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Evaluons l’éducation prioritaire. Compte rendu OZP de la Rencontre du 7 novembre 2018

13 novembre 2018

Ce compte rendu détaillé de la rencontre du 7 novembre inaugure la création sur le site OZP d’une nouvelle rubrique intitulée : Initiative OZP "Evaluons l’Evaluation prioritaire :"

Voir à la rubrique Les RENCONTRES et JOURNEES de l’OZP (Listes des comptes rendus) les autres comptes rendus de cette Rencontre OZP : Café pédagogique, ToutEduc, Cahiers pédagogiques ; enregistrement vidéo.

 

— -LES RENCONTRES DE L’OZP-------
n°136, novembre 2018

Compte rendu de la 165ème rencontre du 7 novembre 2018

De gauche à droite : Marc Bablet, Jean-Yves Rochex, Anne Armand, Marc Douaire, Jean-Michel Zakhartchouk

Quel avenir pour l’éducation prioritaire ?

Au cours de la rencontre du 7 novembre, l’OZP a présenté ses initiatives pour engager un processus d’évaluation de la politique d’éducation prioritaire.
En effet, l’Education prioritaire est de nouveau sur la sellette. Des déclarations récentes du ministre de l’Education nationale laissent craindre que la politique d’éducation prioritaire ne se trouve confondue avec d’autres (ruralité, outre-mer…) dans un ensemble fourre-tout intitulé politique des territoires.
Depuis sa fondation en 1981, l’Education prioritaire (EP) a constamment subi des périodes de silence, d’abandon ou de dénaturation. La concertation nationale de 2012 et la tenue d’assises académiques avaient conduit à une refondation de cette politique en 2014. Au bout de 5 ans une évaluation de cette politique et des projets des réseaux est nécessaire.
L’OZP a demandé au ministre de l’Education nationale l’organisation de cette évaluation publique avec la participation de tous les acteurs de l’Education prioritaire. En l’absence de réponse positive, l’OZP a décidé de prendre l’initiative : constituer un conseil scientifique, organiser un séminaire le 8 décembre, préparer des documents d’aide à l’auto-évaluation des réseaux, etc.

Marc DOUAIRE a d’abord présenté la position de l’OZP dans le contexte actuel de l’éducation prioritaire : voir sur le site OZP ce même jour la déclaration intégrale du président de l’association sur « Le contexte de la politique d’éducation prioritaire et l’initiative de l’OZP pour une évaluation publique de cette politique ».

Il donne ensuite la parole à plusieurs membres du conseil scientifique de l’OZP présents à cette Rencontre : Anne Armand, Marc Bablet, Jean-Yves Rochex, Jean-Michel Zakhartchouk, qui disent la nécessité d’une évaluation dans les réseaux et celle de faire le point sur tout ce qui a été engagé dans la Refondation.
Le débat, en présence de 40 personnes, coordonnateurs de REP, principaux de collèges, enseignants, syndicalistes, journalistes, précisera les contours de cette évaluation et mettra en valeur ce qui a été entamé dans les académies, départements et réseaux dans le domaine de l’évaluation des projets de réseaux..

1)- En l’absence de pilotage fort, l’éducation prioritaire se délite
Le débat confirme les risques pointés par Marc Douaire dans sa déclaration liminaire.
Pour Marc Bablet, un pilotage fort est nécessaire pour que ce qui est déclaré prioritaire soit effectivement prioritaire. Si le niveau national ne veille plus, la priorité disparaît. Il donne comme exemple la « pondération" du service des enseignants de collège en REP+ : 10% du temps de service est prévu pour la concertation des équipes, mais, faute de pilotage, on constate que ce temps est maintenant rémunéré en heures supplémentaires-années (HSA) et non plus sur le temps de service.
De même, Marc Bablet souhaite que l’évaluation analyse ce qui a été inventé et réalisé dans le domaine de la formation dans les REP+ : l’analyse des besoins, la rapidité de la réponse aux demandes, le lien avec la recherche, etc.
J.-M. Zakhartchouk conteste les termes d’efficacité et d’autonomie qui abondent dans le discours ministériel. Il demande : veut-on la réussite de tous ou l’excellence pour quelques-uns en EP ? Il regrette aussi que le rapport parlementaire Juanico ait été escamoté.

Annie Catelas (SGEN) dit son inquiétude. Les CP à 12 se font au détriment du cycle III où les classes à plus de 25 élèves deviennent très fréquentes. Et nous avons beaucoup d’exemples où les ½ journées REP+ sont reprises en main sans concertation. En outre, l’évaluation reste au niveau des seuls pilotes.

2)- Les initiatives de l’OZP
La circulaire du 6 juin 2014 prévoit que les projets doivent être évalués et que la carte de l’éducation prioritaire soit revue. Nous avons été reçus par le cabinet du Ministre et notre demande d’une évaluation a été enregistrée. Sans réponse. Une lettre ouverte en septembre est restée ell aussi sans réponse du MEN. Nous prenons nos responsabilités et avons une démarche citoyenne : nous ne pouvons pas admettre cette absence de suivi.
Nous ne sommes pas la DEPP. Nous espérons que les initiatives académiques, départementales ou de réseau se poursuivront et que notre initiative contribuera les amplifier.
L’OZP souhaite que l’ensemble des réseaux entreprennent une auto-évaluation de leur projet et propose de apporter des éléments qui pourront les aider, qui pourront être mutualisés et servir ensuite à un débat de fond sur l’évolution de la politique d’éducation prioritaire.
Pour cela, nous avons donc constitué un conseil scientifique. Plusieurs de ses membres sont présents aujourd’hui. Ils piloteront un séminaire des acteurs de l’éducation prioritaire le 8 décembre prochain. Des chercheurs étrangers seront présents.
Trois ateliers ont été prévus :
Le référentiel d’éducation prioritaire
La formation
Le travail collectif
Ils produiront des éléments qui seront envoyés aux réseaux et publiés sur le site pour préparer la journée nationale du 26 mai 2019.
Dans le débat plusieurs suggestions d’indicateurs sont émises : le taux de décrochage en éducation prioritaire ou la réalité de la présence des parents en maternelle ?

