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Enseigner le temps en maternelle : des expériences dans des établissements prioritaires de l’académie de Nantes (Lettre du DSDEN 44, mai 2016)

21 juin 2016

Lettre des écoles maternelles n°14
Écoles maternelles 44
Cont@ct : Mission.Maternelle44@ac-nantes.fr

PRENDRE LE TEMPS DE COMPRENDRE LE TEMPS

Le temps occupe une place primordiale dans notre univers scolaire. De nombreux indicateurs de temps y sont présents, et les élèves entendent et utilisent quotidiennement différentes expressions langagières sur le temps. Pour autant, nous avons à ce point si bien intégré cette conscience du temps, en tant qu’adultes, que l’on pourrait oublier qu’il s’agit d’une acquisition lente et progressive.
Ainsi, le fait que le terme de « temps » est cité quarante fois dans le programme de l’école maternelle (six fois dès la première page) nous rappelle toute l’attention à porter à sa construction à l’école.

Pour le jeune enfant, le temps est une notion très floue et très vague. Il ne correspond à rien de matériel, ce n’est ni un objet, ni un lieu… Des termes tels que « demain », « hier », « aujourd’hui », ne désignent aucune réalité concrète pour le jeune enfant lorsqu’il arrive à l’école maternelle. Si pour nous, adultes, une phrase du type « la récréation est dans vingt minutes » ou encore « on part à l’école dans un quart d’heure » est très claire, il en est tout autrement pour un jeune enfant de trois ans.
« L’heure d’aller au lit », « le départ pour la crèche », « le moment où papa et maman rentrent » sont pour lui des repères bien plus évocateurs.
L’entrée à l’école maternelle marque l’entrée dans le temps social commun. L’enfant est alors confronté à un nouvel aspect du temps : passer d’un temps vécu individuellement au sein d’une famille où il est le centre de toutes les attentions, à un temps vécu collectivement, le temps commun à tous les élèves de sa classe.

Cependant, cette acquisition se fait le plus souvent par à-coups, avec de grands progrès, mais aussi des régressions. Ce développement obéit à un certain rythme et va passer du stade d’un temps « pratique » jusque vers deux ans (temps vécu) au stade d’une objectivation du temps, dépendante des représentations jusque vers sept ans (temps perçu).

Durant sa première année à l’école maternelle, l’enfant parviendra peu à peu à comprendre le déroulement d’une journée, grâce à certaines pratiques pédagogiques ritualisées qui faciliteront la construction de repères temporels réguliers partagés par l’ensemble de la classe. Cette première chronologie, même sommaire, sera appuyée par un accompagnement langagier.
Il s’agira d’amener l’élève, petit à petit, et à partir de son vécu personnel et scolaire, à construire des notions d’ordre et de successions d’événements pour le sensibiliser d’abord aux repères journaliers (jour, nuit, matin, midi, soir). Le repérage de moments clés et l’apprentissage de la comptine de la semaine lui permettront progressivement d’objectiver la notion de durée et d’accéder à la notion de cycle hebdomadaire puis enfin de cycle mensuel. Ces appréhensions successives, de plus en plus fines et approfondies, aboutiront à la maîtrise du concept dans son étendue et sa richesse. Par la construction d’outils de classe simples et progressifs l’enfant, pourra petit à petit comprendre le fonctionnement d’outils culturels complexes tels que les calendriers. Cet apprentissage se poursuivra en cycle 2.

L’enjeu pédagogique est donc essentiel, l’apprentissage du temps en milieu scolaire permettant en effet à l’enfant d’entrer tranquillement dans le temps social commun. Le temps scolaire apparaît comme un temps de transition entre le temps personnel de l’enfant et le temps normalisé de la société. Apprendre à vivre le temps commun à l’école, c’est progressivement respecter les rythmes et les règles de la vie collective et comprendre la périodicité.

Pour aller plus loin : Apprentissages et gestion du temps à l’école maternelle (doc. Académie de Lille, 5 pages)
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Des expériences dans vos écoles

Et après, on fait quoi, maîtresse ? On va où ?
École maternelle [REP+] Henri Bergson – Nantes
Contact : ce.0440714m@ac-nantes.fr

À la rentrée, pas d’emploi du temps affiché pour les élèves dans la classe de MS-GS. Non, une nouvelle aventure démarre et nous allons la construire ensemble.
« Et après, on fait quoi, maîtresse ? On va où ? ». Très vite, le besoin de créer un outil-repère se fait sentir. Comprendre l’emploi du temps ne peut dépendre du seul questionnement des élèves envers l’enseignante. Pour être en sécurité affective, l’enfant a aussi besoin de repérer les différents moments de la journée de classe.
Comment l’aider à savoir ce qui va se passer, à prendre conscience de la récurrence des activités, à comprendre les changements événementiels… ? Comment l’aider à structurer son temps d’écolier et à être autonome dans sa prise d’indices ?

