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"Journées des coordonnateurs ZEP-REP", organisées par la Direction de l’enseignement scolaire (Metz, 13-15 nov. 2000)

28 mai 2008

"Le ministère de l’Éducation nationale a organisé à Metz les 13, 14 et 15 novembre 2000, pour la première fois, un séminaire destiné aux coordonnateurs des ZEP-REP.
A cette occasion, le ministre a réaffirmé l’importance qu’il accorde à la politique de l’éducation prioritaire et souligné la qualité du travail accompli par les coordonnateurs.

Le rôle du coordonnateur dans le fonctionnement et le développement de l’éducation prioritaire est primordial. Infatigable médiateur, interlocuteur de tous les acteurs locaux du réseau, animateur des partenariats de proximité, il est, le plus souvent, la cheville ouvrière du système (*) éducatif aux côtés du responsable de la ZEP.
Ce séminaire a permis pour la première fois de débattre, au niveau national, de ces missions, des priorités d’action à affirmer, des modalités d’organisation et de régulation du fonctionnement des réseaux au cœur desquels se situe l’espace de compétences des coordonnateurs.
"
(Texte de présentation de la brochure des Actes décrite ci-dessous)

Les journées des coordonnateurs ZEP-REP  : programme national de pilotage : actes du séminaire national, les 13, 14 et 15 novembre 2000 à Metz, organisé par la Direction de l’enseignement scolaire, Bureau de la formation continue des enseignants et le Bureau du réseau scolaire.
Caen : CRDP de Basse-Normandie, 2001 .- 52 p. : couv. ill. en coul. ; 24 cm. ISBN 2-86618-466-1 (br.)

 

Sommaire

Message de Jack LANG,
Ministre de l’Éducation nationale :

Ouverture du séminaire (p. 7), par
Bernadette MALGORN, Préfet de la région Lorraine, préfet de la Moselle

La situation des ZEP-REP en Moselle (p. 13), Raoul DARRAS,
Inspecteur d’académie, directeur des services départementaux de l’Éducation nationale de Moselle

La place des coordonnateurs dans les ZEP-REP (p.16), par Alain WARZÉE, Chargé de la sous-direction des établissements
et de la vie scolaire de la DESCO

Efficacité pédagogique et réussite des élèves (p.19)
Gérard CHAUVEAU, Chercheur à l’INRP

L’animation urbaine engagée par le conseil général de la Moselle auprès des milieux difficiles (p. 25), par Gilles HENRY, Responsable du service éducatif au conseil général de la Moselle

Introduction aux travaux en ateliers (p. 27), par Marcelline LAPARRA, Maître de conférences à Metz

Le partenariat avec le ministère de l’Emploi et de la Solidarité chargé de la Ville (p. 31), par Claude LANVERS, Adjoint au délégué interministériel à la Ville

La politique de la ville en Moselle (p. 35), par
Claude FLEUTIAUX,
Sous-préfet, chargé de mission pour la politique de la ville en Moselle

Des indicateurs communs pour un tableau de bord de l’éducation prioritaire(ICoTEP) (p. 42), par Françoise OEUVRARD et Isabelle PAULIN, Direction de la Programmation et du Développement

Synthèse des travaux de groupe (p. 44), par Michelle CHEVALIER, IA-IPR, correspondante académique de l’éducation prioritaire de l’académie de Bordeaux

 

NDLR : L’OZP a choisi de reproduire ci-après les 4 textes, en gras dans le sommaire, qui traitent de façon plus exclusive du rôle des coordonnateurs.
L’ensemble des Actes de ces journées est contenu dans le document PDF fourni en bas de cette page (cliquer sur la couverture en couleurs).
Ce texte sera très bientôt consultable sur le site eduscol/formation continue des enseignants/publications

&nbsp

Message de Jack Lang

Mon emploi du temps, en ce jour de discussion à l’Assemblée nationale du budget de l’Education, ne m’a pas permis d’être présent parmi vous aujourd’hui.

J’ai tenu à vous transmettre néanmoins un message.
Un message pour souligner tout d’abord l’importance de cette première rencontre nationale de l’ensemble des coordonnateurs des ZEP et REP.
En vous réunissant aujourd’hui, le ministère de l’Éducation nationale réaffirme à la fois l’importance qu’il accorde à la politique de l’éducation prioritaire et au travail que vous
accomplissez.
Au coeur de la politique de l’éducation prioritaire, relancée par Ségolène Royal, sont désormais présentes les notions de réseau, de pilotage, d’animation, d’accompagnement, de projet.
Après des années d’ambiguïté et, parfois, il faut bien l’avouer, d’abandon politique où les ZEP, comme en jachère, n’ont tenu que par l’engagement militant de leurs enseignants, le ministère de l’Éducation nationale a fixé un cap essentiel.

