> II- EDUCATION PRIORITAIRE (Politique. d’) : Types de documents et Pilotage > EDUC. PRIOR. TYPES DE DOCUMENTS > Educ. prior. Formation(s) et colloques > Educ. prior. Formations locales > B* Construction en équipe d’un programme de formation pour les enseignants (...)

Voir à gauche les mots-clés liés à cet article

B* Construction en équipe d’un programme de formation pour les enseignants d’une circonscription à Andrezieux (Loire) (Journées Innovation 2014)

20 janvier 2014

CIRCONSCRIPTION 1ER DEGRE IEN ANDREZIEUX NORD
(1 RRS dans la circonscription Jacquers prévert)

Le site de la circonscription

CIRCONSCRIPTION 1ER DEGRE IEN ANDREZIEUX NORD
IMPASSE ALBERT CAMUS , 42160 ANDREZIEUX-BOUTHEON
Site : http://www2.ac-lyon.fr/etab/ien/loire/andrezieux-nord/
Auteur : André Michael
Mél : michael.andre@ac-lyon.fr

La circonscription d’Andrézieux Nord, dans la Loire, a développé une formation des enseignants du premier degré responsabilisante dont les professeurs sont les principaux acteurs. Recueil des besoins, auto-positionnement d’équipe, constitution d’indicateurs d’évaluation de l’action, formation à distance, évaluation d’école, projet d’école : les stagiaires et les formateurs se centrent sur les effets produits auprès des élèves, dans l’amélioration de compétences ciblées.

Plus-value de l’action
L’adhésion des enseignants est incomparable. Le contrat symbolique de formation semble plus clair : les personnes savent pourquoi ils sont en formation. Les objectifs sont plus clarifiés et concrets, du côté de l’intérêt de l’élève. Le climat relationnel circonscription / école est bien meilleur. Des stagiaires très récalcitrants en « animation pédagogique » de 3 heures, dans un groupe non constitué, se sont transformés en collègues respectueux des compétences de chacun et sont devenus des collaborateurs efficaces

Nombre d’élèves et niveau(x) concernés
Tous les élèves d’une circonscription via la formation de 250 enseignants

A l’origine
En septembre 2010 Les enseignants d’école primaire ont 18h annuels de temps de formation réparties en 6X3h les mercredis matins selon des thématiques proposées par le département ou la circonscription parmi lesquelles les stagiaires font leurs choix.
Nous remarquons : - une hétérogénéité de la motivation des enseignants à transformer leurs pratiques : des enseignants hyper-motivés aux opposants systématiques à toute innovation - une recherche insatisfaite de gestes professionnels orthonormés, gestes supposés attendus par « l’Institution », le goût d’être conformes à une attente institutionnelle. - Une absence d’évaluation de l’efficacité de ses pratiques, évaluation « taboue » - insatisfaction grandissante par rapport aux formats de formation ou aux modalités de travail mises en place, et ce, malgré l’introduction de formes de travail variées. - Des projets d’école très formels, toujours dans une recherche d’être conforme à des attendus - Par ailleurs, des projets de classe de grande qualité, parfois conséquents mais sur le mode de l’initiative personnelle sans objectifs tracés et en dehors d’un travail d’équipe (au mieux, par affinités inter-individuelles)

Objectifs poursuivis
- Responsabiliser les équipes d’enseignants du premier degré par rapport à la formation en les faisant s’inscrire dans un parcours de formation dont les objectifs sont clairs et dont ils pourront mesurer des effets sur le résultat de leurs élèves ou observer des changements réels en classe
- Développer des objets de travail d’équipe : lien avec des projets inter-cycles, suite de l’évaluation d’école, projets CM2-6ème : toutes les initiatives sont incluses dans le plan de formation et reliées à des compétences d’élèves à développer. C’est la formation qui doit se mettre au service des élèves.
- Participation forte des équipes à l’écriture des objectifs et/ou des modalités de travail dans ces parcours de formation
- Développement d’une posture d’auto-positionnement d’équipe : à quoi attribuer les réussites ou les échecs, comment provoquer des changements positifs et mesurables ?
- Se fixer des objectifs d’équipe, prendre un risque mesuré en équipe pour faire avancer une compétence d’élève
- Renforcer positivement les recherches collectives de solutions à l’initiative des équipes, sortir d’une collaboration dans laquelle l’équipe de circonscription est le prescripteur ou le validateur.

