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Dispositif "Devoirs faits" au collège Le Noyer Marchand de Romilly-sur-Seine (10)
Lundi 12 février, Agnès Poiret, principale et Myriam Khain, assistante pédagogique référente ont explicité la mise en place de ce dispositif lors d’une entrevue avec un des membres du Service communication du Rectorat de Reims.
Dispositif Service Communication : comment a été mis en place ce dispositif au sein du collège ?
Agnès Poiret : il a été pensé dans la continuité du dispositif "Aide aux devoirs" qui existe depuis quelques années au collège. Il est chapeauté par Myriam Khain, assistante pédagogique depuis plusieurs années. Nous avons profité des directives ministérielles de ce début d’année scolaire pour redynamiser ce qui fonctionnait déjà.
Myriam Khain : dès la rentrée, nous avons distribué un formulaire pour informer les parents et leur permettre d’inscrire leurs enfants, sur la base du volontariat, au dispositif. Tout au long de l’année selon l’avis des conseils de classe ou des enseignants, nous incitons aussi les élèves qui semblent en avoir le plus besoin à fréquenter les "Devoirs faits". Cela permet à des collégiens qui ne disposent pas de l’aide ou du matériel nécessaires à la maison de faire leurs devoirs dans de bonnes conditions. Pour favoriser la fréquentation des élèves transportés, il nous a semblé primordial de proposer des temps de "Devoirs faits" entre 13h et 14h. Le dispositif dispose d’un espace dédié très approprié qui est le CDI (Centre de Documentation et d’Information) du collège. Cet endroit favorise une grande souplesse organisationnelle : travail individuel, en tutorat, en groupes sous la responsabilité des adultes encadrants. Manuels et ordinateurs sont à la disposition des élèves.
SC : de combien d’heures bénéficient les élèves au cours d’une semaine et combien d’élèves sont concernés ?
MK : certains élèves fréquentent le dispositif en milieu et en fin de journée. Ils peuvent donc bénéficier de 6 ou 7 heures par semaine. Il y a environ une soixantaine d’élèves qui viennent régulièrement sur 613 collégiens auxquels il faut ajouter une centaine d’élèves concernés par semaine, selon les besoins.
AP : Les élèves de 6ème bénéficient aussi d’heures d’aide aux devoirs lors des heures de permanence tout au long de la semaine. Ces deux dispositifs fonctionnent donc côte à côte et se complètent.
SC : comment s’est effectuée la mise en place, quels ont été vos critères de "sélection" ?
MK : le dispositif est bien sûr ouvert à tous les collégiens. Chaque élève a cependant des besoins bien spécifiques. Nous prenons aussi en compte des demandes particulières des parents et bien sûr nous répondons aux attentes des professeurs en ce qui concerne des tâches bien définies.
AP : Il est important de souligner que c’est vraiment un travail d’équipe, de collaboration entre les collégiens, les assistants d’éducation, les professeurs et l’équipe de direction pour permettre un réel échange et permettre à l’élève de progresser vraiment.
SC : qui intervient auprès des élèves ?
MK : un de mes collègues John Cadet et moi-même en tant qu’assistants pédagogiques, des professeurs volontaires, impliqués dans le dispositif (dont un professeur en ULIS et un professeur en SEGPA) et deux jeunes filles recrutés en Service Civique qui interviennent sous notre responsabilité. Ces dernières s’occupent essentiellement des élèves de 3ème et les épaulent dans la mise en place des "Parcours d’excellence". Les intervenants sont cependant assez polyvalents et nous nous adaptons aux besoins de chacun. Par exemple, les élèves qui n’ont pas réalisé les travaux du jour sont gardés le soir même après accord des parents pour les effectuer. C’est pour l’instant une formule très efficace et qui remporte l’adhésion des équipes comme des parents.
AP : Il y a donc en fait une dizaine d’adultes, partie prenante de l’ensemble de l’organisation. Des animateurs de la Ville qui interviennent sur les temps périscolaires sont aussi intégrés au dispositif.
SC : au sein de votre établissement, quels changements avez-vous déjà constatés qui ont pu être initiés grâce à ce dispositif "Devoirs faits" ?
MK : Nous avons effectivement remarqué des changements, d’abord dans le comportement des collégiens, certains n’avaient pas du tout confiance en eux, n’avaient pas de méthodologie dans leur travail scolaire. La fréquentation du dispositif leur permet d’apprendre avec les adultes intervenants, de regagner une confiance, une estime de soi et de progresser dans leur manière de travailler en autonomie. Nous avons aussi constaté que les parents s’intéressaient à ce qui se passe au sein des heures de "Devoirs faits". Ils sont très reconnaissants de cette aide et n’hésitent pas à me téléphoner pour savoir comment cela se passe avec leur enfant. Nous avons une très bonne communication avec eux et cela permet une souplesse dans l’organisation. Un système "d’alerte" a aussi été mis en place de manière à être très réactif et à orienter un élève qui n’aurait pas fait ses devoirs à la maison ou qui aurait des cours à rattraper suite à une absence vers le dispositif de manière ponctuelle.