La zone ou le réseau d’éducation prioritaire n’est pas un dispositif parmi d’autres de traitementdes difficultés sociales. Les enseignants de ZEP ou de REP sont d’abord des enseignants : ils exercent le même métier que tout enseignant, ils s’assignent les mêmes exigences, les
mêmes objectifs.
Cette volonté s’est traduite par l’élaboration des contrats de réussite, des réseaux et par la mise en place, claire et explicite, de coordonnateurs, vous-mêmes, mesdames et messieurs, qui êtes réunis aujourd’hui.
L’éducation prioritaire, avec des moyens spécifiques, développe pour des élèves, vivant dans des territoires qui connaissent des difficultés très fortes, des méthodes pédagogiques, une organisation accentuée et particulière.

Je crois que vous attendiez tous que j’exprime clairement ma vision de l’éducation prioritaire et ma volonté de poursuivre le travail de fond qui s’est engagé depuis trois ans. C’était le premier objet de ce message. Et vous pouvez compter sur moi pour rappeler l’importance de l’éducation prioritaire à chaque fois que j’en aurai l’occasion.

Le deuxième objet était de vous rappeler, puisque vous êtes réunis pour la première fois, les pistes de travail dans lesquelles je souhaite que notre ministère puisse avancer dans les mois qui viennent.

Le premier axe est celui des outils d’évaluation et de pilotage ainsi que des méthodes d’accompagnement pédagogiques. Je souhaite que s’engage un chantier national d’élaboration, de discussion, d’expérimentation de ces outils. Ils ne peuvent être inventés du
sommet. Ils doivent répondre à vos besoins, à votre perception irremplaçable de la réalité des ZEP et des REP. Ils ne peuvent non plus être élaborés par vous seuls, non que vous n’en ayez les capacités, mais parce que cela aboutirait à un morcellement des outils là où nous
devons être capables d’organiser un dialogue national entre ZEP et REP.
Il s’agit donc d’un chantier où le niveau central doit savoir vous accompagner, vous épauler tout en étant à l’écoute de vos besoins. Je demanderai également au nouveau Comité national d’évaluation, dont j’ai confié la présidence à Claude Thelot, de mettre à la disposition de ce chantier ses compétences et son savoir-faire.

En matière d’accompagnement, nous devons parvenir également à des méthodes harmonisées qui permettent un travail régulier et efficace.
La première condition d’efficacité est l’implication de l’ensemble de la hiérarchie auprès de vous. Les corps d’inspection, les responsables du premier et du second degré, aux niveaux déconcentrés, les recteurs bien
sûr, doivent être attentifs à travailler avec vous, à mettre sur pied des relations régulières etfructueuses.

Et puis, enfin, mon troisième message est ma volonté de voir mieux reconnues vos fonctions.
Le ministère demandera à ce que les fonctions de coordonnateurs soient prioritaires dans l’attribution de la nouvelle tranche de NBI-ville décidée par le gouvernement en décembre dernier.
Je vous souhaite à tous de bonnes journées de travail et je serai attentif aux conclusions et aux propositions qui émergeront de cette première rencontre.

Jack LANG,
Ministre de l’Éducation nationale

&nbsp

La place des coordonnateurs dans les ZEP-REP

Alain WARZÉE

Sous-directeur des établissements
et de la vie scolaire à la DESCO

Le rôle du coordonnateur dans le fonctionnement et le développement de l’éducation prioritaire est primordial ; il est, le plus souvent, la cheville ouvrière du système éducatif, aux côtés du responsable de ZEP.

Sa fonction est effectivement moins simple que la définition initiale qui en a été donnée il y a une dizaine d’années : elle exige un travail de terrain, parfois ingrat, et de plus en plus complexe. Cette complexité croissante « du métier » de coordonnateur s’explique par la mise en place de politiques
interministérielles qui ont donné lieu à une multiplicité d’actions communes, partenariales et contractuelles dans lesquelles il a dû s’inscrire et se redéfinir.
Même si une présentation cohérente peut être faite de ces politiques
contractuelles, il ne faut pas négliger le risque d’un empilement des dispositifs (contrat de ville, contrat local de sécurité, contrat éducatif local, contrat de réussite...) qui peut donner parfois un sentiment de confusion.

