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Extrait du « Monde » du 02.11.07 : Quatre mois dans la vie de Stains, une zone de non-droit
Combien sont-elles exactement dans ce genre ? Une trentaine ? Un peu plus ? Un peu moins, comme le croit et le dira sur le plateau Fadela Amara, secrétaire d’Etat chargée de la politique de la ville ? Qu’importe. La cité du Clos-Saint-Lazare, à Stains (Seine-Saint-Denis), est certainement très singulière.
Au printemps, elle a en effet été le théâtre d’un déchaînement de violence peu commun : quatre morts en quelques semaines. Quatre jeunes hommes abattus à l’arme à feu, en plein jour, quatre règlements de comptes sur fond de trafic de drogue.
La cité du Clos-Saint-Lazare est ce qu’il est convenu d’appeler une "zone de non-droit". Elle est considérée comme l’une des plaques tournantes de la drogue en Ile-de-France. Il y a longtemps que les commerces ont fermé - à l’exception d’une boulangerie -, longtemps que les équipements communs ont été laissés à l’abandon, que les espaces et services publics sont tombés en désuétude ou ont baissé le rideau. Depuis la sanglante série de règlements de comptes, la cité vit dans la peur des représailles, dans la méfiance de l’autre.
Il a fallu pas moins de quatre mois d’enquête à l’équipe de "Pièces à conviction" pour arriver à faire se délier quelques langues, pour se faire accepter, pour parvenir à "entrebâiller un peu la porte de cette cité refermée sur elle-même", ainsi que l’explique Willy Gouville, l’un des journalistes.
"Il faut bien manger"
Derrière cette porte entrouverte, le tableau est terrifiant. Il est le résultat d’une lente, mais inexorable descente aux enfers d’un quartier, dans l’indifférence et le silence général. Une jeunesse désoeuvrée, oubliée, sans soutien, n’a plus le choix dit-elle, qu’entre "l’oseille ou la merde". "Je n’ai jamais voulu faire du mal, confie ainsi l’un des témoins. Mais il faut bien manger et s’habiller." Quand la société n’offre que précarité et revenus modestes, l’économie souterraine de la cité est florissante et d’autant plus attirante. L’argent y est facile et c’est "l’immense potentiel lucratif de cette cité qui génère la violence meurtrière", explique un rapport de police.
Au Clos-Saint-Lazare, les événements ont dégénéré. Mais le plus terrible, dans cette anatomie, c’est que, sous bien des aspects, elle montre aussi la banalité de cette cité du "9-3", et l’impuissance désormais revendiquée des autorités face à cette situation.
A noter que le reportage sera suivi d’un débat en présence de Fadela Amara, du rappeur Alibi Montana et de Yannick Salabert, chef adjoint de l’Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants.
Olivier Zilbertin
"Pièces à conviction. Anatomie d’une cité de non-droit". Sur France 3, vendredi 2 novembre, à 23 h 25. Sur France 5, dimanche 4 novembre à 20 h 40.
Sur le site de France 3