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Plus de postes en primaire, moins dans le secondaire : quels moyens à la rentrée 2019 ?
L’école primaire bénéficie de plus de 2 000 emplois supplémentaires. Le nombre de postes est à la baisse dans les collèges et les lycées.
C’est une étape convenue et néanmoins attendue. Chaque année, à l’approche des congés de Noël, l’éducation nationale livre une première photographie de la rentrée scolaire à venir en rendant publics, académie par académie, les moyens d’enseignement octroyés aux écoles, collèges et lycées.
La surprise est relative. Ces chiffres reflètent, peu ou prou, les lignes budgétaires divulguées à l’été. Il n’empêche, les tableaux détaillant les « équivalents temps plein » (ETP dans le jargon de l’école) communiqués mercredi 19 décembre par le ministère de l’éducation, renseignent sur les créations ou les suppressions de postes pour septembre.
Priorité au primaire
Sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy, année après année, cette carte a ainsi dessiné quelque 60 000 suppressions d’emploi. Sous la présidence de François Hollande, presque autant ont été créés.
La rentrée 2019 – la troisième de l’ère Macron, la deuxième préparée par Jean-Michel Blanquer, son ministre de l’éducation – marque, comme sous la gauche, la priorité donnée au premier degré. En 2019-2020, 2 175 postes supplémentaires sont octroyés à l’école primaire, alors même que le nombre d’écoliers attendus est en déclin (– 33 600 selon les dernières prévisions). Ce chiffre atteint 2 375 postes si l’on tient compte d’une « réserve » de 150 emplois dévolue, notamment, à la scolarisation d’enfants autistes.
Extrait de lemonde.fr du 19.12.18 : Plus de postes en primaire, moins dans le secondaire : quels moyens à la rentrée 2019 ?
Carte scolaire 1er degré : Aucune création de postes dans une académie sur trois
Pas de surprises dans le premier degré. Le ministère a communiqué au Comité technique ministériel du 19 décembre la répartition des créations de postes à la rentrée 2019. Dans 13 académies sur 31 il n’y a aucune création de postes alors que toutes vont devoir dédoubler des classes de CE1. Après une année 2018 qui était en retrait par rapport à 2017, 2019 marque un nouveau ralentissement dans les créations de postes dans le premier degré alors que le gouvernement fait de l’école primaire sa vitrine sociale.
Des dédoublements non financés
2017 avait vu 4211 nouveaux postes créés dans le premier degré. On était passé à 3680 à la rentrée 2018. A la rentrée 2019, seulement 2325 postes sont ouverts dans les classes (1800 créés et 525 par l’arrivée de fonctionnaires stagiaires) alors que le ministre a décidé d’achever les dédoublements en CE1 en Rep et Rep+.
Or ces nouveaux dédoublements vont absorber 4000 postes, selon notre estimation. Certes la baisse démographique dans le premier degré va permettre d’économiser des postes, environ 1300. Mais il devrait encore manquer quelques centaines de postes : environ 400 selon notre calcul, le double pour le Snuipp Fsu. Cela obligera le ministère à puiser à nouveau dans les maitres + restants.
Des inégalités entre les académies
La répartition des postes est surprenante. Des académies sont particulièrement mal traitées. C’est le cas de Lille, une académie où il y a de nombreuses écoles Rep, et où il n’y a que 44 postes créés (312 en 2017). C’est pire à Amiens où seulement 15 postes ont ouverts contre 103 l’année dernière. Aix-Marseille voit le nombre de créations de postes divisé par deux. Créteil n’a que 502 ouvertures de postes , c’était 682 l’année dernière. Versailles passe de 609 à 462.
Inversement des académies sont favorisées. Paris, si convoité politiquement, qui perd des élèves, voit 40 créations de postes. Strasbourg, Toulouse, la Corse maintiennent leurs créations de postes ou peu s’en faut.
Enfin on compte 13 académies sans ouverture de postes, contre 8 l’année dernière. Dans ces académies, comme Nancy Metz, Nantes, Reims il y aura d’importants dédoublements. Ils seront fatalement réalisés aux dépens des maitres +, des remplaçants et de la maternelle.
Des taux d’encadrement améliorés ?
Le ministère promet que partout les taux d’encadrement s’amélioreront. Mais ce n’est pas l’avis des syndicats.
"On a ce à quoi on s’attendait", nous a dit Stéphane Crochet, secrétaire général du Se-unsa. Il y a un désaccord avec le ministère car il annonce une amélioration globale du taux d’encadrement alors que les moyens supplémentaires ne suffiront pas à poursuivre le déploiement des CE1 dédoublés. Derrière la moyenne positive, pour les élèves qui ne sont pas dans ces classes dédoublées, la situation va être identique ou moins bonne".
Surdité ministérielle
"Le gouvernement n’entend pas ce qui se dit dans les écoles sur le fossé qui se creuse entre la rue de Grenelle et le terrain", affirme Francette Popineau, co secrétaire générale du Snuipp Fsu. "Le terrain dit : attention aux difficultés croissantes dans l’école. Mais le ministre est sourd".
Pour F Popineau, il manquera 800 postes pour faire face aux dédoublements , sans parler des Rased et des remplaçants à recréer. "Le ministère ne finance pas les dédoublements qu’il a décidé", estime F Popineau.
Elle souligne aussi la taille des classes. "En dehors des classes dédoublées en CP et Ce1 Rep, on sera à 23.36 élèves par classe contre 21 en moyenne dans l’OCDE. En maternelle on sera en moyenne à 25. Où est l’amélioration ?"
François Jarraud
Extrait de cafepedagogique.net du 20.12.18 : Carte scolaire 1er degré : Aucune création de postes dans une académie sur trois
Voir aussi sur le site du Café pédagogique du même jour : Second degré : Une carte scolaire insincère