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"Noël de l’innovation, ne plus nommer de jeunes professeurs dans les ZEP !" (Claude Lelièvre sur son blog)

22 décembre 2022

Noël de l’innovation : ne plus nommer de jeunes professeurs dans les ZEP !
C’était une promesse du candidat Emmanuel Macron avant son élection à la présidence de la République en 2017. Au moins, cette innovation serait de taille, et on pourrait commencer à croire aux autres. Ce serait une indication incontournable d’une politique scolaire se préoccupant des élèves les plus déshérités.

« Nous n’affecterons plus aucun professeur (hors choix motivé) en zone prioritaire pendant ses 3 premières années d’enseignement. Les jeunes enseignants sont sur-représentés dans l’Education prioritaire [...] Comment accepter que les enseignants les moins expérimentés soient chargés de faire réussir les élèves qui rencontrent le plus de difficultés ? (programme du candidat sur le site ’’En marche’’ en 2017). Mais sous le premier quinquennat d’Emmanuel Macron, il n’y a eu aucune disposition significative prise en ce sens par son inamovible ministre de l’Education nationale Jean-Michel Blanquer.

On a observé assez vite après la mise en place des ZEP un certain turn over des enseignants et leur rajeunissement dans les ZEP. Une forte rotation des personnels ne favorise pas la mise en place de projets éducatifs spécifiques. Et on peut légitimement se demander si la jeunesse des enseignants ne serait pas un facteur pénalisant pour leurs élèves.

Or selon certaines études qui ont fait date, il apparaît que la capacité des enseignants à améliorer le niveau de leurs élèves progresse au cours des toutes premières années d’expérience. À l’inverse, il semble que cette capacité atteigne ensuite un palier et ne redescende pas en fin de carrière (Rivkin et al., 2005 ; Clotfelter et al., 2006). On observe ainsi un effet d’apprentissage, les enseignants sortant de formation n’étant pas tout de suite aussi performants que ce qu’ils seront après quelques années d’expérience.

Actuellement, l’Etat s’en sort ’’à bon compte’’ financièrement. L’encadrement en ZEP est certes un peu plus nombreux, mais cela est ’’compensé’’ financièrement par le fait que ce sont de jeunes enseignants qui sont le plus souvent en ZEP et qu’ils coûtent moins cher que les autres parce qu’ils sont en début de carrière. In fine, l’’’effort’’ consenti pour les ZEP ( zones d’éducation ’’prioritaire’’) n’est qu’en apparence ’’prioritaire’’.

Certes, ce n’est pas facile de sortir de ce cercle ’’vicieux’’. Cela passe par une autre gestion des corps enseignants, par d’autres règles de nominations, par des intéressements significatifs de revenus et de carrière en faveur de ceux qui se retrouveront en ZEP pour une période en principe assez longue.

Mais c’est à ce prix (qui prendrait en compte réellement les conditions particulières d’exercice du métier) que l’on pourrait réellement progresser et parler sans hypocrisie ou double langage de ’’zones d’éducation prioritaires"). Sans compter que cela pourrait avoir un réel effet sur l’attractivité du métier d’enseignant, nombre de postulants potentiels appréhendant de se retrouver dans la situation d’une sorte de ’’bizutage’’ en début de carrière dans des zones d’éducation dites "prioritaires".

Bref, cette question (et cette ancienne promesse) de la nomination ou non des enseignants en début de carrière dans les zones d’éducation prioritaires n’est pas un "détail" et peut être une pierre de touche de la "refondation" de l’Ecole évoquée par le Chef de l’Etat, au moment même où le ministre de l’Education nationale Pap Ndiaye a annoncé un redécoupage de ces zones et où une mission parlementaire sur l’éducation prioritaire a été lancée mi-novembre par la commission des affaires culturelles et de l’éducation de l’Assemblée nationale.

Extrait de mediapart.fr./claude-lelievre du 21.12.22

 

Voir le MC : GRH. Débutant (gr 3)/

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