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Education prioritaire. J.-M. Blanquer entend "faire évoluer la carte" et "toucher tous les élèves" qui connaissent des difficultés du fait de leur situation sociale, y compris en milieu rural (conférence de presse de rentrée) (le Café et ToutEduc)

27 août 2020

JM Blanquer : "Nous allons maintenir le cap des réformes"
"Je ne voudrais pas que cette rentrée ne soit caractérisée que par la crise sanitaire. On ne perd pas de vue les grands sillons : lire, écrire, compter, respecter autrui". Présentant, le 26 août, la rentrée 2020, JM Blanquer a été obligé de parler du protocole sanitaire. Il a confirmé le port du masque par tous les enseignants, y compris en maternelle. Mais il a surtout manifesté sa volonté d’aller plus loin dans les réformes, particulièrement à propos de l’éducation prioritaire. Pour les enseignants il annonce 400 millions consacrés à la revalorisation en 2021. Et une prime exceptionnelle de 450€ versée aux directeurs.

Port du masque pour tous les enseignants

Accompagné de la ministre déléguée aux sports, Roxana Maracineanu, et de trois secrétaires d’Etat (Sophie Cluzel au handicap, Nathalie Elimas en charge de l’éducation prioritaire et Sarah El Hairy en charge de la jeunesse), JM Blanquer a tenté de normaliser une rentrée qui est pourtant très exceptionnelle. Il a voulu convaincre qu’il avait la situation bien en mains. Et mis l’accent sur les réformes à

"Il y a un protocole élaboré en juillet... Ce texte est simple et clair... Il n’a pas vocation à varier dans ses grands principes". Les enseignants attendaient la publication d’un nouveau protocole ce 26 août. JM BLanquer l’avait lui même annoncé la veille dans un mail envoyé aux directeurs et personnels de direction. La promesse n’est pas tenue. Une autre conférence de presse , avec le premier ministre et le ministre de la santé est prévue le 27 août et il est possible que le nouveau protocole soit publié à son issue.

JM Blanquer évoque quand même ce qui va changer : "Tous les adultes portent le masque. On a préféré ne pas maintenir d’exception" (allusion aux maternelles). Ces propos confirment ceux tenus par JM Blanquer le 20 août et par le premier ministre le 26 août. Les collégiens et lycéens à partir de 11 ans doivent aussi porter le masque, "ce qui coïncide avec les recommandations de l’OMS", affirme le ministre. En fait l’OMS recommande le port du masque dès 6 ans.

Protocoles secrets...

Mais finalement le protocole ne répond peut-être pas à tout. "S’il y a une reprise de l’activité virale, on déclenchera d’autres mesures", ajoute JM Blanquer."Nous nos tenons prêts". On apprend ainsi qu’il y a un protocole 2 et un protocole 3 en cas d’aggravation de la crise sanitaire mais que le ministère ne veut pas les publier pour l’instant.

Et ce n’est pas tout. A coté de ces protocoles fantômes, il y a des "recommandations" qui pourraient être publiées le 27 août et qui concernent des cas particuliers comme l’enseignement de l’EPS. Ces recommandations ne sont pas obligatoires.

A tout cela peut s’ajouter des mesures locales. "A Paris et dans les Bouches du Rhône les autorités locales peuvent prendre des décisions pour aller plus loin", dit le ministre. Par exemple en limitant le brassage des élèves."C’est ce qui va probablement arriver... On est préparés à tout".

Une réponse suffisante à la crise sanitaire ?

Est-ce si sûr ? Le ministre a beau parler du lavage des mains, on sait qu’un établissement sur quatre n’a pas assez de points d’eau pour l’assurer.

"Chaque fois qu’un élève a des symptomes, si le test est positif toute la procédure se déclenche pour casser la contamination dans les 48 heures" affirme JM Blanquer. Mais comme le brassage des élèves n’est pas interdit, comment pourra t-on tracer les cas positifs ? "Ce sont les autorités sanitaires qui sont alertées. On s’en remet à elles", répond le ministre. Le ministère aurait recommandé aux chefs d’établissement de ne pas brasser les élèves entre les niveaux (par exemple des 2des avec des 1ères). Mais cela a-t-il été entendu ?

