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Amitié, mixité et différences sociales, avec une interview de Serge Paugam (dossier de Libération)

21 octobre 2024

Interview
Serge Paugam, sociologue : « Réduire les inégalités facilite la circulation entre différents groupes sociaux »

Le directeur de recherche au CNRS analyse de longue date les liens qui unissent les individus. Pour lui, les sociétés fondées sur des principes d’égalité permettent plus facilement de se faire des amis hors de son cercle social initial.

« Et toi, tu fais quoi dans la vie ? » Une question anecdotique, posée de façon presque automatique lorsque l’on rencontre quelqu’un, qui en dit beaucoup sur notre façon de tisser des liens. En France, le métier a une importance prépondérante. Quel diplômé d’une grande école n’a jamais eu l’envie de s’en vanter auprès de parfaits inconnus ? Quel intérimaire ne s’est jamais dévalorisé en évoquant son parcours professionnel ?

Serge Paugam analyse depuis de longues années les liens qui unissent les individus, leur façon de socialiser. Pour le sociologue et auteur du livre l’Attachement social. Formes et fondements de la solidarité humaine (éditions du Seuil, 2023), les sociétés fondées sur des principes d’égalité permettent plus facilement de se faire des amis hors de son cercle social. C’est pourquoi on ne se fait par exemple pas des amis en Norvège de la même façon qu’au Brésil, où les inégalités entre individus sont exacerbées.

Est-on tous égaux lorsqu’il s’agit de se faire des amis ?

Non, les conditions dans lesquelles nous vivons sont très différenciées selon les groupes sociaux. Les formes de sociabilité varient considérablement. Certains groupes sont plus fermés que d’autres,

Extrait de liberation.fr du 19.10.24

 

Analyse
En amitié, l’entre-soi ne fait pas le bonheur

Bien souvent, les amis qui nous entourent nous ressemblent, que ce soit en termes d’âge, de revenu, ou d’éducation. Cette proximité, qui s’explique politiquement et sociologiquement, peut selon certains chercheurs avoir des effets négatifs sur le bien-être.

Ces derniers temps, Malek se sent épanoui. La myriade d’amis qui l’entourent n’y est pas pour rien. Des artistes, des élus, des professionnels des médias et de vieux copains du quartier. En scrutant par sa fenêtre l’abbaye d’Argenteuil où il vit depuis toujours, ce presque trentenaire se souvient du début de sa carrière, en tant que collaborateur parlementaire. Seulement quelques années après avoir quitté le lycée sans diplôme. « A l’Assemblée nationale, ceux qui avaient mon âge aujourd’hui ne fréquentaient que des gens du milieu. Cet entre-soi avait un impact négatif sur leur bonheur, ça se voyait. »

Tout au long d’un parcours pas des plus simples à gérer à cause de la différence avec son milieu d’origine, Malek s’est évertué à sortir de sa bulle. A tisser des liens avec ceux que l’on regarde souvent de tout en bas. Les gâtés de la vie, les riches et les diplômés. A renouer avec « les siens » lorsqu’il s’éloigne trop de ses origines. « Mon anniversaire, c’est le meilleur moment pour observer la diversité de mes amis, quand ils sont tous réunis, témoigne celui qui est aujourd’hui communiquant politique et créateur de contenu. Pour moi, ça, c’est l’équilibre parfait. »

Pour être heureux, faut-il ne s’entourer que de personnes comm [...]

Extrait de liberation.fr du 19.10.24

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