Le fil rouge de notre politique contractuelle doit être l’amélioration des
résultats scolaires et la réussite de l’élève. Nous devons rester les maîtres
d’oeuvre de ces deux thèmes fondamentaux, notamment à travers le contrat de réussite. Un partenariat, dans le cadre de la politique de la ville par exemple, demeure plus que jamais souhaitable, mais il ne doit pas nous empêcher d’affirmer nos spécificités et nos objectifs propres.

Les champs d’intervention du coordonnateur

La multiplicité des dispositifs contractuels et des politiques interministérielles nécessite un pilotage cohérent, coordonné et solidaire. Le coordonnateur de réseau doit faire preuve d’un faisceau de compétences spécifiques et d’une professionnalité caractéristiques d’un véritable métier. Ce « métier » se définit par quatre champs d’intervention.

 1. Le premier champ d’intervention du coordonnateur est l’information et
la concertation. Les coordonnateurs font remonter les informations de
terrain, en participant notamment à l’élaboration des contenus de formation et en assurant les liaisons nécessaires avec les centres de ressources.
 2. Le coordonnateur effectue également un travail de mise en cohérence, de régulation et d’évaluation des actions entreprises.
 3. Le coordonnateur a pour autre tâche de négocier, rechercher et gérer des moyens. Ce champ d’intervention primordial devient pour lui de plus en plus lourd à mesure que se développent les partenariats.
 4. Enfin, le coordonnateur déploie tout un travail relationnel avec la
communauté éducative, en nouant des liens avec les parents d’élèves, ou en assurant une certaine continuité et une certaine cohérence entre le premier et le second degrés, notamment dans l’organisation des processus d’apprentissage. D’autre part, il tisse des relations avec les partenaires de l’École, comme les collectivités locales ou les associations. Mais d’autres partenariats se développent : le partenariat entre le ministère de l’Éducation nationale et celui de la Ville, par exemple, se met en place au niveau départemental. Une réunion récente sous l’égide des deux ministres a d’ailleurs rassemblé les inspecteurs d’académie et les sous-préfets ville afin de donner une impulsion supplémentaire aux projets engagés dans le cadre
de ce partenariat.

Les différents champs d’intervention du coordonnateur comportent de multiples défis, qui peuvent, pour certains, paraître extrêmement lourds à relever. Cependant, il dispose d’un certain nombre d’atouts :
 tout d’abord, il est identifié par les autres enseignants comme un collègue, et non comme un agent administratif ou un supérieur hiérarchique. Les échanges avec lui sont, de ce fait, facilités ;
 ensuite, il est identifié au sein des réseaux comme le représentant de l’Éducation nationale dans toutes les négociations ou débats visant à mettre en place des partenariats. Dans le réseau de ses partenaires institutionnels ou associatifs, sa connaissance de l’École, du quartier ou du milieu associatif local lui confère une compétence forte ;
 enfin, au sein même du quartier et de la communauté scolaire, le coordonnateur est reconnu comme l’interlocuteur pour tout ce qui intéresse l’École.

Un document existe, qui pourrait renforcer la légitimité du coordonnateur et le conforter dans la multiplicité de ses rôles : la lettre de mission. Celle-ci devrait être rédigée en fonction d’une référence nationale, comporter, de manière claire et précise, les attentes de l’institution vis-à-vis du coordonnateur et fixer les objectifs qui lui sont assignés.

Les chantiers de l’éducation prioritaire

Le message du ministre adressé aux coordonnateurs à l’occasion de ce séminaire définit l’éducation prioritaire non comme un dispositif à caractère administratif ou social, mais comme une politique publique inscrite au coeur même de l’École. Il convient de le rappeler à l’ensemble de nos partenaires.
L’éducation prioritaire suppose certes une vigilance accrue, des moyens supplémentaires, une exigence plus grande et une nécessaire innovation pédagogique, mais elle doit s’inscrire au coeur de l’École.

