veux dire non sur l’arrêté de nomination ? Animateur Soutien ZEP. C’est 1990, c’est la vieille dénomination.
Coordo
Je voulais comprendre et c’est partout pareil. Du coup c’est partout pareil.
Directeur
On a perdu la clé de l’ordinateur pour pouvoir remodifier ça.
Coordo
Donc vous êtes toujours administrativement rattachés à une école élémentaire ou maternelle. Ce sont les directeurs qui reçoivent l’ordre de mission.
Animateur
Ce qui est très clair, c’est le besoin énorme que vous nous avez dit de clarification des missions et des possibilités de les discuter. C’est à dire que les missions, c’est ce qui s’élabore dans la lettre de mission. Mais cette lettre de mission, ça doit faire l’objet d’une discussion entre le coordonnateur et le pilote ou les pilotes de manière à clarifier les choses. Or, là, manifestement, il y a très peu de clarification des missions. C’est plutôt au petit bonheur des rencontres. Nous, on a le sentiment qu’il y a un besoin d’institutionnalisation de la mission de clarification de la mission et de clarification dans un cadre de dialogue.
Coordo
Ce qui compte, c’est la confiance. Pas figée. Pas descendante, mais en lien avec les missions quand même.
Coordo
Il y a des réalités différentes. Et c’est pourquoi, il faut savoir sur quoi repose cette définition de mission ? C’est à dire ? Est ce que c’est des documents cadres dont je parlais tout à l’heure ? Il y a le projet de réseau, il y a le référentiel, donc, sur le territoire où je suis coordonnatrice, effectivement quelle est ma mission ? Quelles sont les tâches que j’ai à accomplir dans ce territoire là, à partir des documents qui sont les miens et qui sont les garants de ma mission, c’est à dire le projet, le référentiel. Il peut y avoir des choses aussi locales, mais c’est quoi mon cadre ? C’est là la première mission d’information, ce serait ça, ce serait de cadrer pour savoir ce que je fais, ce que je ne fais pas, ce sur quoi je me repose, ce qui est mon document qui me permet de dire « ça non, ça oui ». Parce que c’est vrai que c’est quand même un métier particulier. Pour l’avoir exercé pendant six ans, c’est vrai qu’on se demande pratiquement tout le temps est ce que ce que je fais, c’est bien ce que je dois faire ? C’est quand on a un cadre et le document, c’est quand même ce qui nous permet de revenir à la base.
Animateur
Deuxième point, on a vu qu’il y avait la question du besoin d’accueil, c’est à dire pour tout nouveau coordonnateur, comment il est accueilli dans le métier, comment il est accompagné dans la découverte du milieu, dans la découverte du réseau, dans la découverte de la politique de la ville, dans la découverte de la ville, la découverte des collèges et des écoles, du réseau, etc. C’est une espèce de besoin de clarification, d’une formation d’accueil parce que manifestement ça n’existe pas. Enfin, c’est très peu présent.
Il y a aussi un énorme besoin de formation des pilotes, c’est à dire qu’on a le sentiment que les pilotes sont fragiles dans leur cadrage. S’ils sont fragiles dans leur cadrage, c’est peut être qu’ils ont besoin d’être accompagnés.
Il y a un enjeu de connaissance, de l’éducation prioritaire chez certains pilotes. Il y en a qui ne connaissent absolument pas ce dont il est question quand ils arrivent dans une circonscription, puisque dans leur propre formation, on ne leur en a pas parlé. D’ailleurs, j’attire votre attention sur le fait que la formation des IEN c’est seulement quelques semaines.
Coordo
Juste une question est ce qu’il existe des coordonnateurs ? Parce que la dernière fois il n’y avait aussi que des coordonnatrices.
Coordo
Oui, il y a des hommes. Ça existe.
Coordo
On essaiera d’en ramener un la prochaine fois.
