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Reuter : Freinet et les classes populaires
[...] La conférence Y Reuter a porté sur : La mise en œuvre de la pédagogie Freinet en milieu populaire. Y. Reuter est venu éclairer de nouveau ce qui représente, dans l’histoire de la France, la recherche scientifique longitudinale la plus importante qui ait été effectuée par une équipe universitaire conséquente. Cette école est installée dans un environnement populaire particulièrement défavorisé.
Le conférencier a rappelé les principes originaux qui dirigent l’école Freinet :
1-Il faut constituer l’élève en sujet apprenant.
2-L’élève apprend et nul autre ne peut le faire à sa place. (passer par la diversification des chemins d’apprentissage). C’est une rupture par rapport à la scolastique.
3-L’élève apprend à partir de ses questionnements.
4-L’élève apprend en faisant (faire authentique).
5-L’élève apprend parce qu’il est sécurisé.
6-L’élève apprend parce qu’il se situe dans une histoire de ses apprentissages.
Dans l’école de Mons-en-Baroeul [réseau ECLAIR], aucun destin d’enfant n’est figé. Une volonté affirmée est celle de forger une culture commune dans l’école. Le point le plus important abordé par Y. Reuter a été celui des différentes logiques mises en œuvre dans ce projet, et les tensions qu’elles créent. En effet, chaque acteur de ce projet avait, et a toujours sa logique propre : l’inspection, les enseignants, le collectif de recherche, le Ministère, les syndicats. De fait, les logiques de pensée et d’action de ces différents groupes ou individualités sont incompatibles, et menacent en permanence l’existence même du projet.
Ce qui amène à mettre à jour un paradoxe alarmant : si l’expérience de Mons-en-Baroeul a montré la pertinence et la réussite du projet, comment se fait-il en France que l’innovation pédagogique soit systématiquement repoussée aux frontières du système (vers les lieux "de la dernière chance" ceux où l’on traite "l’échec scolaire"), alors qu’elle pourrait justement éviter en grande partie d’en arriver là !
[...]
Extrait de L’Expresso du 14.03.2014 : A Lausanne, Freinet en colloque
Pas de problème !
Classe 6e Freinet [ECLAIR] de Mons-en-Baroeul
Depuis septembre 2013, au collège Rabelais il existe une classe de 6e Freinet. Nous avions rencontré les enseignants peu après la rentrée, des enseignants heureux d’avoir pu mettre en place un emploi du temps aménagé, avec des cours disciplinaires, du temps de travail individualisé, de projets et de moments d’expression et de participation à la vie de la classe. Cette fois, c’est à un cours de mathématiques que nous avons été invités, un travail autour d’un problème ouvert.
La 6e Freinet, comme si vous y étiez...
Les élèves entrent tranquillement. Onze garçons, six filles. Ils restent debout. S’asseyent. Le problème de la feuille traversée de droites peut commencer.
« Sur une feuille, combien de parties au maximum obtiendra-t-on en traçant 30 droites ? ». Combien de parties... Au maximum... Trente, mais c’est beaucoup ça, trente...
Deux élèves viennent au tableau, présentent leur travail, dessinent des droites, comptent des parties. Leur feuille de conclusion court dans la classe et fait réagir les autres groupes, « Ca ce n’est pas possible, il y a forcément plus de parties là que là. » Alors le reste de la classe va leur poser des questions, dans un débat animé par un maitre de parole. Viviane Monnerville guide, demande des précisions. La classe commente leurs résultats et la discussion s’échauffe : « Mais si, si on a une droite de plus, on a forcément plus de parties ! ». Tiens, c’est vrai, je n’y avais pas pensé. Et on note petit à petit sur le cahier les conclusions trouvées. « Dans le cas de droites parallèles, il y a moins de parties que si elles sont sécantes ou concourantes (elles se croisent en un seul point). »
Suit la même démonstration sur geogebra, par un groupe de garçons. Là, sont vérifiées des compétences portant sur l’utilisation du logiciel. Un autre groupe demande à parler du fameux problème ouvert sur les droites, traité avec un tableau. « Très bonne idée », accepte Viviane Monnerville. « Pour gérer des données, on peut utiliser un tableau. » note-t-on sur un cahier.
Les filles ont trouvé le résultat jusqu’à 100. Je demande la parole : « Mais... vous voulez dire que vous avez tracé jusqu’à 100 sur des feuilles ? » D’accord, je ne suis pas des plus réactives... Et les filles de m’expliquer patiemment leurs calculs. Et d’insister pour que je prenne les résultats en photo. On rigole pas avec les problèmes ouverts.
Au tour de trois garçons de montrer comment trouver les résultats sur tableur, sans compter. « A3+B4, c’est comme à la bataille navale. » Séance de questions menée par le maitre de la parole. Quand ça déborde un peu le maitre, Viviane Monnerville intervient : « On a un problème ». « Ah oui on parle sans demander ». Et le calme revient. Il y a de la magie dans cette classe...
Il reste cinq minutes. Pas le temps de commencer le travail d’atelier de maths prévu : « Chacun écrit une question dans son cahier une question de maths. » Sofiane lève le doigt : « Qu’est-ce qu’un parallélépipède ? » La sonnerie chante deux fois son laréfa#. La question est notée sur tous les cahiers. Pour le vendredi 24, on répondra à la question de Sofiane...
Les élèves s’envolent, sauf un garçon, Elorn Truong, visiblement peu pressé. J’en profite pour lui demander si quelque chose l’aide particulièrement à apprendre dans cette classe. La réponse fuse : « Ah oui, c’est qu’il y a beaucoup d’exposés ! Et faire des tas recherches aussi. Mes exposés, ceux des autres, c’est cela qui m’aide le plus. A partir de là, on fait la leçon et on comprend mieux parce qu’on a pu poser des questions. » Voilà qui est encore plus clair qu’un problème ouvert...
Extrait du site des Cahiers pédagogiques :Pas de problème !
Consulter sur le site de l’OZP :
* Pédagogie Freinet au collège
Les résultats d’une recherche sur le mot freinet (sur le site OZP)