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Des CM2 de l’école primaire RRS Victor Schoelcher, à Montpellier co-créent, avec des élèves de 4 autres pays, une oeuvre sur la Grande guerre à l’aide du numérique

27 juillet 2015

Un projet eTwinning : Les élèves de CM2 venant de 5 pays différents (France, Écosse, Allemagne, Pologne, Belgique flamande) ont coopéré dans le cadre d’un programme eTwinning à la création d’une « œuvre mémorielle » sous la forme d’un carnet de guerre artistique alliant expression littéraire, plastique et numérique et traduisant le travail d’appropriation de l’héritage contemporain de la Grande Guerre. Béatrix Vincent, conseillère pédagogique à l’école primaire Victor Schoelcher, à Montpellier témoigne sur ce projet.

"Le projet a été mis en place en décembre 2013 avec pour objectif pédagogique de transmettre aux plus jeunes la mémoire des combattants de la Grande Guerre et plus largement, dans le cadre de la Mission Centenaire de la guerre 14-18, et de sensibiliser les élèves à l’héritage contemporain de ce conflit européen et mondial".

Le déroulement du projet

- Présentation du contexte en Europe

"Dans une première partie, le contexte en Europe est présenté à partir d’une carte et de quelques photos parlantes (utilisation du logiciel blabberize) de personnages emblématiques de cette époque, qu’ils soient issus du domaine politique, scientifique ou artistique".

- Présentation d’un Poilu de la région

"Dans une seconde partie, nous avons présenté un Poilu de notre région, quelques éléments biographiques et imaginé la correspondance qu’il aurait pu avoir avec sa fille, à l’occasion de la trêve de Noël (production d’écrits et d’illustrations)".

- Présentation du travail d’imprégnation

"Enfin, dans un troisième temps, nous avons présenté le travail d’imprégnation que nous avons mené sous forme d’un diaporama accompagné de la chanson de Craonne (un chant de guerre pacifiste) : lecture d’albums, visionnage de films, visites de lieux de commémoration et d’exposition, échange de fleurs symboles du souvenir, rédaction d’exposés, etc.

• Pour cela, nous avons d’abord convenu que les élèves échangeraient des fleurs en papier, symboles du souvenir (coquelicots en Écosse, bleuets en France, marguerites en Belgique, myosotis en Allemagne) et diverses références bibliographiques et sitographiques sur cette époque.

• Puis, nous avons décidé de créer des cartes d’identité de personnages emblématiques de cette époque afin de constituer un jeu de « qui est-ce » et travailler la description physique en langue étrangère (anglais et allemand), enfin de fichiers audio des descriptions de ces personnages, chacun s’exprimant dans sa langue maternelle de façon à créer des photos parlantes qui ont été placées sur une carte d’Europe interactive avec les outils blabberize et thinglink).

• Enfin, nous avons compilé ces différents éléments dans une présentation Prezi".

[Photos parlantes de Churchill qui se décrit en s’exprimant dans sa langue maternelle-http://blabberize.com/]

- Le travail d’imprégnation

Pour en arriver là, il y a eu d’abord un long travail d’imprégnation de la part de tous dans différents domaines

• Histoire : "des séances sur la violence du XXème siècle et notamment ce conflit mondial leur ont permis de bien comprendre à la fois le contexte, les tenants et les aboutissants de cette période".

• Maîtrise de la langue française : "les élèves ont lu et travaillé des albums (plusieurs livres de littérature de jeunesse ont été abordés : « le petit soldat qui cherchait la guerre » de Mario Ramos, « zappe la guerre » de PEF, « l’ennemi » de Davide Cali », « les deux soldats » de M. Piquemal, “La trêve de Noël” de Michael Morpurgo, “Le pacificateur” de Thierry Dedieu, “Le phare des sirènes” de Rascal, extraits de “Paroles de poilus”.
Certains ont fait l’objet de débat interprétatif, d’autres de lecture experte ou autre exploitation pédagogique). Ces textes, sur fond de première guerre mondiale, suscitent la réflexion, montrent l’absurdité de la guerre, mettent en exergue l’affection qui lie les soldats et leurs proches, des livres porteurs d’espoir en somme".

• Musique : "ils ont appris et chanté “la chanson de Craonne”, Chanson populaire et contestataire, créée et chantée par les soldats français durant la Première Guerre mondiale, entre 1915 et 1917 et “la butte rouge”, une chanson pacifiste".

