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La désaffection des "colos" est partiellement compensée par le développement des courts séjours dans les centres de loisirs municipaux, mais la diversification sociale s’accentue (rapport Ménard, Assemblée nationale)

9 août 2013

Rapport d’information déposé (...) par la commission des affaires culturelles et de l’éducation sur l’accessibilité des jeunes aux séjours collectifs et de loisirs
par Michel Ménard, Assemblée nationale. Commission des affaires culturelles et de l’éducation
juillet 2013, 173 p.

Extrait de ladocumentationfrancaise.fr Rapport d’inforamtion

Le texte intégral

EXTRAIT de ce rapport très fourni :

[...] 1. A. 6

Les études de l’INSEE et du CRÉDOC indiquent que le taux de départ en vacances des mineurs ne progresse plus depuis une dizaine d’années et stagne à 75 % alors que le taux de départ de l’ensemble de la population régresse. 3 millions d’enfants et de jeunes, soit 25 % de la classe d’âge des 5-19 ans, ne partent pas en vacances, c’est-à-dire qu’ils ne dorment jamais, dans l’année, plus de trois nuits hors de leur domicile. 2 millions d’entre eux ne le quittent même jamais pour plus d’une nuit.

Cette immobilité est directement corrélée au revenu familial. Elle affecte les enfants des familles dont le revenu est inférieur à 1 500 euros mensuels. Au-delà de ce seuil, les mineurs partent presque tous en vacances mais pas dans les mêmes conditions et pas aussi fréquemment. Les 5-19 ans partaient en moyenne 30 jours en vacances dans l’année en 1989, soit en séjours collectifs, soit en vacances familiales. En 2011, cette durée est tombée à 25 jours.

La stagnation du taux de départ des mineurs et la réduction de la durée de leurs séjours de vacances sont cependant inégalement réparties selon le revenu des parents. En outre, les familles font des choix de vacances inverses selon les revenus des ménages : les ménages plus pauvres et les plus riches privilégient les séjours collectifs tandis que les classes moyennes sacrifient les colos au profit des vacances familiales. Le graphique suivant reflète l’incidence de ces choix sur le taux de départ des mineurs en séjours collectifs :

[graphique] Première observation : les enfants issus des familles aux revenus les plus faibles sont ceux qui partent le moins en vacances mais pas ceux qui fréquentent le moins les colonies de vacances. Leur taux de fréquentation des séjours collectifs est dans la moyenne. Il est même double du taux de départ des enfants issus des ménages dont les revenus sont immédiatement supérieurs au seuil des 1 000 euros nets mensuels.

Deuxième observation : le taux de départ est non seulement faible par rapport au pic de 14 % atteint dans les années 1980 et 1990 mais de plus très inférieur à la moyenne actuelle pour les enfants dont les parents ont un revenu compris entre 1 000 et 2 000 euros nets mensuels. L’OVLEJ insiste sur le fait que « les inégalités économiques, qui marquent fortement l’accès aux séjours collectifs se sont renforcées, au préjudice des enfants de familles à revenus moyens ».

Le taux de départ en séjour collectif, qui était inférieur à la moyenne pour les familles disposant d’un revenu mensuel de moins de 1 000 euros en 2004 s’est nettement amélioré en 2011. Il reste nettement inférieur à la moyenne pour les familles à revenu moyen. Il se dégrade même pour certaines catégories. La plupart des enfants des classes populaires et moyennes continuent à partir en vacances mais avec leurs parents ou en famille. Or ces foyers constituent la majorité de la population française. Leur choix pèse lourdement dans les statistiques globales de départ en vacances comme dans celles de fréquentation des accueils de mineurs.

Selon l’OVLEJ, les vacances familiales sont désormais le seul type de vacances pour 61 % des mineurs partants en 2011. Cette proportion était de 53 % en 2004 et de moins 50 % en 1981. Les vacances avec les parents progressent non seulement au détriment des vacances en séjour collectif, qui ne représentent en moyenne que 9,5 % des départs, soit 7 % en colonie de vacances et 2,5 % en mini-camps mais également au détriment de vacances chez les grands-parents dont la proportion est passée en trente ans de 16 % à 10 %. Les autres séjours de vacances, avec d’autres membres de la famille (8 %), chez des amis (6 %), seuls pour les plus âgés (4 %), restent stables.

Troisième observation : le taux de fréquentation moyen des colonies de vacances correspond désormais à celui des enfants issus de familles gagnant entre 2 000 et 4 000 euros mensuels, c’est-à-dire les classes moyennes supérieures, dans lesquelles se retrouve la majeure partie des 3,5 millions de salariés des grandes entreprises dont les comités subventionnent encore les départs en colonies de vacances. Le taux de départ en séjours collectifs des enfants issus de milieux aisés, gagnant plus de 4 000 euros nets par mois, s’envole même pour atteindre le double du taux moyen de départ.

Autrement dit, alors que les enfants des milieux aisés et ceux issus de familles qui restent très aidées soit par un comité d’entreprise ou une municipalité, soit par les services sociaux, continuent de fréquenter les centres de vacances, l’absence des enfants des classes populaires et moyennes entraîne non seulement une stagnation voire une baisse de la fréquentation mais aussi une segmentation sociale de plus en plus marquée des séjours.

En simplifiant, on pourrait conclure, au vu des études concordantes publiées par l’OVLEJ, l’association Jeunesse au plein air (JPA) et l’UNAT entre 2005 et 2012, que le secteur économique des séjours collectifs de mineurs a répondu à la baisse de fréquentation et de durée des séjours de vacances en accentuant leur spécialisation, au point que ce secteur apparaisse désormais en voie de segmentation en trois catégories :
– 1° des centres de loisirs pour les 6-12 ans pour les enfants des classes populaire et moyenne des milieux urbains ;
– 2° des colonies de vacances d’été pour les plus pauvres de tous âges, qui ne partent pas en vacances familiales ;
– 3° des courts séjours d’une à deux semaines pour les 13-16 ans issus de milieux favorisés qui n’ont pas restreint leurs dépenses de vacances ou issus de familles qui disposent encore d’aides au départ de la part de leur employeur.

Constatant que cette segmentation des accueils était étroitement corrélée à la désaffection des séjours de vacances de plus d’une semaine, qui réunissaient auparavant les jeunes de classes d’âge et de classes sociales désormais séparées, la mission d’information a recherché les causes de cette désaffection.

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