Le cas des enseignants fragiles est évoqué dans des termes flous par le ministre qui promet "du matériel de protection renforcée" et souligne que "le pourcentage de professeurs vulnérables est inférieur à nos moyens de remplacement". Pas sur que cela rassure les intéressés.

Dernier point relatif à la situation sanitaire : "on a mis les moyens" dit le ministre. Il évoque les 1600 postes créés dans le premier degré et les 1.5 million d’heures supplémentaires dans le second degré. Ce heures compensent tout juste les postes supprimés. Cela fait très peu de moyens s’il faut dédoubler des classes en raison de l’épidémie.

Le ministre affirme aussi être prêt pour assurer la continuité des cours "grâce aux heures de cours enregistrées et à Ma classe du Cned". Les enquêtes de la Depp montrent pourtant que les enseignants ont peu utilisé ces services durant le confinement...

Ce qui compte aux yeux de JM Blanquer, c’est qu’il n’y ait pas de pause dans les réformes.

Gestion de proximité

Il rappelle les dédoublements e CP et CE1 de l’éducation prioritaire qui sont maintenus et 20 000 élèves dédoublés en GS à la rentrée. Il évoque les ouvrages publiés par le ministère sur la lecture et la grammaire ainsi que les évaluations nationales. Il vante la réforme du lycée général et technologique et celle de la voie professionnelle. Il annonce que les heures consacrées à l’orientation seront effectives cette année avec l’appui des régions. Pourtant pour le moment peu de régions se sont investies dans cette nouvelle compétence donnée aux régions par M Pénicaud.

Mais JM Blanquer met surtout l’accent sur les nouvelles réformes. "Cette année sera caractérisée par la transformation des relations humaines de ce ministère. Dans cette deuxième partie du quinquennat, l’évolution des relations humaines va devenir une grande priorité". JM Blanquer évoque la "gestion de proximité" qui va se mettre en place et dont les premiers résultats, coté affectations, ont déjà fait un peu de bruit...

La revalorisation à hauteur de 400 millions

On attendait que le ministre confirme ou infirme les rumeurs sur la revalorisation. Il annonce que dans le budget 2021, 400 millions seront consacrés à l’amélioration de la rémunération des professeurs. On est en dessous de l’annonce qui avait été faite de 500 millions. Et le ministre n’a pas précisé ce qu’il met dans cette revalorisation. Et on ne sait pas exactement à quoi sera affectée l’enveloppe. Elle pourrait pas exemple financer des formations obligatoires sur les congés scolaires.

Une prime exceptionnelle pour les directeurs

IL annonce aussi une mesure concernant les directeurs. Ils percevront cette année en raison de leur rôle lors du confinement une indemnité exceptionnelle de 450 € "d’ici la fin de l’année".

La réforme de l’éducation prioritaire accélérée

Il reste une réforme sur laquelle JM BLanquer insiste : celle de l’éducation prioritaire. En présence de N Elimas, qui n’a pas eu droit à la parole, JM Blanquer précise qu’il "va tirer toutes les conséquences y compris pour la jeunesse rurale" du rapport Azema Mathiot. "Ca nous permettra de faire évoluer la carte et d’avoir une vision pas seulement territoriale mais de toucher tous les élèves". Ce rapport prévoit de supprimer les rep et d’utiliser leurs moyens dans un cadre local. Ces propos donnent à penser que la disparition des réseaux d’éducation prioritaire est décidée.

JM Blanquer a beau dire que "le 2ème pilier de notre action est la lutte contre les inégalités" et que "le fait que nous ayons une secrétaire d’Etat (à l’éducation prioritaire) est un signe puissant de cette priorité", l’année scolaire pourrait voir une nouvelle montée de ces inégalités. Pas seulement du fait de la réforme de l’éducation prioritaire. Mais aussi parce que , derrière l’affirmation que tout est prêt, le ministère n’a pas anticipé sur le terrain l’aggravation de la crise sanitaire. Pour ces deux titres, la rentrée semble mal engagée...
François Jarraud

Extrait de cafepedagogique.net du 27.08.20

 

Jean-Michel Blanquer : "Nous poursuivons les réformes"