3)- Que peut- on évaluer ?
L’observatoire ne pourra pas observer les performances. Il ne cherche pas une photo exhaustive et précise de la situation. IL s’agit plutôt de relever ce qui a pu être entrepris sur quelques points essentiels de l’éducation prioritaire. Voir les éléments d’aide publiés dans la même rubrique du site.
Pour Marc Bablet, les statistiques de résultats ne sont pas simples à comprendre. Il cite l’étude d’A. Stefanou à la DEPP comme exemple d’un travail prenant en compte cette complexité grâce à l’utilisation d’un panel d’élèves aux données très riches.
J.-Y. Rochex appuie ce point de vue : les données statistiques ne sont valides que « toutes choses égales par ailleurs » et souvent l’on n’a pas les moyens de respecter cette exigence. Ainsi, le coût des études PISA n’a pas permis de financer des analyses secondaires fines.
Il poursuit : On sait faire un état des lieux, un constat, mais on n’est pas en mesure de faire une évaluation. On peut décrire la grande diversité des situations et leur hétérogénéité mais comment distinguer les effets propres de l’ éducation prioritaire ?
De même pour la valeur ajoutée : il de faut pas confondre la valeur ajoutée "constatée" et la valeur ajoutée "produite" par l’établissement. Ne pas faire passer des constats pour des effets. lL temporalité des études est trop courte pour qu’on puisse passer du constatatif à l’interprétatif.
Il s’agit pour l’OZP de produire un état des lieux, de rassembler des éléments que des professionnels de métiers différents regarderont sereinement. L’objectif principal est de maintenir ouvert un chantier d’analyses de l’éducation prioritaire ainsi que le débat politique.

D)- L’évaluation des projets de réseaux engagée dans les académies et les réseaux
Plusieurs participants décrivent ce qui est déjà engagé dans leur académie.
Nathalie Keller (REP+ Rouault à Paris) : un travail sur l’évaluation des projets de réseaux a été lancé lors d’une réunion académique le 19 octobre. Avec notamment un document établi dans l’académie de Dijon sur la base du référentiel. Un questionnaire a été diffusé dans tous les réseaux. L’évaluation est limitée par le manque d’indicateurs dans le diagnostic établi lors de la conception du projet de 2014. Les évaluations en début de 6ème de la dernière rentrée s’avèrent très utiles.

M. Domerange et Laure Leon y Barellas, coordonnateurs à Saint Denis : une journée départementale a été organisée sur la base d’une conférence de la DEPP et a développée un réflexion collective de type "brain-storming" sur les possibilités d’utiliser les évaluations et les indicateurs pour aider concrètement les équipes.

Une journée semblable est prévue en Seine et Marne. Et une autre dans l’Eure selon Nathalie Lagouge. H. Bacon, principal de REP à Epinay-sous-Sénart, cite le dialogue engagé dans son réseau. La commission nationale EP du SNUIPP travaille également sur l’évaluation.

A François Jarraud qui demande « Qu’évaluez-vous ? », N. Keller (Paris) précise les 3 priorités de leur projet : - La maîtrise du langage - Le comportement citoyen - Les compétences culturelles.
Les 2 coordonnateurs de Saint Denis répondent à leur tour : nous avons par exemple évalué les résultats positifs des efforts entrepris pour stabiliser les personnels, en particulier les directeurs d’école : accueil des nouveaux enseignants, avec visite du quartier. Nous analysons aussi avec précision l’évolution du nombre d’années de retard selon les catégories de population, notamment la catégorie des x primo-arrivants, etc.
Sur le plan des pratiques pédagogiques, nous avons cherché si les CP à 12 avaient changé la manière de travailler des enseignants.
Ce qui amène la question de Tout Educ : « mais qui juge des changements de pratique professionnelle ? »
Le REP a développé les observations croisées : Les ½ journées de formation et l’existence de remplaçants rendent possibles ces observations collectives qui commencent par 45 minutes d’observation de classe suivies d’un regroupement. Pour chaque observation, l’attention se concentre sur un point défini à l’avance : l’aménagement de la classe, une séquence sur la numération, une autre sur la lecture ou sur les pratiques artistiques. L’IEN aussi observe des classes (mais pas dans une posture d’inspection.)°
L’IEN a entrepris des visites régulières de tous les enseignants en CP pendant la pause de midi et ces entretiens permettent de voir ce qui change.
Tout cela est repris par un groupe d’analyse des pratiques. La perception du changement est ainsi collective. Les enseignants peuvent dire : « j’ai changé de pratiques. » L’IEN les encourage à s’exprimer.
A Saint Denis, nous avons pu constater l’apport de 3 années de formation et de pratiques collectives dans le réseau, et cela dans le sens d’une plus grande maturité pédagogique.
Nathalie Lagouge confirme ce témoignage pour son réseau dans l’Eure.

En conclusion, un coordonnateur, approuvé par l’ensemble des présents, souhaite que l’on fasse savoir que l’éducation prioritaire permet aussi de faire réussir les élèves des catégories favorisées. Les enseignants en REP savent aussi travailler avec ces élèves.
Compte rendu rédigé par François-Régis Guillaume

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