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La démission du recteur de Paris sur fond de mixité sociale dans les prépas et de désaccord avec la ministre (dossier). Une lettre du SNPden

5 février

Education : la démission très politique du recteur de Paris, en désaccord avec Amélie Oudéa-Castéra

Christophe Kerrero, à la tête de l’académie depuis 2020, a annoncé sa décision vendredi dans une lettre aux personnels. Il évoque le désaccord qui semble l’avoir convaincu de quitter ses fonctions, lorsque la ministre a suspendu, mercredi, son projet de fermeture de certaines classes prépa à Paris.

La ministre de l’éducation, Amélie Oudéa-Castéra, déjà fragilisée par une succession de polémiques depuis sa prise de fonctions Rue de Grenelle, le 11 janvier, subit un nouveau revers. Le recteur de Paris, Christophe Kerrero, en poste depuis juillet 2020, a annoncé sa démission vendredi 2 février dans une lettre adressée aux personnels de l’académie.

Une décision rare et fracassante pour l’un des plus hauts cadres de l’éducation nationale, dans un contexte de tensions entre l’académie de Paris et son ministère de tutelle, et un symbole politique, à l’heure où la défense de l’école publique est au cœur des débats.

Le recteur avait averti à l’automne 2023 de la fermeture de quatre classes préparatoires et l’ouverture de trois autres à la rentrée 2024, mais un moratoire sur ces fermetures a été annoncé au Conseil supérieur de l’éducation du 31 janvier par Amélie Oudéa-Castéra, sans que Christophe Kerrero en ait été informé. Le sujet était arbitré « en faveur » du recteur il y a plusieurs semaines. « Cela était clos et entendu avec Matignon. Le recteur de Paris a découvert la décision de la ministre via les réseaux sociaux des syndicats », assure-t-on dans son entourage.

L’annonce, le 13 novembre 2023, de la disparition de ces quatre classes préparatoires avait en effet engendré une forte mobilisation parmi les professeurs parisiens, qui faisaient valoir que ces classes respectaient l’exigence de mixité sociale mise en avant par le recteur de Paris, ancien directeur de cabinet de Jean-Michel Blanquer, ministre de l’éducation de 2017 à 2022. Deux manifestations se sont tenues les 6 et 13 décembre, puis le 15 janvier.

« L’offre dépasse les besoins »
Les disparitions d’une classe économique commerciale et générale, au lycée Jacques-Decour, de la seule hypokhâgne de Lamartine, d’une khâgne à Chaptal et d’une classe de la filière adaptation technicien supérieur à Pierre-Gilles-de-Gennes devaient permettre, « à moyens constants », d’ouvrir d’autres types de classes. Le recteur avait pour ambition d’ouvrir deux prépas destinées à des bacheliers professionnels pour préparer les concours des écoles d’ingénieurs et des écoles de commerce. Le lycée Henri-IV devait quant à lui expérimenter une toute nouvelle filière de classe préparatoire au professorat des écoles.

Dans une déclaration transmise à la presse vendredi, l’entourage d’Amélie Oudéa-Castéra fait savoir que « la ministre prend acte de sa décision et remercie Christophe Kerrero pour son action et son engagement reconnus en faveur de l’éducation nationale », avant d’ajouter, au sujet de la décision sur les classes prépa, qu’« il s’agit d’un moratoire sur les fermetures pour se donner le temps d’analyser. Cela n’a aucun impact sur la mise en œuvre du plan qui sera bien financé ».

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Extrait de lemonde.fr du 02.02.24

 

Le recteur de Paris claque la porte et présente sa démission à Amélie Oudéa-Castéra

Christophe Kerrero souhaitait la fermeture de quatre classes préparatoires parisiennes. Une décision invalidée par la ministre de l’Éducation Nationale.

[...] Pourquoi partir alors ? Amélie Oudéa-Castéra et Christophe Kerrero ne sont visiblement pas sur la même longueur d’onde. Le recteur a peu apprécié les propos de la ministre sur les « paquets d’heures non remplacés » à l’école Littré (Paris 6e). « Le recteur est un vrai défenseur de la méritocratie républicaine. L’image renvoyée par la ministre va à l’opposé de sa vision », explique un représentant de parent d’élèves à Paris. « La ministre a fait le choix de caresser les syndicats dans le sens du poil, estime un proche du recteur de Paris. Kerrero a tiré les conclusions qui s’imposaient. Il se met en réserve de la République. En attendant le prochain remaniement... »

Extrait de lefigaro.fr du 02.02.24

 

Education
Le recteur de l’académie de Paris démissionne, sur fond de réforme contestée des classes prépas
Christophe Kerrero a claqué la porte du rectorat de Paris ce vendredi 2 février. Il souhaitait créer trois prépas, dont deux pour des bacheliers professionnels, et pour cela en supprimer d’autres.

