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Un REP est créé dans le canton de Genève

25 août 2006

Extrait du « Courrier » du 25.08.06 : L’Etat veut renforcer l’école dans les quartiers populaires

Rentrée scolaire

Près de 70 000 élèves reprendront l’école lundi. Le chef de l’Instruction publique annonce un projet pilote qui vise à soutenir les écoliers de quartiers en difficulté. Sans moyens supplémentaires.

Quinze ans après la création des ZEP (Zones d’éducation prioritaire) en France, le canton de Genève crée un REP, un Réseau d’enseignement prioritaire pour l’école primaire. Basé sur le même principe, le projet pilote vise à lutter contre l’échec scolaire et remédier aux piètres résultats de nombreux élèves dans les quartiers populaires. Une démarche perçue comme « une première étape vers une révision de la gestion des écoles », précise le Département de l’instruction publique (DIP).

« Nous avons tenu à développer une réponse qui s’attaque au mal-développement genevois, a expliqué hier Charles Beer, conseiller d’Etat en charge du DIP. Une bonne partie de l’échec scolaire est en lien direct avec l’éclatement social et la montée des inégalités à Genève, tout comme le recul de la mixité dans les quartiers populaires ». Plus clairement dit : « Ce sont les pauvres qui ont le plus de difficultés à l’école », a poursuivi le magistrat.

Dans un premier temps, c’est l’école des Tattes/Gros-Chêne à Onex -où deux tiers des familles font partie des catégories socio-professionnelles inférieures ou sans statut- qui testera les mesures proposées. Avant d’être appliquées plus largement, si elles sont couronnées de succès, aux écoles des Allobroges, de Châtelaine, des Libellules, du Lignon, de Chateaubriand et de la Roseraie, d’ores et déjà mises en réseau avec cette expérience.

Le paquet sur les appuis

Mais aucun moyen supplémentaire ne sera pour l’instant dégagé, restrictions budgétaires oblige. Même si le DIP est le seul département du canton à bénéficier d’une légère augmentation des postes cette année, (lire ci-dessous). Preuve de la priorité accordée à l’éducation à Genève, selon le conseiller d’Etat Robert Cramer.
Seules voies possibles dans cette optique : réallouer les moyens à disposition, et modifier les structures scolaires en vue d’une plus grande efficacité.

L’appui scolaire sera d’abord renforcé. La direction de l’enseignement primaire a obtenu la création d’un « regroupement spécialisé » à l’école des Tattes, qui lui vaudra l’arrivée de deux nouveaux professeurs. Ceux-ci seront affectés au suivi des élèves en difficulté placés dans des classes dites « normales », et non des classes spécialisées. Innovation qui vise une meilleure intégration des élèves. Le dispositif sera complété par l’engagement d’un éducateur spécialisé du Service médico-pédagogique, amené à rendre visite aux élèves à leur domicile.

Autre nouveauté : les enseignants titulaires, responsables de classes, n’assisteront plus aux cours donnés par les maîtres spécialisés, comme la gymnastique ou la couture, mais consacreront ce temps (une demi-journée par semaine) à donner des cours d’appui en lecture à des élèves d’autres classes.

L’école des Tattes/Gros-Chêne a aussi pour ambition de renforcer les liens avec les parents et la commune d’Onex pour envisager des actions conjointes et une meilleure coordination. Ils se retrouveront notamment au sein d’un conseil d’établissement, nouvel organe délibératif de l’école. Mais le pouvoir sera désormais concentré aux mains d’une « direction », nouvelle fonction à l’école primaire, remplaçant les deux actuels responsables d’école. La personne en charge de la direction aura le rang d’inspecteur-trice et disposera de compétences hiérarchiques sur les autres enseignants.

Syndicat furax

Pour la rentrée 2007, l’établissement d’Onex accueillera également les enfants le mercredi. Le matin pour des cours, destinés à combler leurs lacunes, l’après-midi pour des activités culturelles ou sportives, en collaboration étroite avec des associations de la commune.

Mais le syndicat du primaire, la Société pédagogique genevoise (SPG), ne l’entend pas de cette oreille : « Alors que nous sommes en discussion étroite avec le DIP pour revoir la structure de l’école, nous n’avons pas été consultés sur le projet des Tattes. Or, il pose problème. Ce n’est pas un projet pédagogique, mais politique », s’emporte son président Olivier Baud. La création d’une fonction de directeur-trice dans les écoles, ainsi que le retour du mercredi matin sont loin de réunir l’accord du corps enseignant, selon lui. De plus, l’expérience ne pourrait être étendue : « Il est faux de parler de projet pilote car s’il n’y a pas de moyens, on ne peut l’appliquer à d’autres écoles », souligne-t-il. I

Christophe Koessler

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