SC : vous l’avez déjà évoqué au début de notre entretien, mais pouvez-vous expliciter plus finement comment les élèves sont "ciblés" ?
MK : effectivement comme je vous le disais auparavant, c’est d’abord le volontariat de chaque élève qui est pris en compte, puis si les professeurs principaux ou l’équipe pédagogique lors des conseils de classe discernent des besoins, la fréquentation du dispositif est alors proposée aux collégiens qui ont été "repérés".
AP : Grâce à la dotation des deux "Services Civiques", nous avons pu aussi améliorer le "repérage" plus fin et plus immédiat des besoins de certains élèves en concertation avec les professeurs. Un système de fiche de liaison a été mis en place, que chaque professeur peut remplir au jour le jour pour signaler un élève en difficulté ponctuelle. Avec l’accord des parents, l’élève peut alors intégrer l’heure de "Devoirs faits" le jour même pour pallier le souci le plus rapidement possible. C’est vraiment considéré comme une aide, un rattrapage par l’élève et non pas comme une sanction et cela fonctionne très bien.
SC : avez-vous déjà envisagé des améliorations qui pourraient être mises en place lors de la prochaine rentrée scolaire ?
MK : ce dispositif venant en continuité de ce qui existait auparavant, il y a déjà eu des ajustements, mais nous sommes bien sûr intéressés par ce qui est mis en place dans d’autres établissements pour encore apporter des améliorations dans l’organisation et dans la prise en charge des collégiens.
AP : ce que l’on souhaiterait amplifier c’est le système qui fonctionne depuis maintenant un mois et demi et dont nous vous avons parlé précédemment : cette possibilité d’intégrer un élève de manière ponctuelle au dispositif quand il a une difficulté passagère. Nous aimerions le systématiser car nous constatons que c’est une vraie valeur ajoutée dans le parcours de l’élève. Il permet aux élèves d’améliorer leurs résultats, notamment en évitant les copies blanches ou les devoirs non rendus.
SC : comment s’effectue le suivi des élèves ?
MK : nous favorisons énormément le contact direct avec les parents pour mesurer la marge de progression des élèves, nous n’hésitons pas à leur téléphoner pour faire des points réguliers. Il y a aussi un dialogue constant avec les professeurs.
AP : nous ne laissons jamais une situation se dégrader ! Il y a aussi de la communication formelle sur les progrès de chaque élève concerné lors des conseils de classe, où les assistants pédagogiques sont présents et consultés. Il y a un réel suivi au sein de l’équipe pédagogique.
SC : comment communiquez-vous sur l’existence de ce dispositif ?
MK : un formulaire est distribué en début d’année scolaire pour expliquer en quoi consistent les "Devoirs faits". Il y a aussi une information orale lors des rencontres parents-professeurs avec des explications sur ce qui se fait et comment les élèves travaillent au sein de ce dispositif. Les parents sont aussi relancés, selon l’évolution du travail de leur enfant.
A la fin de cet entretien Agnès Poiret et Myriam Khain soulignent que c’est un dispositif très positif. Sa mise en place a permis aux acteurs de réfléchir et d’approfondir leurs pratiques.
Un des élèves qui fréquente le dispositif a accepté de témoigner. Il s’agit d’Henri, élève de 3ème.
SC : bonjour Henri, peux-tu me dire pourquoi tu fréquentes le dispositif ’Devoirs faits" ?
Henri : ça m’aide bien, tout d’abord parce que l’on peut utiliser les ordinateurs, ce que tout le monde ne peut pas faire chez soi et surtout il y a des personnes qui peuvent nous aider. Mes parents ne peuvent pas m’apporter d’aide pour mes devoirs car ils travaillent. En plus, en 3ème on a plus besoin d’être aidé !
SC : comment organises-tu ton temps quand tu viens aux "Devoirs faits" ?
Henri : je fais d’abord les devoirs qui m’ont été donnés par mes professeurs le jour même, puis j’essaie de m’avancer pour les autres jours. Puis quand j’ai terminé j’en profite pour lire des bandes dessinées.
SC : As-tu déjà une idée de ce que tu aimerais faire plus tard ?
Henri : J’aimerais bien devenir journaliste, plutôt animateur dans une radio en fait mais je pense que cela rejoint aussi le monde des médias.
Extrait de ac-reims.fr de mars 2018 : Dispositif "Devoirs faits" au collège Le Noyer Marchand de Romilly-sur-Seine (10)