« A mon arrivée, chacun de mes interlocuteurs me répétait que notre académie était la plus ségréguée de France : une académie de contrastes, où les établissements les plus prestigieux côtoyaient des ghettos scolaires. On me répétait aussi que rien ne changerait, dans une académie trop exposée », écrit Christophe Kerrero dans sa lettre, avant de poursuivre sur son plan, l’ouverture de deux classes préparatoires pour des bacheliers professionnels afin de préparer les concours des écoles d’ingénieur et des écoles de commerce, et d’une troisième, à Henri-IV, pour préparer aux concours du professorat des écoles. « Et pour cela, fermer en effet, quelques classes au sein d’une carte parisienne dont l’offre dépasse largement les besoins. » Soit, une hypokhâgne au lycée Lamartine, une khâgne à Chaptal, une classe économique commerciale et générale du lycée Jacques-Decour et une classe adaptation technicien supérieur à Pierre-Gilles-de-Gennes.

Extrait de liberation.fr du 02.02.24

 

La démission du recteur de Paris charge Amélie Oudéa-Castéra

La démission surprise de Christophe Kerrero, recteur de Paris, affaiblit la ministre de l’éducation nationale, déjà fortement fragilisée par les affaires à rebondissement et son style inimitable. D’autant que l’ancien recteur frappe là où la ministre est attaquée : sur la mixité sociale à Paris. Après avoirs mis les enseignants dans la rue, Amélie Oudéa-Castéra s’avère incapable de contrôler le haut encadrement de l’Education nationale. Et la critique portée contre la ministre vient de la droite, la cible courtisée par l’Elysée.

La lettre de C. Kerrero

“Je quitte aujourd’hui mes fonctions de recteur quand notre Ecole est en proie au doute… Je reste plus que jamais attaché au service public d’éducation”. Dans un message adressé le 2 février aux chefs d’établissement, Christophe Kerrero annonce sa démission du poste, si envié, de recteur de Paris. Il l’occupait depuis 2020, après avoir été directeur du cabinet de JM. Blanquer.

L’ancien recteur justifie sa démission par le refus de la ministre de l’éducation nationale de fermer trois classes préparatoires pour ouvrir des classes préparatoires au professorat des écoles (PPPE), ouvertes aux bacheliers professionnels. C. Kerrero lie la décision de la ministre à son programme en faveur de la mixité sociale mené à Paris depuis 2020 par la réforme de l’affectation en seconde. “Vous le savez, la reproduction sociale caractérise encore beaucoup trop notre système éducatif. Paris en est un exemple… Toute mon action aura été de vouloir inverser cette tendance… En un peu plus de 3 ans, nous avons pu inverser les courbes… Grâce à votre action… Nous avons pu contrer l’assignation à résidence entre lycées“. Ainsi c’est parce qu’il est attaché à la mixité sociale que C. Kerrero aurait été amené à démissionner. Mais qu’en est-il vraiment ?

Un recteur attaché à la mixité sociale ?

Le programme parisien d’affectation en seconde Affelnet, modifié par C Kerrero, suivi par Pauline Charousset et Julien Grenet (PSE),a effectivement amélioré la mixité sociale et scolaire dans les lycées parisiens. “Des établissements réputés comme Chaptal, Charlemagne ou Condorcet ont vu leur composition sociale et scolaire se rapprocher sensiblement de la moyenne, tandis qu’à l’inverse, des lycées historiquement moins cotés comme Henri Bergson, Edgard Quinet ou Voltaire ont connu une augmentation spectaculaire de leur IPS moyen et du niveau scolaire des admis“, écrivent-ils en bilan de cette action. Globalement l’indice de mixité sociale s’est amélioré dans les lycées publics.

