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L’isolement social provoqué par la crise sanitaire touche davantage les personnes aux faibles revenus (étude du Cevifop, Sciences Po)

29 septembre 2020

Crise sanitaire et isolement social
Martial Foucault
Professeur des universités à Sciences Po
Directeur du Centre de recherches politiques de Sciences Po (CEVIPOF)

[...] Si l’économie et la santé ont été au cœur des préoccupations visibles en France et dans les autres pays touchés, d’autres dimensions moins visibles mais tout aussi préoccupantes ont été activées par la propagation du virus et des politiques de confinement mises en œuvre. Parmi elles, l’isolement social est un phénomène bien connu des spécialistes de psychologie sociale et de santé publique. Longtemps présenté comme un facteur aggravant de la mortalité des personnes âgées, l’isolement social comporte deux dimensions qu’il convient d’étudier simultanément
pour en saisir la portée complète. La première est une mesure dite « objective » qui consiste à circonscrire l’intensité et la fréquence des relations sociales (connectedness). La seconde est une mesure dite « subjective » qui s’attache à apprécier le sentiment de solitude éprouvée (loneliness).1

[...] En termes d’éducation et de revenus, nous retrouvons des résultats conformes à
la littérature. En effet, les personnes les moins éduquées disposent d’un moindre
capital social et donc de sociabilités moins étendues. Corollaire de ce résultat, les
personnes disposant de faibles revenus sont également moins insérées dans des
relations sociales denses et fréquentes. Il n’est donc pas surprenant d’observer
que les ouvriers, agriculteurs, professions indépendantes et inactifs (étudiants,
sans emploi) sont les positions socioprofessionnelles les plus exposées au risque
de déconnectivité sociale. Il est toutefois difficile, à ce stade, d’apprécier l’impact
de la crise sanitaire sur l’isolement social de ces groupes socio-professionnels.
Pour cela, nous aurons besoin d’interroger de nouveau notre panel représentatif
de Français lorsque la crise sanitaire sera terminée.

[...] Sur le plan sociodémographique (Figure 5), le profil des personnes exprimant le plus fortement un sentiment de solitude fait apparaître un clivage net entre les hommes (31%) et les femmes (41%), les plus jeunes (42%) et les plus âgés (32%), les moins fortunés (47%) et les plus fortunés (32%), les moins éduqués (48%) et les plus éduqués (35%), les ouvriers (43%) et cadres supérieurs (27%).

Extrait de sciencespo.fr du 11.09.20

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