Description
L’équipe de circonscription a progressivement introduit des espaces de responsabilisation des équipes d’enseignant, passant d’une formation « consommée » individuellement à une formation bâtie en coopération école-circonscription

Modalité de mise en oeuvre
Année 1 : - Quelques évaluations d’école qui permettent de dégager des axes de formation personnalisés par équipe. - Quelques équipes mènent leur volume de formation « à l’initiative d’équipe » - Les formateurs de circonscription clarifient les objectifs poursuivis des temps de formation : objectif libellé et communiqué aux enseignants en termes de compétences professionnelles à développer (référentiel) ou de compétences élèves à faire progresser, description de la modalité de travail - Nourrir l’appétit de formation : ateliers diversifiés et documents (vidéos, audio ou .doc) en consultation en amont du temps présentiel
Année 2 - Généralisation des parcours avec création d’un parcours de 12h en équipe et de groupes de travail inférieurs à 20 selon des thématiques Maîtrise de la Langue, mathématiques ou sciences. Les personnes choisissent pour 50% en équipe et 50% en individuel. - Aide à l’analyse des évaluations nationales ou d’évaluations harmonisées en équipe pour diagnostiquer et prioriser les besoins des élèves et donc de la formation - Dans le but d’une meilleure qualité d’échanges professionnels, les groupes sont restreints. Pour travailler auprès de groupes restreint, plus d’un tiers des heures du parcours sont effectuées à distance en suivant une feuille de route numérique, bâtie en variant les supports (prise en compte des profils d’apprenant) - Les enseignants s’inscrivent directement sur toutes les actions avec le logiciel GAIA. - Lien fort entre évaluation d’école et formation,
Année 3 - Les dispositifs de responsabilisations sont maintenus : inscription sur GAIA, analyse des résultats des élèves, connaissance du contexte pour dégager des besoins de formation formulées à la circonscription. - Forte incitation à choisir un parcours d’équipe : 100% des personnels construisent une problématique d’équipe dont la formation s’emparera. - Chaque équipe dispose d’une salle dans un espace collaboratif (QuickR) et peut y consulter les éléments de la formation à distance, déposer des cahiers des charges ou des projets et utiliser l’agenda ou le forum. Elle écrit les éléments de sa culture commune et engrange des éléments relatifs au projet d’école. - 12h sur 18h annuels ventilés de la façon suivante : 2h pour auto-positionner une équipe (émergence des besoins, écriture d’un objectif et d’un échéancier) / 3h apports didactiques et pédagogiques / 2h régulation en milieu d’année avec un formateur/ 3h échanges professionnels lors d’un marché de connaissances / 2h de bilan et perspectives pour l’année N+1 - Les équipes suivent à 50% leur formation à distance. Selon les besoins et le degré de cohésion de l’équipe, c’est la partie « accompagnement et positionnement » qui est à distance sous forme de Q-sort, sondages en ligne, framadate, ou la partie « apports didactiques et pédagogiques » sous forme de feuille de route numérique déposée sur l’espace collaboratif et bientôt de plateforme m@gistère - Pour certains, l’action est départementale (sciences, arts visuels, etc.), en lien avec un partenaire ou mobilise un échange avec d’autres équipes (défis, correspondances, etc.)

Trois ressources ou points d’appui

- Le groupe d’analyse de pratique animé par le CARDIE qui a permis de faire co-construire des outils et une démarche
- Une cohérence d’équipe de circonscription autour du refus de la prescription formative, d’un pilotage de l’Inspecteur de circonscription (IEN) motivant l’initiative des personnes, notamment des directeurs d’école et d’une centration sur les résultats produits en termes de compétences d’élèves.
- Les stagiaires eux-mêmes constituent une expertise intéressante : connaissance du contexte, des élèves, des besoins. Les thématiques qui étaient décidés par des formateurs sont écrites par l’analyse des besoins par les acteurs eux-mêmes

Difficultés rencontrées

- Il est difficile pour les équipes de trouver de réels indicateurs et observables pour dégager des besoins de formation
- Nouveaux gestes professionnels du formateur : accompagnement, suivi des parcours, coaching, suivi à distance, auto-positionnement avec la gestion de l’inattendu qui va avec.
- L’hétérogénéité des connaissances professionnelles ou des savoir-faire apparaissent plus nettement qu’auparavant. Le formateur doit trouver des curseurs de progressions adaptées à chaque équipe. Les outils TICE, notamment, incontournables dans notre projet, sont source d’hétérogénéité.

Moyens mobilisés
Il n’y a pas eu d’augmentation du volume de formation mais une ventilation différente des heures effectuées : Les enseignants font les 18h annuels de formation globalement selon ce découpage : - 12 heures consacrées à un parcours et 6h pour d’autres actions qu’ils choisissent parmi celles proposées par le pôle de formation (regroupant 4 circonscriptions) La souplesse est de rigueur : les enseignants gèrent leurs temps de formation : ils s’inscrivent, suivent en partie certains temps au profit d’actions dans le bénéfice des apprentissages de l’élève. La frontière entre le temps de formation et de concertation est davantage floutée qu’auparavant.

Partenariat et contenu du partenariat
Le contrat d’objectifs de la circonscription a installé la dynamique de la poursuite d’objectifs, du relevé d’indicateurs et de l’évaluation des actions. La Direction Académique a été en cela un partenaire privilégié. L’Inspecteur de l’Education Nationale Adjoint pour le premier degré (IENA) a joué, par isomorphisme, le rôle d’ami critique que nous avons, par la suite, développé auprès des équipes d’enseignants : questionner, poser la question de la pertinence des indicateurs, laisser l’initiative se mener dans la rigueur de l’évaluation mais sans prescrire. Le groupe Loire animé par le CARDIE de l’Académie de Lyon a été un dispositif permettant le développement.

