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Pierre Merle : « Le statu quo sur la ségrégation scolaire serait fatal »
Dans une tribune au « Monde », le sociologue approuve la réduction d’effectifs par classe prévue dans le programme éducatif du président, mais juge dangereuse l’autonomie des établissements car elle augmentera les inégalités.
La plus connue consiste à réduire à 12 l’effectif d’élèves des classes de CP et CE1 situées en réseau d’éducation prioritaire (REP) et REP+. Toutefois, ce nombre 12 surprend. Pour diviser deux classes de CP de 24 élèves (soit 48 élèves), deux nouveaux professeurs ainsi que deux nouvelles salles de classe seront nécessaires. Le coût de scolarisation par élève est doublé ! Si ce seuil était fixé à 16, il ne faudrait plus qu’une seule classe supplémentaire (48/16 est égal à 3).
Or la recherche montre que l’efficacité d’un tel dispositif est quasi-équivalente au précédent, mais la dépense en professeurs et en espaces supplémentaires est bien moindre. Et, grâce aux moyens économisés en CP et CE1 avec des classes à 16 élèves, il serait possible d’appliquer aussi cette mesure aux classes de sixième REP+, pour favoriser la transition souvent difficile entre l’élémentaire et le collège.
[...] L’autonomie va accentuer la ghettoïsation
Autant ces objectifs sont indispensables pour soigner les plaies d’une société malade de ses divisions, autant l’autonomie des établissements élargie au choix des options va accentuer la ghettoïsation déjà considérable de l’école française, augmenter ses fractures, favoriser les sentiments d’exclusion et ressentiments.
Extrait de lemonde.fr du 20.05.18 : Pierre Merle : « Le statu quo sur la ségrégation scolaire serait fatal »