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Dédoublements en CP et CE1 : ce que disait le service statistique du ministère en 2021
Lors de la présentation du budget 2024, Gabriel Attal a évoqué les bons résultats des classes dédoublées et il a cité la DEPP : "En fin de CE1, les élèves de REP+ ont des résultats supérieurs aux élèves scolarisés dans des écoles (...) n’ayant pas bénéficié de la réforme, équivalents à 16 % de l’écart observé en début de CP entre le groupe REP+ et le groupe hors EP et 38 % en mathématiques." Interrogé par ToutEduc sur ces chiffres qui ne sont pas ceux qui sont habituellement retenus lorsqu’il s’agit d’évaluer l’impact de la réduction de la taille des classes sur les résultats des élèves, son entourage a indiqué qu’il s’agissait de données extraites d’une publication de 2021.
Cette formule est effectivement tirée de la synthèse d’un "document de travail" de 2021 dans lequel les auteurs comparent les évolutions sur les années de CP et CE1 de trois groupes d’élèves, ceux qui sont "hors éducation prioritaire" (ou hors EP), ceux qui sont en REP+ et ceux qui sont "proches REP+" parce qu’ils sont dans des classes de niveau comparable (mais légèrement supérieur au départ) à des REP+ mais qui, n’étant pas classées en REP+, n’ont pas bénéficié des dédoublements.
La tonalité d’ensemble du document est plus prudente que la synthèse. Les auteurs notent en effet que les progressions sur deux ans des trois groupes d’élèves "sont plutôt parallèles", autrement dit, que les écarts constatés en début de CP se retrouvent peu ou prou en fin de CE1. Toutefois, "les progressions sont un peu plus fortes en REP+, ce qui peut être interprété comme un effet favorable de la réduction de la taille des classes". En français, "les REP+ rattrapent leur retard initial (...) par rapport aux proches REP+" (mais pas par rapport aux hors EP, ndlr). "En mathématiques, les élèves de REP+ présentent des résultats significativement supérieurs à ceux du groupe témoin" (les proches REP+).
Les auteurs, passant des "statistiques descriptives", à une autre approche dite "modélisation", estiment que la différence entre élèves de REP+ et élèves "proches REP+", est de 9 % d’écart type en français et de 14 % en mathématiques, "ce qui correspond en mathématiques à un effet équivalent à 38 %" et à 16 % en français. (Il s’agit donc d’une simple correspondance entre deux présentations des mêmes résultats. La littérature scientifique considère en général que l’effet d’une politique publique est intéressant lors qu’il est supérieur à 40 % d’écart type, ndlr.)
Les auteurs notent encore qu’en français, "pour les élèves les plus en difficulté", l’amélioration qui était constatée entre ceux qui étaient dans un CP dédoublé et les proches REP+ "ne se confirme pas en fin de CE1". "En mathématiques, la réduction de la taille des classes semble avoir un effet plus fort pour les élèves les plus en difficulté (...) La réduction de la taille des classes fait baisser de plus de 5 points la proportion d’élèves en difficulté en REP+". AU CE1, "Pour les REP+, la réussite en français baisse significativement relativement aux proches REP+" (l’effet du dédoublement est donc négatif, ndlr), mais en mathématiques, "on observe une différence de scores standardisés significative en faveur des REP+", également de l’ordre de 0,05 écart type.
Le document "Évaluation de l’impact de la réduction de la taille des classes de CP et de CE1 en REP+ sur les résultats des élèves et les pratiques des enseignants" est téléchargeable ici
Extrait de touteduc.fr du 02.10.23