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Débat autour de la maternelle pour les moins de trois ans

25 septembre 2013

Cette rentrée, Vincent Peillon élargit le nombre d’enfants scolarisés avant 3 ans. Est-ce une bonne idée ? Questions à Agnès Florin, spécialiste de la question.

[...] Vous avez conduit plusieurs études comparatives sur le niveau des enfants lors de leur entrée au CP : avez-vous constaté qu’une scolarisation avant 3 ans était un plus pour eux ?

 Si l’on compare des enfants nés le même mois et issus des mêmes catégories sociales, on constate effectivement un impact positif à l’entrée au CP, notamment sur ce qu’on nomme les "compétences langagières". Mais cet apport est observable uniquement chez les enfants des milieux les moins favorisés. Pour les autres, il n’est pas significatif.

Donc la volonté de Vincent Peillon de réserver ces classes aux enfants les plus modestes est frappée au coin du bon sens ?

 Plutôt, oui. Mais il faut préciser une chose : on sait que l’impact de cette scolarisation précoce ne compensera pas les retards entre les enfants selon leur trimestre de naissance [ceux qui sont nés en fin d’année connaissent en moyenne plus de difficultés scolaires que ceux qui sont nés au début, NDLR], ni les écarts sociaux. Disons donc que la mesure va dans le bon sens, mais qu’elle ne résoudra pas les inégalités constatées de longue date.

Est-ce que le ministère prend cette problématique complexe par le bon bout ?

 Je constate en tout cas que Vincent Peillon a publié une circulaire tout à fait pertinente sur le sujet. Je ne sais pas si elle sera partout suivie d’effets sur le terrain, mais il est rappelé ce point essentiel : la scolarisation des moins de 3 ans doit être inscrite comme un vrai projet de l’école. [...]

Extrait de nouvelobs.fr du 17.09.13 : Scolarisation avant 3 ans. Cela ne résoudra pas les inégalités

 

"L’école à deux ans , une chance pour eux"
Volontaire pour prendre en charge ces tout petits, l’enseignante partage avec de nombreux collègues la conviction que « la maternelle dès deux ans, c’est une chance pour ces enfants ». Pour preuve, en classe, Anne-Laure gesticule beaucoup : « Je parle volontairement avec les mains car plusieurs enfants ne comprennent pas le français ».

Dans ce quartier montcellien [Montceau-les-Mines] du Plessis, classé en éducation prioritaire, sont scolarisés de nombreux enfants dont les parents sont issus de l’immigration. Certains prennent à la maternelle leur « premier bain de langue française », selon les mots de Patrice Basset, inspecteur de la circonscription. « Aujourd’hui, avec le satellite, même la télévision ne leur donne plus à entendre le français », ajoute Pierre Suchet, directeur de l’établissement.

C’est précisément pour ces jeunes-là, mais aussi pour ceux issus de familles socialement défavorisées, que la scolarisation précoce est bénéfique [...]

Extrait de lejsel du 16.09.13 : Les enfants de deux ans de retour en maternelle

 
Une mesure déjà critiquée par de nombreux pédopsychiatres. Invitée de RTL, la pédiatre et ancienne députée [UMP] Edwige Antier dénonce "une violence institutionnelle" faite aux touts petits.

Pas suffisamment de moyens
[...] Dans la circulaire on ne nous donne pas le nombre d’enfants par adulte. L’institution n’a pas les moyens adaptés pour donner aux touts petits la base affective nécessaire à leur développement."

Une école inadaptée
[...] "On pourrait les mettre à l’école le jour de leur anniversaire des deux ans. Le problème c’est que notre école n’a plus rien de maternel. Donc c’est une violence institutionnelle qu’on risque de faire à plein de touts petits qui ne parleront pas la langue de l’école. L’école aujourd’hui, ce sont des cours de récréation extrêmement violentes, des cantines extrêmement bruyantes pour leurs petites oreilles. Et qu’est-ce-qu’on garantit comme encadrement pour ces petits enfants ?", s’interroge-t-elle.

Privilégier l’ouverture de grandes sections dans les crèches
Pour sortir de l’ornière, Edwige Antier préférerait que le gouvernement mise sur les crèches, plus qualifiées selon elle pour s’occuper des jeunes enfants. "Le personnel de crèche peut déjà vous dire que la troisième année, c’est un programme pédagogique avec la langue et tout le reste, mais il faut un adulte pour huit enfants, pas plus. Il faut ouvrir de grandes sections de crèches. Elles tendent les bras. Elle existent. Ce sera plus souple et maternant."

Extrait de rtl.fr : L’école n’a plus rien de maternel, regrette une pédiatre

 

Maternelle, toutes !
Vincent Peillon prône la scolarisation dès deux ans pour lutter contre les inégalités et favoriser l’intégration et la socialisation. C’est depuis une école de Marseille, lieu hautement symbolique en ce moment pour ce qui relève de la communication, que le ministre a fait l’annonce. La scolarisation des moins de 3 ans s’affiche donc comme une priorité, même si selon le Figaro “autour de cette question, deux postures s’affrontent immuablement. D’un côté, les tenants d’une entrée précoce dans les apprentissages, qui aurait des effets positifs sur les performances scolaires et les trajectoires de vie, de l’autre, ceux qui, parmi les pédopsychiatres, dénoncent des risques de traumatismes liés au choc de la collectivité.”
Précisons toutefois que la scolarisation des deux ans est surtout vue comme un moyen de lutter contre les inégalités.

Extrait de cahiers-pédagogiques.com du 16.09.13 : Revue de presse des Cahiers pédagogiques

 

Extrait de franceinfo.fr du 17.09.2013 : Programmes du primaire : trois réformes en 10 ans

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