On prend donc des photos au fil de la journée, des enfants en situation. On les montre ensuite aux élèves. Après le moment de description où chacun essaie de se retrouver ou de reconnaître les copains, on s’attache à mettre en avant le moment auquel renvoie la photo. Puis on passe à la phase de remise en ordre chronologique,
qui va mobiliser à la fois la mémoire des élèves sur l’enchaînement des activités et la référence aux images. On ne peut pas faire ensuite l’économie de l’explicitation sur la durée que représente cet enchaînement de moments, car c’est un pas pour l’élève de comprendre que tous les temps ensemble correspondent à une journée. Photos collées et légendées sur une affiche, un outil vient d’être construit avec et pour les enfants, un outil auquel ils pourront se référer, un outil agrémenté d’un petit personnage à déplacer tout au long de la journée, un outil qui pourra évoluer selon la vie de la classe.

Et demain on fait quoi, maîtresse ? Un autre outil à construire. L’aventure continue !

Les rituels pour favoriser l’acquisition des modes de travail scolaire…
École primaire [REP+] Françoise Dolto – Nantes
Contact : ce.0441879d@ac-nantes.fr

À leur arrivée en classe, les élèves de GS-CP de l’école primaire Françoise Dolto de Nantes sont accueillis par l’enseignant et l’ATSEM. Ils prennent leur étiquette prénom et l’apposent sur le tableau prévu à cet effet.
Comme tous les matins, les activités ritualisées se succèdent et ce tableau, entre autres outils, sert de support pour les premières activités mathématiques. Selon l’enseignant de cette classe, au-delà d’être des situations répétitives offrant des repères rassurants, la confrontation régulière avec les rituels est propice à créer chez les enfants des attitudes d’élèves.

Les rituels, pour ces élèves de GS, sont certes l’occasion de prendre des repères dans l’espace, le temps, reconnaître des mots fréquents, … mais c’est aussi l’occasion de s’approprier les modes de travail scolaire. Dans ces moments collectifs, au fil de la journée, il s’agit d’apprendre à réfléchir ensemble, en écoutant, comparant, ajustant sa réponse, sans prendre la parole de façon intempestive. Les élèves apprennent, en prenant confiance, à respecter des règles collectives et conduire une activité de réflexion s’appuyant sur des repères écrits. Ainsi selon l’enseignant, les rituels favorisent la construction de la posture d’élève.

La journée se termine… en partant, chaque élève replace son étiquette, prête pour un autre jour de classe.

Hier, je vais aller chez mamie

La construction du concept de temps est un processus long et délicat. L’enfant conceptualise le temps en prenant appui sur son vécu, sur la perception personnelle qu’il a de sa propre inscription temporelle. Il organise par la mise en mots des événements les uns par rapport aux autres, puis élargit progressivement cette chronologie à la journée, à la semaine puis à l’année. L’école maternelle propose très tôt des représentations sociales du temps (train ou roue de la semaine, calendriers, éphémérides…), espérant ainsi construire ce concept par imprégnation. Pourtant, ces supports sont d’une extrême complexité.
Première difficulté, la date est composée de quatre éléments fonctionnant selon des cycles différents. La semaine est composée de sept jours, le quantième est un cycle de trente ou trente et un jours, les mois sont au nombre de douze. L’enfant doit donc être capable de se repérer dans quatre rythmes différents et avoir compris que la date s’énonce dans un certain ordre. Ce découpage culturel est très complexe et nécessite de nombreuses connaissances sur le monde.
Deuxième difficulté, l’organisation des calendriers. Un calendrier tabulaire est organisé en colonnes qui se lisent de haut en bas. Chaque colonne est divisée en cases dédiées au jour avec l’initiale du jour et le quantième qui se lisent de gauche à droite. Une partition colorée renvoie aux jours ouvrés ou fériés. Pour se repérer dans le tableau, il faut avoir compris qu’il faut lire la colonne verticalement et que le trait horizontal que l’on rencontre symbolise le changement de jour. Par contre un déplacement horizontal d’une colonne à l’autre induit un changement de mois.
Tout ceci est extrêmement difficile à appréhender et ne peut relever des compétences d’un élève de maternelle. Mieux vaut laisser le temps au temps et amener l’enfant à conceptualiser le jour, puis la semaine, puis les mois sur des outils simples et uniques s’avérant sans doute plus efficients qu’une succession de gestes routiniers qu’il ne parvient pas à transférer.

Pour aller plus loin : [
Rituels et activités ritualisées à l’école maternelle (doc. Académie de Rouen, 36 pages)
Des histoires à l’histoire, ou comment faire de l’histoire avec des petits ? (Cahiers pédagogiques)
Albums autour du temps en maternelle (doc. Académie Orléans-Tours, 15 pages)

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Extrait de ia44.ac-nantes.fr : Lettre des écoles maternelles n°14 : PRENDRE LE TEMPS DE COMPRENDRE LE TEMPS (4 pages)

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