Le rapport Moisan-Simon établit clairement que la réussite n’est au rendez-vous que si l’on ne perd pas de vue les objectifs d’apprentissage. L’élaboration des pôles d’excellence a permis de réaffirmer la nécessité de rester ambitieux et exigeant au niveau des résultats scolaires. Dans les réseaux comme ailleurs, il nous faut mettre en place les chantiers prioritaires que le ministre a définis lors de la rentrée et dont je vais dresser un bref rappel :
 gagner la bataille de la lecture et de l’écriture constitue l’objectif numéro un de la politique d’éducation prioritaire. Les réunions interacadémiques,
organisées par Ségolène Royal l’an passé, ont montré que les solutions innovantes et les réussites les plus marquantes proposées dans ce domaine étaient souvent présentées par des équipes de ZEP ;
 l’introduction des langues vivantes étrangères dans l’ensemble du système, y compris en ZEP, représente un autre défi majeur ;
 la rénovation de l’enseignement des sciences (technologie et mathématiques) a été l’un des points traités dans le cadre des pôles d’excellence. Pendant huit mois, l’an dernier, un groupe de travail a réfléchi sur les mathématiques en ZEP et ses propositions sont
disponibles sur Internet ;
 le développement de l’éducation artistique et culturelle est un axe fort de la politique ministérielle. Il s’agit de développer chez l’enfant
« l’intelligence sensible », à côté de l’intelligence plus abstraite ou conceptuelle. Une bonne part des projets de pôle d’excellence se situent dans ce champ de travail ;
 la maîtrise des technologies d’information et de communication au service de l’enseignement ;
 l’éducation à la citoyenneté et au comportement social, qui font partie intégrante de la mission d’éducation de l’École.

Sur chacun de ces champs de travail, l’éducation prioritaire dispose, le plus souvent, d’une avance qu’elle doit conserver : je suis certain qu’à cet égard l’implication et le savoir-faire des coordonnateurs, la dynamique qu’ils savent inscrire dans les projets dont les réseaux sont porteurs - et qu’ils conduisent, le plus souvent - permettraient à l’éducation prioritaire de conserver sa fonction d’innovation pédagogique et de moteur des évolutions du système éducatif.

Introduction aux travaux en ateliers

Marcelline LAPARRA
Maître de conférences à Metz

Vous avez entendu hier un certain nombre de propos qui cadraient la fonction de coordonnateur du point de vue des enjeux du système éducatif.
L’un des enjeux de ces journées est que le système éducatif vous connaisse mieux et qu’il apprenne à se servir de vos expériences et de vos suggestions.

Je travaille sur les ZEP depuis qu’elles existent, à l’instar de Gérard Chauveau. Nous avons fait partie des premiers chercheurs qui, autour d’Alain
Savary, ont entrepris de les étudier. Lorsqu’on travaille avec les acteurs des ZEP, c’est-à-dire avec les coordonnateurs, les inspecteurs ou les principaux de collège, on s’aperçoit que ce monde, qui représente un cinquième du système éducatif, constitue un petit univers à lui tout seul, où chacun se connaît. Il faudrait partir de cette bonne connaissance pour mutualiser ce que cet univers particulier sait du système éducatif, ce qu’il sait faire et ce qu’il ne sait pas faire.

Les coordonnateurs ont souvent le sentiment d’être les oubliés des ZEP.
Lorsque l’on interroge les coordonnateurs sur ce qu’ils sont, le sentiment prédominant est qu’ils sont tout et leur contraire. Le même individu, selon les moments, a l’impression d’être, d’une part, l’homme à tout faire de la ZEP ou, d’autre part, son meilleur représentant. Souvent, en effet, il est celui qui, instantanément, parle et dit la ZEP. Un coordonnateur tiendra les deux rôles dans certaines ZEP, alors que, dans d’autres, il ne remplira que l’un des deux.
Entre les deux extrêmes de l’homme à tout faire et du représentant de la ZEP, toutes les nuances sont possibles à la fois dans l’espace et dans le temps. Il suffit que les acteurs essentiels de la ZEP changent pour que le rôle du coordonnateur se redéfinisse.

De la même façon, lorsque l’on demande aux coordonnateurs de décrire par des verbes leurs actions, on s’aperçoit immédiatement que ces verbes désigneraient ailleurs des métiers totalement différents. Certains affirment passer leur temps à négocier, quand d’autres se lamentent de consacrer leur activité à la recherche de financements externes.
En d’autres lieux, ils se déclarent animateurs ou se décrivent comme les véritables chefs d’un service de communication interne ou externe. Enfin, on leur rappelle constamment qu’ils doivent être aussi de fins pédagogues.
Au total, l’ensemble de ces étiquettes forment un tout, que l’on refuse de qualifier de métier. Peut-être parce que c’est un métier impossible ! D’une ZEP à l’autre, un pôle l’emporte, s’additionne ou se juxtapose aux autres, parfois dans la même journée.

Un « métier » en quête de d’identité et de reconnaissance
La demande de statut émanant des coordonnateurs ne s’apparente pas à une revendication catégorielle. C’est en réalité une double demande professionnelle de reconnaissance.