• Arts visuels : "La signification du bleuet et du coquelicot, symboles du souvenir, a été abordée (les partenaires eTwinning anglais nous ont envoyé des photos de “poppies” qu’ils ont confectionnés). Ils ont également dessiné des soldats en respectant les uniformes des pays impliqués dans le conflit et ont travaillé sur la symbolique du bleu et du rouge à partir des illustrations d’albums lus et sur l’expression des émotions (violence des combats d’une part et douceur des sentiments de lien aux proches d’autre part)".

• Compétences sociales et civiques : "un travail a été amorcé sur le rôle et l’image de la femme pendant la guerre, dans le cadre de l’égalité filles-garçons (itinéraires de citoyenneté)".

- A noter également que :

• A deux reprises (nov-déc puis fév), les élèves ont bénéficié du prêt l’exposition de l’ONACVG sur la Grande Guerre.
• Ils ont visionné différents films, documentaires sur 14-18 (« Joyeux Noël » de Guillaume Canet, “Cheval de guerre” de Spielberg, « C’est pas sorcier »)
• Ils se sont rendus sur des lieux de commémoration (monument aux morts, statue de J. Jaurès, stèles aux victimes).
• Ils ont visité le site internet des archives départementales afin de trouver le nom d’un Poilu. Notre premier critère de sélection était qu’il ait vécu à Montpellier. Suite à cette première sélection, nous avons choisi M. Combecal pour différentes raisons.
• Ils ont imaginé, rédigé et illustré la correspondance épistolaire qu’un Poilu de notre région aurait pu avoir au moment de la trêve de Noël avec sa fille de 11 ans.

Twinspace

- Les principaux apports du projet

Ce projet a été une véritable réussite et les apports positifs ont été nombreux et conséquents.

• Éléments tangibles

Une présentation Prezi d’une « œuvre mémorielle » sous la forme d’un carnet de guerre artistique alliant expression littéraire, plastique et numérique et traduisant le travail d’appropriation de l’héritage contemporain de la Grande Guerre : “Des exposés, des dessins, etc.

• Eléments intangibles

◦ Amélioration des connaissances, des repères clairs et solides sur cette période. Les élèves ont été évalués dans le cadre habituel des enseignements. Grâce au travail de médiation à partir des albums, les élèves ont été amenés progressivement dépasser les concepts de gagnant/perdant de la guerre.
◦ Le centenaire de la première guerre mondiale a aussi été le fil conducteur de la liaison entre notre école et le collège dans lequel les élèves poursuivront leur scolarité. Lors d’une visite au collège, le 22 avril, les élèves ont travaillé :

◦◦ avec le professeur d’arts plastiques à partir d’ouvrages qui présentent entre autres des dessins, des croquis d’humour et des lettres d’amour entre des hommes plongés dans la guerre et des enfants qui grandissaient loin d’eux.

◦◦ avec les professeurs d’anglais, sur le lexique et les structures nécessaires à la description physique + les vêtements + les métiers à partir de « cartes d’identité » de personnages emblématiques de l’époque de la grande guerre (qu’ils soient des hommes politiques, artistes, scientifiques) pour mener un jeu de « qui est-ce ».

◦◦ avec le professeur-documentaliste, sur la contextualisation : à partir de leurs recherches les élèves ont élaboré une frise thématique sur la condition de la femme, des jeux et jouets, les moyens de communication, les transports, les métiers, les arts, la vie quotidienne, la mode, les affiches publicitaires de l’époque. (Intervention dans la classe de CM2 du professeur documentaliste pour initier un travail de recherche documentaire avec supports apportés en classe. Puis venue des CM2 au CDI (2h) pour finaliser / présenter le travail).

◦◦ avec les professeurs de français, sur une planche de Paroles de Poilus, “mon Papa en guerre” (celle de l’instituteur qui cherche une maxime patriotique à écrire au tableau). Travail de lecture analytique de la bande dessinée avec analyse des images (les couleurs) et des citations, sur les notions de narrateur, de point de vue (ce que dit la formule de propagande, ce qu’elle évoque pour l’instituteur ancien poilu), sur la notion de propagande (comment donner une portée générale à une phrase, comment persuader le public – impératifs, apostrophe…), sur le « présent de vérité générale » (mise en place de la notion + petits exercices d’écriture à partir d’une structure de phrase donnée).

Article publié initialement sur le site « Osons Innover », site proposé par Madmagz dédié à la pédagogie de projet et au numérique.

Extrait du site Educavox du 04.07.2015 : Des CM2 co-créent une œuvre mémorielle à l’aide du numérique

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