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Journée OZP 2008. Atelier "Mettre au travail ou mettre en activité ?", avec l’ICEM-Pédagogie Freinet

28 juin 2008

Journée nationale OZP : 17 mai 2008

Atelier n°5

Mettre au travail ou mettre en activité ?

Intervenant  : Marcel Thorel,
membre de l’équipe pédagogique de l’école (en RAR) Mons-en-Barœul (59)

Animatrice  : Elisabeth Bisot,
IA-IPR

Cet atelier a rassemblé entre 15 et 20 personnes autour de Marcel Thorel, enseignant de l’école de Mons-en-Baroeul venu témoigner de l’expérience menée depuis 2001 dans cette école qui fait aujourd’hui partie d’un RAR.

Ce groupe scolaire composé de 9 classes (5 en élémentaire, 4 en maternelle) était menacé de fermeture : violences, mauvais résultats scolaires, fuite des élèves, dans cette académie où la carte scolaire n’existe pas...

A la rentrée 2001, pour tenter de redresser cette situation, un dispositif original est mis en place. Les 9 enseignants sont remplacés par 9 enseignants « Freinet » dont le projet va être l’objet d’observations et d’évaluations menées par des chercheurs du laboratoire « Théodile » : analyse d’indicateurs d’évaluations externes (évaluations CE2, sixième), internes, étude des phénomènes de violence, comparaison avec des écoles témoins, etc.

L’intitulé de l’atelier oppose de manière un peu provocatrice le « travail » et « l’activité » de l’élève. L’expérience de Mons-en-Baroeul, rapidement décrite par M. Thorel, a servi de point de départ à notre débat pour deux raisons principales :
 le mouvement Freinet développe avec les élèves une mise en activité « authentique » considérée comme un des fondements de l’apprentissage ;
 l’évaluation réalisée par le laboratoire Théodile est positive en terme de comportement des
élèves (baisse significative et rapide des phénomènes de violence), de résultats scolaires (bonne intégration des élèves en sixième), en terme enfin d’image de l’école auprès des parents.

Une réflexion sur la tension pouvant exister entre « activité des élèves » et « entrée réelle dans les apprentissages » pouvait donc trouver dans cette expérience une entrée intéressante.

Présentation de l’expérience de Mons-en-Barœul

Les enseignants étaient tous « chevronnés », décidés à mettre en place les principes d’une pédagogie Freinet, de la petite section au CM2. Le centrage sur les apprentissages est affirmé très largement, les élèves, libres de leur mouvement (se lever, boire, se déplacer...), ont appris le chuchotement, sorte d’ambiance de recueillement. Le travail et l’organisation de l’école sont coopératifs, régis par des conseils d’enfants, d’école...

Le lien avec les parents est organisé autour (par exemple) :
 d’ateliers du soir qui les réunissent avec les enfants ;
 de la dernière heure du vendredi qui leur permet de venir voir les travaux réalisés par les enfants ;
 d’entretiens individuels deux fois par an pour échanger autour du travail de chaque enfant (l’école ignore les notes et classements mais a conservé la référence classique « 1 maître/1 classe. »

Un des principes de cette école était de remettre les enfants au travail en même temps qu’en activité, en créant une culture propre, commune, pour s’ouvrir sur le monde.

L’école dispose de deux BCD : l’une classique et l’autre qui rassemble les travaux des enfants : affiches, comptes rendus de visites, enquêtes, correspondances, liens avec des auteurs, etc. Elle constitue ce qui est appelé un patrimoine de proximité, base du travail des enfants, le principe étant de partir de leurs productions pour construire le patrimoine commun qui peu à peu s’élargir sur une culture plus universelle. La constitution de ce patrimoine permet à l’enfant de faire et d’apprendre en faisant : devenir mathématicien en faisant des maths, être écrivain en écrivant, lors d’activités réelles de « faire" authentiques...

Ce principe est souvent mis en avant dans les pédagogies dîtes actives : donner du sens et motiver les apprentissages par une mise en activité authentique. Toutefois, on sait les réserves qui ont été apportées quant à ces activités : l’apprentissage à réaliser peut s’y trouver caché car non explicite pour un élève qui, centré sur une tâche, se méprend sur ce qui important, sur ce qui doit le mobiliser intellectuellement et être l’objet de l’apprentissage au-delà du faire.
C’est pourquoi ce principe « l’élève apprend en faisant » est mis en articulation avec d’autres principes : « l’élève apprend aussi en se distanciant du faire », « l’élève apprend au travers d’une multiplicité de rôles. »

Débat

Pourquoi mettre en opposition le travail et l’activité ? L’élève peut se mettre en activité pour éviter le travail, pour ne pas prendre de risque et se borner à être un exécutant de tâches, ou bien peut ne pas comprendre l’activité intellectuelle réelle qui est demandée ni l’apprentissage qui le sous-tend.

Un participant évoque le récent livre de Stéphane Bonnery qui analyse des parcours et postures d’élèves, ainsi que les profonds malentendus qui en découlent.

La mise au travail des élèves, si elle est nécessaire, est difficile à mettre en œuvre effectivement. Quelques participants posent la question la question franchement : « Est-elle même possible au collège dans un format de 50 minutes ? »

Les élèves ont évolué mais l’enseignement reste malgré tout très descendant et magistral et le format contraint. La réticence de certains enseignants à mener des cours sur une durée plus longue est évoquée : si deux heures paraissent très longues à un professeur du secondaire, c’est parce qu’il envisage d’enseigner pendant deux heures de la même façon qu’en 50 minutes, sans changer sa pratique...

Des expériences d’organisations différentes sont relatées ; elles permettent de favoriser la mise au travail de l’élève.
 Dans un collège, les horaires disciplinaires « planchers » ont été mis en place tandis que les heures rendues ainsi disponibles ont été utilisées à des travaux en modules.
 Ailleurs, les élèves en difficulté ont été regroupés pour un module intensif en français, format qui permet d’autres approches.
 Dans un autre établissement, les heures sont annualisées afin de casser la grille classique et permettre des travaux en ateliers.
 Ailleurs encore, les cours se font sur des plages de 2 heures pour éviter l’éparpillement.

Sur un autre plan, on regrette que le programme ne soit finalement pas transmis aux élèves qui le subissent ; on pourrait imaginer, et certains le font, de distribuer le programme aux élèves, de prévoir avec eux les points traités par l’enseignant, les sujets qui peuvent faire l’objet de travaux des élèves eux-mêmes (travaux de groupes, recherche, etc.) Professeurs et élèves construisent alors ensemble un plan de travail.

Une question taraude les personnes réunit dans cet atelier et servira de conclusion, question à laquelle chacun s’attache à trouver des réponses localement.
Comment faire bouger les choses, entre l’expérimentation telle que celle de Mons-en-Baroeul et... rien ? Comment faire ?
Comment dans un système contraint, ordinaire, faire bouger les pratiques, les organisations, ensemble ?

Compte-rendu rédigé par Michèle Coulon,
CAREP de Reims

Ci-dessous une version en format PDF, à la mise en page plus élaborée.

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