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Séminaire national (22 juin 2017 : 100% de réussite au CP
Ce séminaire avait pour objectif de mettre en contexte la mise en place du nouveau dispositif du CP dédoublé en éducation prioritaire dans le cadre des programmes du cycle 2, où l’accent est mis sur l’apprentissage des fondamentaux. Il s’est appuyé sur le référentiel de l’éducation prioritaire.
Cela a été l’occasion de revenir sur les résultats de la recherche en didactique de la lecture et de la production d’écrit, qui font désormais consensus, et de présenter les ressources afin de nourrir la réflexion pédagogique et étayer les gestes professionnels des enseignants.
Il a permis également d’insister sur les pratiques les plus efficaces avec des petits groupes d’élèves.
La réflexion portait enfin sur les modalités d’accompagnement du dispositif en académie.
Source Eduscol
Programme de la journée
♦ L’ouverture du séminaire : Jean-Marie Panazol, IGEN, directeur de l’ESENESR
♦ L’intervention de Christophe Kerrero, directeur de cabinet du ministre de l’éducation
♦ La conférence plénière de Stanislas Dehaene, professeur au collège de France en psychologie cognitive expérimentale
site : Le collège de France : Stanislas Dehaene
site : Mon cerveau à l’école
Apprendre à lire, des sciences cognitives à la salle de classe, Odile Jacob sciences, 2015
Les Neurones de la lecture, Paris, Ed. Odile Jacob, 2007
→ Lien vers la page dédiée aux apports des sciences cognitives
♦ Les tables rondes :
Les conditions de la réussite du CP à 12 : focus sur la lecture/écriture (Voir aussi Extrait ci-dessous)
Quel accompagnement pour les enseignants de CP ?
♦ L’intervention de Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Education nationale
Extrait de cpd67.ac-strasbourg.fr : 100% de réussite au CP
Table ronde : Les conditions de la réussite du CP à 12 : focus sur la lecture/écriture Juin 2017
- Yves CRISTOFARI, IGEN, groupe de l’enseignement primaire
- Maryse BIANCO, professeur des universités et chercheur au laboratoire de sciences de l’éducation de Grenoble « Du langage oral à la compréhension des textes »
- Michel FAYOL, professeur émérite et membre du laboratoire de psychologie sociale et cognitive de l’université Blaise-Pascal de Clermont-Ferrand
-Marie-Hélène LELOUP, IGEN, groupe de l’enseignement primaire
- Daniel AUVERLOT, recteur de l’académie de Limoges
Maryse Bianco
[...] L’effet des petits groupes et les modes d’enseignement efficaces :
Une étude a permis de synthétiser un ensemble de recherches sur ces programmes
efficaces de la lecture (Slavin 2011) : 3 conclusions importantes :
- les programmes efficaces ce sont les programmes qui aident à l’acquisition du
principe alphabétique,
– ce qui aide les élèves en difficulté en lecture c’est une aide individualisée,
un travail en petit groupe de niveau homogène (4/5 élèves) pour un
travail de remédiation.
L’enseignement en classe entière peut aussi être efficace pour peu qu’il soit explicite,
structuré, qu’il réponde à un certain nombre de principes que Stanislas Dehaene
a évoqué (cf. CR de la conférence plénière). Un enseignement en classe entière et d’autant plus à effectif réduit peut réduire le nombre d’élèves en difficulté. On peut, par cette manière, limiter le nombre d’élèves qui vont être en difficulté dans l’apprentissage de la lecture. Il en restera toujours, et pour ceux-là, les petits groupes de 4/5 pour un travail spécial, est nécessaire.
