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B* Plaisirs de lire en REP au collège Louis Ducos du Hauron à Agen (témoignages de 2 professeures, Le Café)

28 mai

Plaisirs de lire en REP

« La majorité des élèves ne s’adonne pas à la lecture des ouvrages à la maison, à l’exception d’un ou deux élèves par classe ». Ce désamour pour la lecture est-il une fatalité, en particulier dans les Réseaux d’Éducation Prioritaire ? Au collège Louis Ducos du Hauron à Agen, les professeures de français Amélie Mariottat et Marion Narboux ont choisi de se battre pour construire un dispositif de lecture et de travail qui soit engageant et motivant. Pistes : personnalisation, rituels, débats mouvants, création de saynètes ou de portraits avec l’IA, mur d’enquête, usage des tablettes numériques, déploiement du carnet de lecture, salle flexible … Bilan côté élèves : le travail a « non seulement amélioré leur compétence en lecture mais également renforcé leur confiance en eux et leur estime personnelle ». Bilan côté profs : « Véritable bouffée d’air dans mes habitudes d’enseignement, ces transformations pédagogiques me motivent chaque jour à imaginer et créer de nouvelles pistes ». Témoignages inspirants …

Amélie Mariottat

« Dans le cadre de la classe de 5e au collège Ducos en REP, un dispositif de lecture a été mis en place pour répondre à un constat préoccupant : la majorité des élèves ne s’adonnait pas à la lecture des ouvrages à la maison, à l’exception d’un ou deux élèves par classe. Le livre choisi est une œuvre exigeante : « Le chien des Baskerville » de Conan Doyle.

L’objectif principal de ce dispositif était de comprendre les raisons sous-jacentes à cette réticence et de fournir aux élèves les outils nécessaires pour surmonter les obstacles à la compréhension, tout en développant des stratégies efficaces pour la lecture de textes longs. Les objectifs pédagogiques de ce programme étaient ambitieux : permettre à chaque élève de mener à bien sa lecture, équipé de crayons, de post-it et de marque-pages pour devenir un lecteur actif. Cette approche vise à renforcer les compétences en compréhension de lecture à travers la mise en œuvre de stratégies spécifiques.

Pour y parvenir, un parcours de lecture personnalisé a été adopté, adaptant les textes et les activités au niveau de chaque élève. Des rituels quotidiens ont été instaurés pour encourager la réflexion sur les inférences à partir de petits textes suivis de débat mouvant puis la manipulation concrète de l’objet livre, avec des exercices variés tels que la reformulation, le résumé et la recherche rétrospective d’informations clés. Pour réaliser ces activités, je me suis inspirée des travaux de Maryse Bianco, Jocelyne Giasson, l’ouvrage de Patrick Joole, lire des récits longs ou encore les ateliers de lecture DÉCLIC.

Une dimension créative a également été intégrée, avec la mise en scène de saynètes pour visualiser les personnages et les événements du récit, ainsi que l’utilisation de l’intelligence artificielle pour créer des portraits de personnages à partir des descriptions riches dans le texte. Certains élèves ont élaboré un « mur d’enquête » pour visualiser les connexions au sein de l’intrigue. Grâce à l’utilisation des iPads en équipement individuel dans notre établissement, une dimension numérique a enrichi ce dispositif, permettant aux élèves de reconstruire l’intrigue dans l’application Pages, en s’appuyant sur les portraits et les éléments clés du récit.

Les résultats de cette séquence ont été extrêmement positifs : tous les élèves ont achevé leur lecture, maîtrisant et comprenant les stratégies de lecture, qu’ils ont su utiliser et verbaliser. Ce programme a non seulement amélioré leur compétence en lecture mais a également renforcé leur confiance en eux et leur estime personnelle, témoignant de l’impact profond de l’approche pédagogique adoptée.

Ce projet s’inscrit dans une démarche globale de l’établissement nommée « Rendez-vous de lecteur », en écho au « quart d’heure de lecture » pratiqué à l’échelle nationale. »

Marion Narboux

« Arrivée de banlieue parisienne au collège Ducos du Hauron il y a un an et demi, j’ai découvert l’outil numérique au sein de la classe pour la première fois en sept ans d’exercice. En effet, cet établissement est un collège numérique, ou chacun, élève comme enseignant, dispose d’un iPad.

La création d’abord timide de supports remaniés, puis rapidement complètement transformés pédagogiquement a radicalement changé ma posture d’enseignante, pour mon plus grand bonheur – et un rapport aux élèves lui aussi transformé. J’ai eu la chance de « mixer » cette métamorphose de support et de contenu à un changement d’espace classe, enseignant pour la moitié de mes heures en classe flexible ; à mon sens, l’un n’allait pas sans l’autre. Une collègue m’a guidée tout au long de ce parcours et de mes cheminements, par le biais d’heures de co-enseignement sur le niveau 6e l’année dernière, et de visites dans ses classes cette année. Ce fut l’occasion de découvrir des applications telles que Pages, Keynote ou des sites de création de documents comme Canva, ce afin de créer mes propres documents.

J’ai pu observer, très rapidement, le changement de la position d’élève – et de la mienne par ricochet. En effet, chacun recevant un document de séquence complet, personnalisé (ce n’est plus le document du professeur au moment où ils le reçoivent sur leur tablette) et ayant des objectifs extrêmement explicites quant aux attendus, se trouve impliqué bien plus directement que lors d’un cours magistral. De mon côté, je suis en position de guide et d’orchestration de l’avancée de chacun, et non au premier plan au tableau.

Ayant observé ces multiples changements, nous avons décidé de créer des documents numériques et eux aussi interactifs dans le domaine de la lecture, notamment en 6e. Le quart d’heure lecture, déjà mis en place, s’est ainsi trouvé renforcé par des activités glanées dans différents supports livres, jouant sur l’appétence de lecture et l’appropriation des textes, formant un Carnet de lecture personnalisable, et relayé par les collègues de Lettres dans l’établissement. Ce carnet peut être réutilisé intégralement ou non, par duplication, pour chaque thématique du programme : l’Odyssée, le récit d’aventures, les sorcières, le monstre… Chaque élève peut ainsi porter un regard inattendu sur une œuvre ou un auteur, par le biais d’entrées ludiques et attractives ; les comptes-rendus de lecture ne sont donc plus jamais les mêmes. Véritable bouffée d’air dans mes habitudes d’enseignement, ces transformations pédagogiques me motivent chaque jour à imaginer et créer de nouvelles pistes. »

Témoignages recueillis par Jean-Michel Le Baut

Vidéo d’Amélie Mariottat sur la salle flexible (5:11)

Amélie Mariottat dans Le Café pédagogique

Extrait de cafepedagogique.net du 27.05.24

 

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