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" A 5 ans la lutte des classes". Libération analyse l’ouvrage collectif dirigé par Bernard Lahire : "Enfances de classe", Le Seuil, 2019

30 août 2019

Education, apprentissage des codes, alimentation, loisirs… Dans « Enfances de classe », une équipe de sociologues dirigée par Bernard Lahire explore en profondeur comment les inégalités s’instaurent dès la maternelle.

A 5 ans, la lutte des classes
Ils voulaient créer « un choc sensible ». Décrire au plus près des habitudes et des corps l’inégalité sociale qui frappe les enfants dès la maternelle pour « qu’on ne puisse plus dire qu’on ne savait pas ». Sans doute la violence de cette phrase, à la toute fin de ce livre de plus de 1 200 pages, est de celles qui créent la commotion attendue : « On peut dire que ces enfants, qui naissent dans des environnements familiaux extraordinairement différents, ne sont vraiment pas les mêmes enfants. Seule leur apparente similitude biologique produit l’illusion d’une proximité sociale. » Enfances de classe, qui paraît ce jeudi aux éditions du Seuil, rassemble une enquête de grande ampleur menée pendant cinq ans par 16 sociologues sous la direction de Bernard Lahire, professeur de sociologie à l’Ecole normale supérieure de Lyon.

(...) « Selon le milieu d’origine, l’inégalité face aux difficultés scolaires d’un enfant est flagrante : les parents de milieu favorisé agissent tout de suite. Ils sont même proactifs, me demandent si leur enfant peut profiter du soutien personnalisé que l’on met en place pour les élèves en difficulté. Les parents dans une situation sociale difficile, au contraire, ont tendance à refuser l’aide. Ils peuvent même se mettre en colère parce qu’ils ont le sentiment d’être jugés comme de mauvais parents. Il faut expliquer, entendre leur colère aussi. Convaincre. Cela prend du temps. Des années parfois.

« Je répète aux jeunes enseignants qui passent dans mon école d’être très vigilants face à ce que j’appelle les « petites blessures scolaires ». Parfois, un mot sur le cahier peut brusquer les parents, tendre une relation. Quand on demande un rendez-vous, certains répondent qu’ils n’ont pas le temps. D’autres raturent même la question de l’enseignant sur le cahier de liaison. Que répondre ? Faut-il rétorquer sur le même ton ? Je considère qu’il est de notre devoir de rétablir le dialogue par tous les moyens pour ne pas mettre l’enfant dans un conflit de loyauté. J’incite les enseignants à faire relire leurs réponses par un autre membre de l’équipe, pour garder ce recul indispensable. »
Sonya Faure , Simon Blin

Extrait de liberation.fr du 28.08.19

 

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Maîtresse de conférences en sociologie à l’université Clermont-Auvergne, Marianne Woollven a contribué à l’ouvrage Enfances de classe (Seuil, 2019). Selon elle, et ses coauteurs Olivier Vanhée, Gaële Henri-Panabière et Fanny Renard, l’inégale préparation des enfants à l’utilisation du langage crée très tôt des situations de domination.

« L’école produit la norme en matière de langage »

 

Gaële Henri-Panabière, maîtresse de conférences en sciences de l’éducation à Paris-Descartes, a participé au livre Enfances de classe. Elle montre, avec Géraldine Bois et Aurélien Raynaud, que le respect à l’autorité, tout comme le fait de se sentir légitime à la critiquer, ne sont pas inculqués de la même manière selon qu’on est fils d’ouvrier ou de cadre.

« Les plus aisés adoptent les règles de l’école à la maison »

 

Parent d’élève, un métier difficile, par Pierre Périer

 

Voir aussi sur le site OZP Enfances de classe : de l’inégalité parmi les enfants, sous la direction de Bernard Lahire, Seuil, août 2019

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