> VIII- ENSEIGN. SUPERIEUR, Etudiants, Parcoursup, Ouverture sociale, Cordées > O.S : Sciences Po (Articles généraux) > Sciences Po (Témoignages) > « J’ai compris que j’étais pauvre en arrivant en seconde au lycée Henri-IV (...)

Voir à gauche les mots-clés liés à cet article

« J’ai compris que j’étais pauvre en arrivant en seconde au lycée Henri-IV » (le Monde/Campus)

17 mars 2022

« J’ai compris que j’étais pauvre en arrivant au lycée Henri-IV »
« Premières fois » : récits de moments charnières autour du passage à l’âge adulte. Cette semaine, Tony évoque sa scolarité au lycée Henri-IV et le choc social qu’il y a vécu en intégrant cet établissement parisien en seconde.

La première fois que j’ai compris qu’il existait des lycées plus réputés que d’autres, c’était en discutant avec ma professeure de français de 3e, au collège Lamartine de Crémieu (Isère). Elle m’incitait à postuler dans un lycée plus prestigieux que celui de mon secteur, expliquant que ma moyenne - entre 18 et 19 - me le permettait.

Ni mes parents ni mon entourage n’avaient eu cette idée. La nuit, il m’arrivait d’aider ma mère dans le cinéma ou dans les écoles où elle travaillait comme femme de ménage. Aîné d’une fratrie de six enfants, je n’avais alors aucune envie de quitter l’Isère.

[...] En dehors de ce cadre pédagogique hors du commun, le choc social est violent. J’ai compris que j’étais pauvre en arrivant à Henri-IV. Car si « H4 » est, comme l’affirment certains, un temple de la méritocratie républicaine, comment expliquer la concentration de grands noms et des « fils et filles de » parmi les élèves ? Suffit-il d’être bien né pour être brillant ? Parmi les élèves de 2de, il y avait des enfants de ministres, de grands patrons, de journalistes connus. Dans ma classe, nous n’étions que deux à avoir été repêchés de province, avec quelques élèves de banlieue parisienne.

Mon retour en Isère
[...] Après le bac, je renonce aux études et travaille en intérim comme manutentionnaire. Un soir, en montant dans la voiture, j’entends un ancien camarade d’Henri-IV à la radio : il publie un livre à l’âge de 20 ans ! Ça m’agace et me fait réfléchir. J’envoie mon dossier pour reprendre des études à Sciences Po. Je suis pris en 2014 et fais de nombreux petits boulots en parallèle. Après une expérience en ministère, je suis accepté à la prépa « égalité des chances » de l’Ecole nationale d’administration (ENA) mais je m’en détourne rapidement. J’ai passé le concours de directeur d’hôpital, que j’ai réussi. Ma mère, de son côté, a obtenu son diplôme d’aide-soignante.

Extrait de lemonde.fr/campus du 14.03.22

Répondre à cet article