Voir à gauche les mots-clés liés à cet article
Les effets de la précarité sur la scolarité et l’avenir (France Stratégie)
“Le parcours scolaire apparaît comme un canal important de transmission de la pauvreté à l’âge adulte, et donc comme l’un des principaux leviers de réduction de l’inégalité des chances liée au milieu familial“ analyse France Stratégie dans une note d’étude des trajectoires d’adolescents précaires publiée lundi 22 juillet.
Le commissariat général à la stratégie et à la prospective estime que plusieurs facteurs comme la pauvreté infantile peuvent expliquer statistiquement sa transmission jusqu’à l’âge adulte. C’est ainsi qu’un enfant issu des 20 % des familles aux revenus les plus faibles aura, par rapport aux autres enfants, près de deux fois plus de risque de se situer lui-même à l’âge adulte parmi ces ménages.
Une enquête de 2019 sur la situation de précarité à la période de l’adolescence souligne que 13 % des personnes interrogées déclarent avoir connu une telle situation, davantage les femmes (13,9 %) que les hommes (12 %).
Trajectoires
Selon les données recueillies par l’institution, un peu plus de 10 % des anciens adolescents précaires vivaient en 2019 dans une forme de pauvreté en “conditions de vie persistante à l’âge adulte“ (c’est à dire trois années de suite), contre un peu moins de 5 % des anciens adolescents non précaires. Les personnes ayant connu la précarité durant l’adolescence ont d’ailleurs un risque 1,8 fois plus élevé que les autres de figurer parmi les 20 % ayant le niveau le plus faible. Néanmoins, il existe “une certaine hétérogénéité dans les trajectoires“ : un peu plus d’un ancien adolescent précaire sur dix se trouve à l’âge adulte parmi les 20 % les plus aisés, et même 30 % si l’on prend en compte les 40 % les plus aisés.
Scolarité
Mais c’est surtout sur la scolarité que les effets de cette transmission les plus forts. Pour France Stratégie, l’école est un des “canaux“ les plus significatifs après le contexte familial : les adolescents précaires ont près de 54 % de risque en plus que les non précaires de sortir sans diplôme (60 % pour les femmes contre 48 % pour les hommes), à contexte familial comparable à l’adolescence.“
De même, près d’un adolescent précaire sur quatre n’a obtenu que le diplôme national du brevet (DNB) ou moins, contre un sur dix pour les autres. Les hommes comme les femmes ayant connu une situation de précarité à l’adolescence ont également environ 17 % de chances en moins d’obtenir le baccalauréat et 25 % de chances en moins d’obtenir un diplôme du supérieur.
Femmes
L’effet de la précarité à l’adolescence serait plus important chez les femmes qui auraient, entre autres, un risque accru de vivre en “situation monoparentale“. En guise d’explication, France Stratégie pointe des effets de territoire, l’âge des individus à la naissance de leur premier enfant ou encore des possibilités de sortir de la pauvreté via le marché du travail, notamment en cas de faible diplôme, qui seraient “moindres pour elles“ que pour les hommes.