L’exigence statutaire des coordonnateurs procède avant tout d’une accumulation de difficultés qu’ils rencontrent régulièrement sur le terrain, dans l’accomplissement de leur tâche. Ces difficultés, qui varient étonnamment au sein d’une même ZEP, nécessitent un inventaire. Elles vont du manque de matériel (bureau, localisation, branchement téléphonique...) à l’absence de lettre de mission, en passant par le manque de temps. Il serait bon de savoir pourquoi de telles difficultés matérielles existent, lors même qu’on juge le métier de coordonnateur « essentiel ».

Il conviendrait aussi de s’interroger sur les partenariats que le coordonnateur est amené à engager afin de définir mieux ce « métier ». Une analyse collective, dans le cadre des ateliers, doit nous aider à cerner tous les enjeux qui s’attachent à la question de la reconnaissance institutionnelle du coordonnateur de ZEP.

Un métier en évolution permanente
Le métier de coordonnateur évolue à mesure que son environnement direct change (politiques contractuelles, système éducatif...). Un bon nombre de coordonnateurs présents aujourd’hui n’étaient pas présents il y a de cela trois ans.
Le système éducatif est en effet confronté à un changement important de génération, qui entraîne la disparition de l’ancienne culture professionnelle et l’émergence d’une nouvelle culture professionnelle.

Nous sommes donc fondés à nous demander qui sont les coordonnateurs aujourd’hui, par rapport à ce que nous savions d’eux il y a dix ans, au moment de l’unification du pilotage des ZEP.

Dans certaines ZEP, le chef d’établissement scolaire change constamment, de même que le coordonnateur et l’IEN, mais selon des rythmes différents. Le trio qui est censé gérer la ZEP dans la continuité se trouve ainsi en reconfiguration permanente. Pourquoi se trouve-t-on devant une telle difficulté ?

Face à cette instabilité, une question doit être posée : qui est le coordonnateur, humainement parlant ? Depuis combien de temps occupe- -il cette fonction ? D’où vient-il ? Quel a été son parcours ?

Les textes officiels précisent qu’il faut réunir quatre qualités pour espérer devenir coordonnateur :
 la motivation ;
 la compétence pédagogique (il reste à savoir, d’une part, si elle est la même pour tous les coordonnateurs, et, d’autre part, quelles compétences pédagogiques le coordonnateur réunit, qui lui permettent de se différencier du reste des enseignants) ;
 la capacité d’animation ;
 la connaissance du système éducatif.

Si être coordonnateur est bel et bien un métier, il est nécessaire de repérer les qualités nécessaires pour pouvoir tenir ce rôle ou pour former ceux qui veulent l’assumer.

De surcroît, les ZEP sont extraordinairement diverses et le métier de coordonnateur est différent d’une ZEP à l’autre. Un coordonnateur de ZEP rurale dans les Vosges ne fait pas exactement le même métier qu’un coordonnateur en Seine-Saint-Denis. Certains coordonnateurs ont presque pour tâche d’empêcher l’École d’être envahie et pervertie par la profusion de ressources extérieures. D’autres cherchent désespérément à amener les ressources extérieures jusqu’à l’École.

Le problème est que l’hétérogénéité des moyens mis à la disposition des coordonnateurs dans les ZEP est en partie masquée par l’homogénéité des moyens attribués par l’Éducation nationale. Cette hétérogénéité n’en est pas moins réelle.

Les participants à ce séminaire devront dire s’il existe, malgré un tel foisonnement de paramètres de différenciation, un noyau dur ou une base commune au métier de coordonnateur.

Les autres questions relatives au rôle de coordonnateur
D’autres questions peuvent être posées, qui offrent autant d’entrées supplémentaires pour mieux appréhender le métier de coordonnateur :
 il faudrait considérer les différentes tâches assumées par le coordonnateur : son rôle est-il le même lorsqu’il mène une action thématique ou une action lecture ? ;
 il conviendrait aussi d’analyser de quelle manière les coordonnateurs essaient de rendre cohérents les différents dispositifs d’aide en gérant leur multiplicité, addition ou juxtaposition ;
 il conviendrait également de préciser de quelles informations le coordonnateur doit nécessairement disposer pour exercer sa mission (critères de constitution des classes en collège, résultats aux évaluations
nationales...).

La journée de travail qui lui est consacrée nous permettra sans doute de répondre à toutes les problématiques que j’ai esquissées et de mieux comprendre le coordonnateur, dans ce qu’il est et dans ce qu’il fait.