Animateur
Voilà une autre dimension qui est importante : travailler la posture. C’est à dire quelle est cette posture originale du coordo ? J’ai parlé tout à l’heure d’un « travail horizontal ». Quand on dit « convaincre, amener, persuader, faire réseau avec tout le monde » dans une organisation très hiérarchique, c’est très particulier. Comment incarner le réseau ? Parce que vous savez bien, le réseau ça n’existe pas. En fait, c’est une construction théorique, le réseau, il y a l’école, il y a le collège. Vous êtes sur le projet de réseau normalement, et le référentiel est aussi transversal sur les deux degrés. Mais comment ? Comment on le fait vivre ce réseau ? Et la posture du coordo : en tant que premier degré pour aller sur le second ? Le contraire est plus rare, mais ça arrive aussi et la posture est aussi particulière. Quand on a conçu les formations à Poitiers, on avait travaillé cette posture originale qui est source de tensions parce que c’est assez compliqué d’être transversal et d’être en lien avec tout le monde dans cette organisation hiérarchique où les rôles sont bien définis. Donc ça, ça se pense aussi, ça se travaille.
Animateur
Il y a une cinquième dimension qui nous a semblé émerger assez fortement et qui doit être commune avec les pilotes, les conseillers pédagogiques et tous les autres intervenants de l’éducation prioritaire, les directeurs d’école, etc. C’est « quel est le sens général de l’éducation prioritaire ? Comment se convaincre de ce que c’est que le sens général de l’éducation prioritaire, la lutte contre les inégalités scolaires, la réussite de tous ? Comment est ce qu’on se donne ça comme objectif avec des éléments d’histoire ? » Parce que l’histoire nous semble être un élément très important de compréhension de là où on en est dans l’éducation prioritaire. Et puis les objectifs actuels. Comment peut on articuler les grands objectifs de l’éducation prioritaire, la lutte contre les inégalités, la réussite de tous avec les sous objectifs opérationnels qu’on vous invite à mettre en œuvre, les constellations, le pacte et tout ce qui va venir, les groupes de niveau, que sais je ? Toutes ces choses là avec lesquelles il faut ruser pour réussir à garder l’objectif central, c’est à dire comment est ce qu’on apprend finalement aussi à ruser pour tenir l’objectif central de lutte contre les inégalités, de réussite de tous. Ruser tout en respectant un devoir de loyauté.
Marc Douaire
Merci de ces échanges très riches, merci de votre confiance. On va vous faire un compte rendu de ces travaux et pour la suite :
• On n’a pas encore la date précise, mais ce sera encore un mercredi : un bilan sur les cités éducatives avec l’association « Professions Banlieues » qui travaille sur la Seine Saint-Denis. C’est une politique qui prend de l’extension, qui bouge au moment où la politique d’éducation prioritaire au ministère est dans un angle mort, on s’interroge. Ça, c’est une première chose.
• Au mois de mai, on fera aussi une rencontre sur les cartes. La carte de l’éducation prioritaire par rapport aux écoles orphelines, par rapport aux lycées, par rapport à la ruralité la plus récente. En même temps, vous savez qu’il y a un rapprochement entre la carte de l’éducation prioritaire et la carte des QPV qui avait été amorcée par Elisabeth Borne en octobre. Ça bouge du côté QPV, ça ne bouge pas du côté d’éducation prioritaire. Pourquoi nous, on est réticent à ce qu’il y ait un collage entre les deux cartes ? Pour quelle raison ? Comment élaborer des cartes ? À partir de quel critère, comment utiliser les IPS, etc.
• Enfin, une autre date sur le troisième trimestre, c’est le samedi 25 mai, un séminaire sur l’école maternelle avec la question des deux ans, la question du dédoublement des grandes sections, la question des nouveaux programmes, la question des continuités entre maternelle et élémentaire.
Ce 5e document clôt la série de comptes rendus de la réunion OZP du 7 février 2024.
Voir l’ensemble des comptes rendus Coordonnateurs (Rencontres/Journées et Productions OZP)