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Extrait du « Parisien » du 30.12.04 :
La lycéenne de Vitry s’épanouit à Sciences-po : dans la série « Ils ont marqué l’année dans le Val-de-Marne », nous avons retrouvé ces anonymes qui nous racontent ce qui a changé aujourd’hui pour eux.
Je ne regrette pas mon choix. Sur le plan intellectuel, j’apprends énormément. C’est très enrichissant. » En septembre, Souhir Ben Abdallah, titulaire d’un bac ES (économie et social) et jusqu’alors scolarisée au lycée Jean-Macé de Vitry, classé en ZEP (zone d’éducation prioritaire), a intégré la prestigieuse école de la rue Saint-Guillaume, à Paris. Depuis 2001, dans le cadre des conventions de partenariat passées avec une vingtaine de ZEP de la région parisienne et du nord de la France, des élèves issus de lycées situés en zone défavorisée, comme Souhir, peuvent entrer à Sciences-po. Une entorse au règlement du concours d’accès qui offre une chance à des jeunes issus de familles modestes de se mêler aux enfants de milieux favorisés, après un oral d’admission.
En septembre, Souhir, jeune Française d’origine tunisienne, issue d’une fratrie de six frères et d’une sœur, a donc pour la première fois pénétré dans l’enceinte de l’école. Après un premier mois d’intégration durant lequel les élèves des ZEP ont pu en toute tranquillité réviser leurs acquis, les cours ont commencé. « J’ai des profs formidables. J’apprécie beaucoup Dominique Strauss-Khan qui, bien qu’il soit socialiste, dispense des cours d’économie d’une grande neutralité. J’admire aussi beaucoup Olivier Duhamel, mon professeur d’institutions politiques, qui est extrêmement brillant. Il y a à Sciences-po un bouillonnement intellectuel formidable », se réjouit la jeune étudiante.
« Une vision caricaturale de la banlieue »
Bien que confrontée à des enfants issus de milieux souvent aisés, ayant pour la plupart fréquenté de grands lycées parisiens, Souhir suit sans difficulté les cours. « C’est vrai qu’il y a beaucoup de fils d’énarques... ça se ressent dans leur attitude, leur façon de s’exprimer, dans certains de leurs propos. Mais ce n’est pas pour ça qu’ils sont forcément plus intelligents ! La seule matière où ça se voit, c’est les langues. Ils ont tous passé un mois ou deux en Angleterre ou aux Etats-Unis ! » commente en riant Souhir.
Entre les travaux de groupe et les après-midi à la bibliothèque, Souhir apprend peu à peu à connaître ses camarades. Le regard de certains sur la banlieue l’amuse : « La plupart des élèves ont une vision très caricaturale de la banlieue. Ils ne la connaissent que par les images de TF 1. Pour eux, les cités, ce sont des voitures qui brûlent et des voyous ! Mais, en discutant, on arrive à les faire changer d’avis. C’est pour ça aussi qu’il est important de faire entrer des jeunes des quartiers à Sciences-po. »
N.P.