Synthèse des travaux de groupe

Michelle CHEVALIER,
IA-IPR

Je vais tenter de restituer, avec la plus grande exhaustivité possible, la substance des débats qui se sont déroulés hier. Pour éviter les redondances, je croiserai les résultats des différents ateliers.

Mon propos s’articulera autour de quatre grandes parties, agrémentées d’une annexe :
 l’état des lieux ;
 les problématiques posées ;
 les propositions d’organisation et de fonctionnement ;
 les perspectives ;
 l’ambiance des travaux.

I - L’ETAT DES LIEUX
Deux mots caractérisent l’état des lieux dressé par les coordonnateurs :
hétérogénéité et complexité. Ils sont souvent employés dans un usage ambivalent : soit pour en souligner les points positifs, soit pour en signaler les effets négatifs.

Les points négatifs
Les coordonnateurs ont exprimé à de nombreuses reprises les difficultés ou insuffisances auxquelles ils se heurtent quotidiennement dans leur ZEP-REP :
 la difficulté à définir le rôle et la place du coordonnateur ;
 l’absence de lettre de mission ou de reconnaissance ;
 la diversité des missions ;
 la diversité des rôles de coordonnateur ;
 la faible définition des compétences requises et le manque de reconnaissance professionnelle.

Les coordonnateurs remarquent qu’il existe un cadre réglementaire interministériel présentant, du point de vue des partenaires hors de la communauté éducative, une certaine cohérence. Mais à l’intérieur de ce cadre, la politique de la ville reste relativement floue à leurs yeux. Les coordonnateurs se plaignent de leur manque de repères et de visibilité, et de leur méconnaissance des acteurs.

Les conditions de travail dans lesquelles les coordonnateurs exercent leur métier sont très variées : elles vont d’une absence de décharge sur leur temps de travail à la présence de deux coordonnateurs par zone ou réseau, en passant par un quart de décharge.

Les tâches qui leur incombent sont généralement de deux natures : elles peuvent d’une part relever du contrat de réussite, et consister d’autre part à établir des liens entre les cycles et les degrés.

Les coordonnateurs soulignent également d’autres types de difficultés au niveau :
 des structures matérielles et des conditions de travail (équipement, logo, informatique, téléphone) ;
 de l’engagement des autorités hiérarchiques (départementales, académiques) et de l’encadrement ;
 du manque de stabilité des effectifs.

Les points positifs
L’ensemble de ces aspects négatifs (liés à la diversité et à l’hétérogénéité des situations) peuvent aussi avoir leur contrepartie positive.

Concernant le rôle pédagogique des coordonnateurs
Le rôle pédagogique des coordonnateurs ZEP a beau être diversement mis en oeuvre, il apparaît primordial. À en croire les coordonnateurs, il doit obligatoirement s’adresser à l’ensemble des ZEP-REP.

Le rôle pédagogique du coordonnateur s’articule autour de deux axes majeurs :
 le contrat de réussite, soit en réécriture dans les territoires les plus anciens, soit en écriture dans les REP récents : les coordonnateurs constatent qu’ils concourent de manière différenciée à l’apprentissage
de l’écriture, mais que leur action pédagogique en la matière est tout à fait positive ;
 la liaison inter-degrés : les coordonnateurs considèrent qu’ils campent le rôle de vigile, et s’assurent qu’aucun degré ne prédomine sur l’autre en fondant leurs actions pédagogiques sur les évaluations, les normes d’exploitation, les référentiels disciplinaires et les réunions d’enseignants.

Concernant les partenariats
Au niveau partenarial, les coordonnateurs soulignent :
 que la réussite du contrat de ville dépend du chef de projet ;
 la richesse des projets et des contrats de ville (BCP, accompagnement scolaire, associations de quartiers, associations sportives, associations culturelles et artistiques...)
 la part privilégiée des parents ;
 la nécessité d’une cohérence entre les différents projets ou contrats.

Des compétences à reconnaître
L’état des lieux établi par les coordonnateurs est sous-tendu par une idée phare : le rôle de coordonnateur exige des capacités, des compétences et des qualités qu’il faut impérativement définir, repérer et reconnaître pour en faciliter l’exercice.
Les participants de ce séminaire ne disent rien dans leur compte rendu sur ce que recouvrent ces qualités, compétences ou capacités. Ils se contentent
d’évoquer des verbes d’action tels que : instaurer la confiance, communiquer, fédérer, impulser, informer, constituer une mémoire, relancer, élaborer,
préparer, co-animer. Ces verbes résument tous les champs d’intervention du coordonnateur ZEP-REP, aussi bien dans la communauté éducative qu’au dehors.