Liens éventuels avec la Recherche
La recherche-action mise en place dans le département par l’Inspecteur de l’Education Nationale Adjoint en lien avec le CARDIE de l’Académie de Lyon et Monsieur Romuald NORMAND, autour de l’évaluation d’école, a été le pivot de la réflexion commune sur l’accompagnement d’une équipe pédagogique (dans le cadre de l’évaluation de l’école et de la définition des besoins de formation). Ce regroupement de plusieurs formateurs de différentes circonscriptions a permis de dégager les invariants de ce processus, d’échanger sur les pratiques et de construire une culture commune qui permet la continuité de cette approche au-delà des personnes.
Ce travail sur les deux dernières années a modifié le rôle et la place de la circonscription dans son pilotage. D’une prescription parfois mal vécue par les enseignants, cette recherche a conduit la circonscription à mettre en cohérence : le contrat d’objectif, les évaluations d’école, la formation continue des enseignants et la relation et la place des directeurs vis-à-vis de la circonscription. L’auto-positionnement accompagné de l’équipe autorise de définir des micro-évolutions dans l’organisation de l’école, dans la pédagogie des enseignants. Ces objectifs négociés sont considérés comme réalistes et réalisables et deviennent l’élément commun et partagé par tous les acteurs. Ce groupe départemental a co-construit un vademecum de l’accompagnement d’équipe.

Modalités du suivi et de l’évaluation de l’action

- Le contrat d’objectif avait tracé des indicateurs d’évaluation qui seront relus à la fin du processus de trois ans - L’impact de notre action se lira dans l’utilisation des espaces collaboratifs, dans la création de réseaux d’équipe, dans l’adhésion à la formation, dans la naissance d’outils ou de démarches d’équipes ou d’écoles.
- Le travail avec le CARDIE et en lien avec d’autres équipes de circonscription ayant développé l’accompagnement d’équipes sans l’étendre à la formation continuée, nous permettra une évaluation externe.

Effets constatés
Sur les acquis des élèves : Certaines expérimentations d’équipe commencent à porter leurs fruits, en lecture directe sur le résultat des élèves. C’est le cas d’un travail autour du vocabulaire en Cycle 2 avec mise en place d’un MACLE, de l’enseignement séquencé de la résolution de problème sur l’ensemble du cycle 2, la systématisation du calcul sur une école du CP au CM2, le développement de situations actionnelles visant la production orale du CM1 à la 6ème, l’aménagement des espaces en maternelle (BCD). D’autres réussites ne peuvent pas rigoureusement être attribuées aux changements initiés par la formation : il s’agit de l’harmonisation d’outils des élèves, de démarches harmonisées en production écrite, d’homogénéisation des évaluations. Par manque d’indicateurs fiables (évaluations diagnostiques élèves de départ par exemples), ou par synergie d’équipe, nous ne saurions isoler la réussite et l’attribuer exclusivement à notre action.

Sur les pratiques des enseignants : Il est sûr que, plus ou moins rapidement, les équipes apprécient de prendre le temps d’échanger sur leurs pratiques et de décider d’harmoniser sur un objectif simple et atteignable en un an. Les transformations se font plus facilement puisque chacun, formateurs et stagiaires, ont le souci de produire des effets sur le résultat des élèves.

Sur le leadership et les relations professionnelles : Les groupes constitués par les équipes de cycle, d’école ou de plusieurs écoles isolées font apparaître les notions de leadership, de boucs émissaires, etc. Auparavant, la conférence pédagogique ne laissait que rarement la place à l’expression des stagiaires. Il en va tout autrement avec l’animation de groupe de travail. Notre rôle est aussi de faire confiance, de déléguer et de former des sous-groupes pour éviter la cristallisation des leaderships systématiques.

Sur l’école / l’établissement : Nous attendons avec impatience de voir, au travers de la rédaction des projets d’école, si les équipes auront intégré la notion de prise de risque mesuré en équipe, si elles s’autoriseront des solutions contextualisées et innovantes dont elles auront anticipé l’évaluation. Avec l’outil numérique QuickR, espace collaboratif, nous suivons des écoles qui consultent les documents adaptés que nous leur avons mis à disposition pour se former et leurs écrits de type « cahier des charges » des actions. Il est sûr que les équipes entrent dans la réalisation concrète d’’actions longtemps fantasmées collectivement dans une idéalisation qui les bloquait.

Plus généralement, sur l’environnement Le regard neuf d’un collègue Conseiller Pédagogique EPS dans la circonscription a confirmé l’exceptionnelle convivialité et la richesse des collaborations désormais en place dans les temps de formation avec les collègues.

Extrait de expérithèque : Ecrire son parcours de formation en équipe en 2014

Répondre à cet article