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Valérie Pécresse veut expérimenter des écoles primaires régionales sous contrat avec l’Etat dans les quartiers prioritaires (la réaction de Yannick Trigance, conseiller régional, dans Le Café)

28 novembre

Valérie Pécresse veut mettre la main sur l’école publique

La présidente de la Région Ile-de-France a émis le vœu ce mardi 26 novembre d’expérimenter des écoles primaires régionales sous contrat avec l’Etat dans les quartiers prioritaires. Yannick Trigance, conseiller régional d’opposition regrette dans cette tribune que ce vœu ne porte pas par exemple sur les suppressions de postes ou la mise en place d’une mixité sociale et scolaire. Pour lui, « ce vœu demande en fait la poursuite et l’amplification du démantèlement de l’École de la République, l’aggravation des inégalités pour une école de la compétition, de l’entre soi et du séparatisme à la puissance 10. »

Lors de la séance du Conseil Régional du mardi 26 novembre, le groupe « Île-de-France Rassemblée » de la Présidente de Région Valérie Pécresse a présenté un vœu dans lequel les élu.e.s de la majorité, dans le prolongement du « Choc de décentralisation pour l’Ile-de-France » présenté en 2023, « mandatent la présidente de la Région Ile-de-France pour saisir la ministre de l’Éducation nationale » dans le but d’expérimenter « les écoles primaires régionales sous contrat avec l’État » dans les quartiers d’éducation prioritaire et dont les principales caractéristiques sont notamment : la liberté de gestion du budget et des ressources humaines, avec notamment, la responsabilité pour les chefs d’établissement, de recrutement des professeurs et membres de leurs équipes pédagogiques et la liberté pédagogique des équipes d’adapter les rythmes scolaires, les horaires dédiés aux disciplines, les modalités d’apprentissages et d’enseignement ainsi que la composition des classes.

Depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron aux responsabilités en 2017, c’est la première fois qu’il est question pour la Présidente de Région d’interpeller le gouvernement sur les questions d’éducation. On aurait pu penser que cette interpellation porte d’abord et avant tout sur les vrais problèmes du moment dont souffre notre école et plus largement la communauté éducative. Ainsi, pourquoi Madame Pécresse ne demanderait-elle pas à Madame la Ministre Genetet le rétablissement des 10 000 postes supprimés par Emmanuel Macron et ses 6 ministres de l’Éducation nationale depuis 2017 ?

Pourquoi ne pas mandater la Présidente de la Région Île-de-France pour demander la suppression du « choc des Savoirs » et des groupes de niveaux qui stigmatisent les élèves les plus en difficultés comme le montrent toutes les études, et qui de surcroît ont entrainé dans 9 collèges sur 10 la suppression de l’accompagnement personnalisé et des dédoublements ?

Les élu.e.s de la majorité régionale ne pouvaient-ils pas mandater leur Présidente pour demander une véritable revalorisation des enseignants et des conditions de travail propices à la réussite de tous nos élèves, des enseignants qui contrairement aux récents propos mensongers de Nicolas SARKOZY restent les moins bien payés, les moins formés des pays de l’OCDE avec des effectifs de classe les plus élevés ?

Ne serait-il pas d’actualité de proposer plutôt à Valérie Pécresse d’exiger de la Ministre de l’Éducation nationale une véritable politique de mixité sociale en obligeant les établissements privés sous contrat à respecter la loi de 2013 grâce à laquelle ils perçoivent 10 Milliards d’euros d’argent public par an – et 1,2 Million d’euros de la Région-Ile-France pour le lycée Stanislas – sans respecter aucune obligation dont celle de la mixité qui implique l’accueil de tous les élèves sans tri social ni séparatisme ? Mais dans ce vœu de la majorité régionale d’Île-de-France, point de tout cela.

Ce vœu demande en fait la poursuite et l’amplification du démantèlement de l’École de la République, l’aggravation des inégalités pour une école de la compétition, de l’entre soi et du séparatisme à la puissance 10. La majorité régionale et sa présidente revendiquent en réalité, sur les mêmes bases que l’actuel gouvernement, le sacrifice de l’École publique sur l’autel d’un libéralisme qui fracture la société et s’en prend au plus modestes.

Et au final, fidèle à une obsession anti-service public, la Présidente de la Région Île-de-France, non contente d’abîmer les lycées publics, s’attaque aux écoles maternelles et élémentaires avec son « choc de décentralisation ». Plutôt qu’un « choc de décentralisation », notre École publique a besoin d’un « choc de moyens » pour garantir le droit à la réussite et à l’excellence pour tous les élèves.

L’exact contraire des objectifs de la présidente de la région Ile-de-France.

Yannick Trigance
Conseiller régional Ile-de-France

Extrait de cafepedagogique.net du 28.11.24

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