L’exercice du métier de coordonnateur exige qu’une mémoire de ses réalisations soit construite, entretenue et communiquée. À cette fin, les coordonnateurs disposent de plusieurs outils :
 dans la communauté éducative : sites web, revues de presse, actes administratifs, journal ZEP, brochures et contrats de réussite ;
 dans le cadre de l’accompagnement scolaire et des initiatives locales : CEL, CLAS, contrats de ville, etc.

Un autre élément semble fondamental aux participants des ateliers : la communication - notamment par les partenaires qui se situent en dehors de la communauté scolaire - de l’ambition, de la qualité, de l’engagement et de la valeur de l’École. Mais les coordonnateurs estiment que leur pouvoir de décision reste très relatif en la matière.

Au total, force est de constater la grande diversité des places, rôles, méthodes (exemple du traitement et de la diffusion des informations), champs d’intervention et situations du coordonnateur au sein des ZEP et des REP.

II - LES PROBLEMATIQUES POSEES

Les questions des coordonnateurs s’articulent autour de trois axes :
 Que doit faire le coordonnateur ?
 Avec qui le coordonnateur travaille-t-il ?
 Dans quelles conditions travaille-t-il ?


Que doit faire le coordonnateur ?

Une série de questions se posent, qui conditionnent la bonne marche de l’action du coordonnateur :
 comment le coordonnateur peut-il convaincre les enseignants du second degré, alors qu’il n’est légitimé que dans et par le premier degré ? Comment peut-il être crédible ? ;
 comment le coordonnateur peut-il assurer le suivi des actions et, éventuellement, intervenir, par exemple dans le cadre du contrat de réussite ? ;
 comment le coordonnateur peut-il rassembler les éléments permettant d’évaluer son action ? ;
 le coordonnateur est-il effectivement un formateur, ou bien son rôle consiste-t-il uniquement à analyser des besoins et à les transformer en demandes de formation ?

La complexité des tâches du coordonnateur s’est accrue depuis la politique de relance de l’éducation prioritaire.
En effet, les coordonnateurs sont désormais tenus de remplir trois autres objectifs :
 repérer les acteurs se situant hors de l’Éducation nationale et l’ensemble des contrats et projets dans lesquels ils sont impliqués ;
 veiller à la cohérence des projets ;
 recentrer les actions pédagogiques sur les apprentissages fondamentaux.

Par rapport à ces nouveaux objectifs fixés par la politique de relance de l’éducation prioritaire, les coordonnateurs se posent plusieurs questions.
L’intervenant extérieur possède parfois une compétence technique et professionnelle plus grande que celle du coordonnateur pour accomplir certaines actions, notamment en matière de prévention. Qui de l’acteur du monde scolaire (principal, professeur, coordonnateur...) ou de l’intervenant extérieur doit demeurer le pilote ?

Avec qui le coordonnateur travaille-t-il ?
Face à des tâches aussi diverses et étendues, le coordonnateur éprouve souvent des difficultés à savoir ce qu’il lui incombe de faire, et ce qui revient
plus spécifiquement à l’équipe de pilotage. Une équipe de pilotage lui apparaît nécessaire, au sein de laquelle les rôles et les responsabilités de chacun doivent
cependant être clairement définis. Le coordonnateur doit aussi pouvoir y détenir une marge d’initiative.
Une autre clarification est nécessaire entre les tâches que le coordonnateur assure et celles que remplit le conseiller pédagogique.

Dans quelles conditions le coordonnateur travaille-t-il ?
Les coordonnateurs posent enfin deux questions relatives à la répartition des tâches entre les différents acteurs de la ZEP :
 où et quand le coordonnateur peut-il aller seul sur le terrain : dans les familles, dans le cadre des politiques de la ville, dans le cadre de ses actions de médiateur ? ;
 dans quelles conditions travaille-t-il ? Ces conditions dépendent du temps qui reste disponible pour échanger, s’approprier les outils ou faire circuler l’information.

La fonctionnalité du rôle de coordonnateur dépend de la réunion de conditions de travail matérielles favorables.
Dans cette perspective, l’équipe de pilotage est essentielle. Elle doit être composée selon des critères de motivation, d’engagement, de compétence, et de connaissance du système éducatif et du terrain.

Le fonctionnement des ZEP-REP repose principalement sur la tenue régulière de réunions, dont les coordonnateurs constatent l’importante quantité.
Ces réunions, aussi nombreuses soient-elles, n’en restent pas moins nécessaires pour rendre compte de la cohérence de toute l’organisation de la politique d’éducation prioritaire.

