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La disparition des sigles ZEP et ZUS contestée par une partie de NPNS (Ni putes ni soumises)

17 novembre 2007

Extrait du « Monde » du 15.11.07 : "Insoumis(es)" en rupture

Nous sommes membres fondateurs, militants, parrains ou marraines, ou simples sympathisants du mouvement Ni putes ni soumises (NPNS). Nous avons partagé ses combats et nous continuons d’en partager les valeurs. Nous avons porté les idéaux d’égalité, de mixité, de laïcité et de respect partout en France, mais plus particulièrement en direction des habitants et des femmes de nos quartiers. Nous continuons de refuser de voir ces quartiers populaires devenir des zones de non-droit, abandonnées à la loi du plus fort, à la politique de l’omerta, au repli communautaire ou aux convoitises intégristes.

Cette Cette exigence passe par une parole libérée, ce qu’a incontestablement permis un mouvement comme NPNS. Mais cette exigence passe aussi par un refus de voir cette parole instrumentalisée au service d’une politique sécuritaire - qui préfère faire de l’immigré un bouc émissaire au lieu de s’attaquer aux racines du sexisme et de l’intégrisme.

Or nous constatons que ce n’est plus possible depuis que Fadela Amara est devenue secrétaire d’Etat à la politique de la ville, sous la tutelle de sa ministre, Christine Boutin, bien connue pour son militantisme antilaïque et antiféministe. Elle est aussi devenue un membre solidaire du programme sécuritaire mis en oeuvre par Nicolas Sarkozy.

Nous aimons le courage et la force de caractère de Fadela Amara. Mais comment nous demander de nous taire, et de ne pas exprimer nos désaccords, lorsqu’elle vante les mérites de Christine Boutin, "une femme de coeur", lorsqu’elle approuve la mise en vente de 40 000 logements HLM, lorsqu’elle reste silencieuse face à l’appel légitime des familles de la rue de la Banque, à Paris, à être logées dans des conditions décentes, lorsqu’elle se contente de trouver "dégueulasse" les tests ADN et l’instrumentalisation de la question immigrée. Ou encore lorsqu’elle annonce le remplacement des sigles ZEP (zone d’éducation prioritaire) ou ZUS (zones urbaines sensibles) - jugés déjà stigmatisants - par un classement sécuritaire qui cataloguera bientôt les quartiers populaires en "zones rouges" (ultrasensibles), orange ou jaunes ?

Ni putes ni soumises, dès sa création, a combattu la sectorisation de la politique de la ville, qui ne favorise pas la mixité sociale. En quoi ces mesures vont-elles aider les femmes et les hommes des quartiers populaires aux prises avec le sexisme, la ghettoïsation, le communautarisme et l’intégrisme ? En rien. Comment Ni putes ni soumises pourrait-il faire entendre sa voix si le mouvement n’est pas indépendant de l’actuel gouvernement ?
Ces questions, nous les posons depuis des mois. A l’intérieur ou à l’extérieur du mouvement. Sans être entendus. Cet été, le désir de faire taire toute parole dissidente a franchi une étape. Mohamed Abdi - qui est à la fois le conseiller spécial de la secrétaire d’Etat à la politique de la ville et le secrétaire général de NPNS - a exclu plusieurs militants et membres fondateurs posant ces questions. Le congrès initialement prévu devait permettre l’organisation d’élections où les comités pourraient élire démocratiquement un nouveau conseil d’administration. Congrès et élections, promis et statutaires, ont été repoussés aux calendes grecques.

Les dernières universités d’automne ont donc été boycottées par 26 comités, démissionnaires, qui ont parfois reçu des menaces et des injures pour avoir voulu cette clarification. Ces comités souhaitent aujourd’hui reprendre leur liberté pour continuer à faire vivre les valeurs de Ni putes ni soumises sous une forme nouvelle. En toute indépendance.

Nous ne laisserons pas les partisans d’une approche victimaire, voire complaisante envers le sexisme et l’intégrisme, profiter de cette crise salutaire pour salir ce qu’a été notre combat au sein ou aux côtés de Ni putes ni soumises. Si nous avions écouté tous ceux qui ne voulaient pas entendre cette parole sous prétexte de "ne pas stigmatiser les quartiers", nous aurions accepté l’omerta. Les femmes violées et les esprits libres de ces quartiers n’auraient pas eu le droit de se battre et de s’exprimer par "solidarité" de classe !

C’est parce que nous refusons d’abandonner la défense des cités et de leurs citoyens aux victimaires et aux islamo-gauchistes que nous refusons de nous taire face aux sécuritaires. Parce que tous deux aggravent la situation au lieu de l’améliorer.

C’est pourquoi nous reprenons notre liberté de parole sous une nouvelle bannière, Les Insoumis-es. Elle aura pour but de fédérer toutes celles et ceux qui souhaitent sincèrement continuer à défendre les valeurs universelles du féminisme républicain et laïque. Sans esprit partisan ni étiquette. Nous invitons toutes celles et ceux, citoyens, militants, personnalités, associations nationales ou associations de quartiers qui portent ces idéaux, et se reconnaissent dans cette démarche, à venir nous rejoindre et nous soutenir. En prévision d’une première initiative : des Assises pour l’égalité et la laïcité, que nous souhaitons organiser prochainement pour faire vivre ce débat et cette lutte. Contre l’intégrisme et contre le racisme.

 Safia Lebdi & Olivier Bassuet, fondateurs NPNS,

 Eve Ramboz, marraine NPNS ;

 Riva Gherchanoc, fondatrice du comité Montreuil ;

 Anne Charlotte Jelty, ex-directrice administrative NPNS ;

 Yann Policar, ex-salarié NPNS ;

 Leïla Djelamani, présidente démissionnaire du comité Le Mans ;

 Naëm Bestandji, fondateur du comité de Grenoble ;

 Clémentine Masson, présidente démissionnaire du comité Grenoble ;

 Nouri Rupert

 Caroline Brancher,

membres démissionnaires du bureau national

Ce texte a été signé par une vingtaine de comités locaux. L’intégralité des signataires

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Le site de NPNS

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