"Nous poursuivons les réformes", affirme ce 26 août Jean-Michel Blanquer lors de la traditionnelle conférence de presse de rentrée, qui a été en grande partie consacrée aux questions d’ordre sanitaire. Pour le ministre de l’Education nationale, le protocole publié au mois de juillet "est encore très valable", c’est un document "simple et clair qui n’a pas vocation à varier", qui "prévoit toutes les situations" tout en laissant aux acteurs locaux des marges d’action... Il indique toutefois qu’en cas d’aggravation de la situation, d’autres protocoles sont prêts à être publiés, et des "recommandations", par exemple éviter les brassages d’élèves de niveaux différents, pourraient devenir des obligations pour les écoles et établissements qui seraient situés en "zone rouge", ce qui n’est pas le cas actuellement en Ile-de-France.

Le ministre ajoute : "nous nous tenons prêts" au cas où des mesures de confinement ou des modalités hybrides de fonctionnement devaient être mises en place, "des centaines d’heures de cours" sont prêtes à être diffusées et le dispositif "ma classe à la maison" affiné. "Mais nous n’en sommes pas là." Et surtout, le message qu’il voulait faire passer portait sur la continuité de son action réformatrice.

Il entend notamment promouvoir "une vision plus personnalisée" de la gestion des personnels. "Nous allons généraliser des DRH de proximité." Un "appel à manifestation d’intérêt" est d’ailleurs lancé auprès des lycées, certains établissements pouvant être porteurs de services pour "le territoire autour d’eux" (un point rapidement évoqué, et qui ne figure pas au dossier de presse, ndlr). Le ministre évoque également la revalorisation des salaires, mais ne donne qu’une indication chiffrée, une indemnité de 450€ qui sera versée aux directeurs d’école avant la fin de l’année.

Il annonce d’autre part deux expérimentations, l’équipement numérique de tous les enseignants et de tous les élèves dans le Val-d’Oise et dans l’Aisne, et l’utilisation dans 500 écoles de 10 départements de la méthode de lecture mise au point par une inspectrice (notamment citée par le Conseil scientifique ici (PDF)). Le ministre insiste sur l’intérêt d’un "enseignement explicite" de la "méthode syllabique". D’ailleurs, la formation initiale et continue des enseignants en français et mathématiques doit être fondée sur "les savoirs les plus avancés", tandis que quelque 20 000 élèves de grande section devraient voir leur classe dédoublée cette année. Par ailleurs, le ministre dit sa volonté de "parachever" les réformes du lycée d’enseignement général et du lycée professionnel.

Il évoque la mobilisation du ministère "aux côtés des collectivités territoriales pour que le bâti scolaire" réponde aux enjeux "de santé, d’hygiène et de sécurité" en même temps qu’ils doivent "s’inscrire dans la nécessaire transition écologique", sans davantage de précisions sauf en ce qui concerne Mayotte et la Guyane qui devraient bénéficier de 500 et 250 M€ pour la rénovation de leurs écoles et établissements. Il entend de plus "tirer toutes les conséquences" du rapport Azema-Mathiot sur l’éducation prioritaire pour "faire évoluer la carte" et "toucher tous les élèves" qui connaissent des difficultés du fait de leur situation sociale, y compris en milieu rural.

Le ministre confirme que le développement du SNU (service national universel) est "reporté d’un an", "nous tablons sur 25 000 volontaires en 2021", ajoute-t-il.

Roxana Maracinéanu évoque pour sa part la restructuration des services déconcentrés de Jeunesse & Sports placés sous l’autorité des recteurs et des préfets de façon à renforcer la cohérence des politiques. Elle insiste sur deux "fondamentaux" à développer avec les petits, "l’aisance aquatique" et le "savoir pédaler". Le ministre signale la mise en place d’une "semaine du vélo" pour profiter du report du Tour de France en période scolaire pour un apprentissage du "savoir rouler", mais aussi la géographie. Sophie Cluzel (secrétaire d’Etat en charge du handicap) souligne l’importance de l’émergence d’une culture commune aux personnels de l’Education national et du soin. Elle ajoute pour s’en féliciter que "de plus en plus d’élèves en instituts médico-sociaux franchissent les portes des écoles".
Extrait de touteduc.fr du 26.08.20

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