Cependant, afin d’améliorer encore le fonctionnement de cette organisation, les coordonnateurs proposent de distinguer différents moments dans l’année :
 la prérentrée ;
 le cours de l’année ;
 la période de formation ;
 le bilan.

La prérentrée
La prérentrée est le moment où l’ensemble des acteurs de la ZEP (premier et second degrés) devraient être réunis afin de discuter et de se projeter dans l’avenir. Le conseil de zone a un rôle important à jouer dans l’orientation de la ZEP.

Le cours de l’année
Pendant l’année scolaire, les coordonnateurs proposent de développer un certain nombre de dispositifs tels que :
 la mise en place de projets fédérateurs sur des thématiques précises ;
 l’organisation de commissions de suivi avec des membres volontaires afin de développer des actions communes ;
 le développement de regroupements départementaux, inter-ZEP, interdépartementaux ou académiques.

La période de formation
Les coordonnateurs plaident pour la définition d’une période de formation, qui pourrait concerner deux types de publics : les coordonnateurs en tant que tels, d’une part, et les autres acteurs de la ZEP, d’autre part.

À destination des coordonnateurs
Les coordonnateurs sont particulièrement demandeurs de formation dans une optique de professionnalisation. Cette formation ne porterait pas sur leur travail scolaire, mais sur des domaines extrascolaires (relations avec les collectivités locales, organisations de ces collectivités, pilotage, traitement informatique et statistique des données).

Les coordonnateurs s’expriment également en faveur d’une formation qui leur permettrait de mener à bien leur mission de mise en cohérence des actions entre les degrés ou cycles d’enseignement. Cette formation viserait à enrichir leur compétence professionnelle du premier degré et à mieux maîtriser les actions et les méthodes d’évaluation pédagogiques mises en oeuvre dans le second degré.

IV - LE BILAN

Le bilan des actions pédagogiques ou partenariales est nécessaire. Il doit être annuel ou pluriannuel. Par ailleurs, il doit contenir des éléments en termes d’objectifs, et d’autres éléments plus qualitatifs (liste des actions mises en place, liste des projets reportés, difficultés intervenues dans la réalisation d’un
projet...).

Le bilan final devrait aussi comporter des éléments relatifs aux moyens financiers. Une plus grande transparence dans les crédits alloués (de fonctionnement, d’équipement...) est nécessaire.

Les coordonnateurs précisent que la concrétisation de l’ensemble des propositions d’organisation et de fonctionnement qu’ils ont formulées n’est possible que si on leur octroie pour cela une décharge complète.

[V - LES PERSPECTIVES

Parmi les conditions qui doivent être réunies pour rendre efficace l’action des coordonnateurs, il en est une qui paraît incontournable : la lettre de mission.

La lettre de mission doit permettre d’harmoniser au niveau national et académique leur rôle pédagogique. Mais il ne faut pas que cette harmonisation se traduise par de l’uniformisation.

Les coordonnateurs expriment un vrai désir de reconnaissance professionnelle. Ils veulent être considérés comme exerçant un véritable métier.
Certains d’entre eux demandent même à bénéficier de formes de valorisation professionnelle. L’engagement en tant que coordonnateur constituerait ainsi un acquis professionnel, dont la validation (ne passant pas obligatoirement par la sanction d’un diplôme ou d’un concours) permettrait de pouvoir continuer sa
carrière en dehors du corps d’origine.

La lettre de mission, que les coordonnateurs jugent impérative pour l’accomplissement de leurs missions, doit par ailleurs :
 être différente d’un simple cahier des charges, tout en incluant ce dernier ;
 être suffisamment précise pour cadrer la mission du coordonnateur, et relativement souple pour pouvoir être adaptée à l’environnement local ;
 rappeler la forte implication du coordonnateur au sein de l’institution scolaire, ainsi que dans le conseil de réseau ou de zone - qui représentent des outils de management lourds, mais indispensables - et
dans le cadre des partenariats ;
 rappeler le rôle du coordonnateur dans le suivi de tout projet hors de la communauté éducative ;
 être provisoire et ne pas engager le coordonnateur du début jusqu’à la fin de sa carrière ;
 être clarifiée en ce qui concerne la fonction pédagogique du coordonnateur, d’une part, et son éthique professionnelle (gestion des fonds publics, communication des informations), d’autre part ;
 préciser la mission de communication du coordonnateur (circulation et diffusion des informations au sein de l’équipe de pilotage)

Séminaire coordonnateurs

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