On observe les mêmes résultats lorsqu’on regarde les recherches sur le développement du langage oral et la compréhension orale pour les enfants à
risques. On observe des résultats positifs lorsqu’ils sont en petit groupe. Un autre travail montre la nécessité de cette différenciation. Les auteurs américains ont parlé d’instruction individualisée pour les élèves (Connor 2011). L’objectif était d’observer les pratiques dans les classes et de mettre en apport les pratiques
enseignantes avec les progrès des élèves en ayant une évaluation au début et à la
fin de l’année scolaire. Ces observations ont été minutées donc les auteurs ont pu catégoriser les pratiques des enseignants et surtout le temps qu’ils passaient à ces pratiques : des maitres qui guident l’attention des élèves, qui laissent les enfants plus en autonomie, qui enseignent plus le code, qui enseignent plus le sens, qui organisent leur classe de manière collective/petit groupe/individuelle... Le résultat saillant de ces travaux a été de montrer que plus les enfants sont faibles et plus ils sont jeunes (GS,-CE2) plus ils ont besoin d’un guidage de l’enseignement c’est-à-dire structuré dans lequel c’est l’enseignant qui centre l’attention des élèves sur le travail qui est à réaliser.
En revanche, meilleurs sont les élèves, plus ils peuvent bénéficier d’un travail en autonomie qui les challenge et qu’ils peuvent prendre en charge.
Ça a conduit ces auteurs à proposer qu’à partir d’évaluations régulières du niveau des élèves et de leurs progrès, on peut constituer des groupes de travail de
niveau homogène avec des enfants qui peuvent être laissés en autonomie pendant qu’on va travailler plus spécifiquement avec des enfants en difficulté. L’enseignant va pouvoir guider et centrer surtout l’attention des élèves sur
les tâches qu’ils ont à réaliser. Le programme de Grenoble « Parler » avec Michel Zorman (réalisé il y a 10 ans mais publié en 2015) a mis en place les principes d’un travail différencié et d’un enseignement par petit groupe. Dans ce travail, ça a consisté à prévenir la difficulté scolaire dans des écoles qui reçoivent des famille
s à risque. Il y avait des évaluations périodiques sur le langage et qui permettaient de mettre en place des petits groupes de travail plus ou moins intensif en fonction du niveau des élèves. Au bout des 3 ans, en fin de CE1 en compréhension de lecture, les élèves du groupe « Parler » avaient rejoint les performances nationales en matière de compréhension de l’écrit mais surtout les difficultés étaient plus faibles que dans le groupe national.
La majorité des recherches qui s’intéressent à la difficulté scolaire indiquent qu’il est
nécessaire de travailler à l’aide de petits groupes d’élèves et de niveau homogène
lorsqu’il s’agit de remédier à une difficulté particulière.
Le compte rendu du Café pédagogique
Apprentissage de la lecture : Les documents du séminaire national
Alors que le ministère met en place les CP dédoublés dans les Rep+, il fait aussi pression pour faire évoluer les méthodes d’apprentissage. C’était tout l’objectif du séminaire national réuni à Strasbourg le 22 juin et dont les verbatim sont publiés sur le site académique.
On notera le tri très orienté des participants. Les spécialistes des neurosciences dominent (S Dehaene, M Bianco). M Fayol participe à une table ronde. R Goigoux, dont l’étude sur la lecture fait référence est cité notamment par M Fayol, mais pas invité.
On notera aussi le grand écart entre les politiques et les scientifiques. C Kerrero, qui ouvre le séminaire, n’hésite pas à mettre en avant le dispositif Parler ou l’ouvrage de Garcia et Olier, deux références qui ne font pas l’unanimité à l’éducation nationale. Il fat référence aux programmes de 2008 en maternelle pour ne vanter les "résultats". Selon lui il ne s’agit pas "d’imposer une méthode" auprès des enseignants mais l’évaluation qui est annoncée doit permettre de les "mobiliser"…
En face de bulldozer politique, les tables rondes scientifiques sont plus nuancées. M Fayol, notamment, montre que pour avoir un effet le dédoublement doit continuer au-delà du CP. Or l’extension à tous les CE1 de l’éducation prioritaire, promise par le candidat Macron, est maintenant remise sans date par le ministère. Une réflexion est aussi lancée sur la compréhension. Le décodage ne suffit pas et la compréhension reste quelque chose de complexe, reconnait M Bianco.
Extrait de cafepedagogique.net du 08.11.17 : Apprentissage de la lecture : Les documents du séminaire national