Mais ce programme connait aussi ses limites. Cette réforme d’Affelnet ne touche ni les formations élitistes (sections internationales, parcours artistiques etc.), ni les lycées publics les plus ségrégués ni les établissements privés. La ségrégation sociale et scolaire avait même augmenté en 2022 dans les lycées des beaux quartiers comme J de Sailly, Buffon, JB Say ou J de la Fontaine. Et puis il y a le privé. “Le fait que les lycées privés ne soient pas intégrés à la procédure Affelnet constitue sans doute l’obstacle le plus sérieux au renforcement de la mixité sociale et scolaire dans les lycées de la capitale“, écrivent Pauline Charousset et Julien Grenet. “Alors que les lycées publics accueillaient en moyenne 50% d’élèves de catégories sociales très favorisées à la rentrée 2022, cette proportion atteignait 78% dans les lycées privés“. Ainsi la réforme d’Affelnet a amélioré la mixité de la plupart des lycéens du public parisien. Mais elle a préservé le séparatisme social des plus privilégiés qui se replient dans des établissements cotés ou dans le privé.

Les PPPE, programme social ou de prolétarisation des enseignants ?

Quant à l’ouverture des classes de PPPE elle suit des directives fixées sous JM Blanquer et prolongées par la suite. Dans ces classes, l’Education nationale pèse sur la formation des futurs enseignants en s’imposant à l’université. Sous prétexte d’ouverture sociale, il s’agit surtout d’avoir des enseignants formés aux devoirs des fonctionnaires davantage qu’aux libertés universitaires.

Un recteur au passé chargé

En mettant en avant cette dimension sociale, C. Kerrero alimente son image et son destin. Il a d’autant plus besoin de le faire que ses liens avec la droite la plus traditionaliste sont connus. Membre du “conseil scientifique” de l’IFRAP, un groupe de pression ultra conservateur, proche de SOS Education, il a dirigé durant trois ans le cabinet de JM Blanquer. Il y a violemment combattu les syndicats, les enseignants grévistes et a pris part aux croisades menées par JM Blanquer. Il avait aussi été membre du cabinet de Luc Chatel.

En 2016, C Kerrero dénonçait “la décomposition pédagogiste” de l’École. Dans son ouvrage publié en 2017, Ecole, démocratie et société, C. Kerrero défend une École traditionnelle. Il dénonce “un certain pédagogisme qui privilégie des techniques d’enseignement formelles plutôt que le fond… Cela revient à saper l’autorité légitime du maitre… Le temps de l’éducation, et l’on entend par là celui qui correspond aujourd’hui à la scolarité obligatoire, doit donc être sanctuarisé“. Dans cet ouvrage il n’est pas question de mixité sociale mais de faire nation.

Une démission qui tape où ça fait mal

Reste que la démission de Christophe Kerrero frappe la ministre là où cela fait mal. Empêtrée dans l’affaire de Stanislas et son soutien à une école privée hors contrat élitiste, Amélie Oudéa-Castéra est attaquée pour une décision où elle défend des classes préparatoires que l’on sait socialement favorisées contre des classes accueillant des bacheliers professionnels. C Kerrero sous-entend qu’elle serait hostile à ses efforts en faveur de la mixité sociale. Il insiste sur “le doute” bien réel que ressentent les enseignants envers une ministre qui semble très éloignée de leurs valeurs.

La ministre a aussitôt réagi à la lettre de C. Kerrero. Elle dit vouloir “poursuivre sans délai la mise en place de ce plan tout en conservant ces trois classes préparatoires qui accueillent notamment des boursiers. Il s’agit d’un moratoire sur les fermetures (des trois prépas NDLR) pour se donner le temps d’analyser. Cela n’a aucun impact sur la mise en œuvre du plan qui sera bien financé. La question de la mixité sociale, notamment dans les classes préparatoires, fait partie des priorités de la Ministre et l’action du rectorat de Paris en la matière sera poursuivie“.

Une ministre qui ne tient pas sa maison

Après une journée de grève largement suivie par les enseignants le 1er février, A Oudéa-Castéra a tenté le 2 février, sur TF1, de les convaincre qu’elle veut “se mobiliser pour l’ensemble des métiers qui font le service public de l’éducation“. Quant aux groupes de niveau, accusés de créer des collèges à plusieurs vitesses, selon elle, ils “procèdent d’une volonté : remettre de l’exigence à tous les étages. Cette ambition est portée par le chef de l’État et le gouvernement. On va les mettre en place à la rentrée prochaine en sixième et en cinquième pour en faire un outil de l’égalité des chances“. ” Je me suis excusée. Je me suis expliquée. Maintenant, avançons”, concluait-elle son intervention.

La démission de C. Kerrero est une attaque frontale à plusieurs niveaux. Elle remet en avant les choix de la ministre en faveur du séparatisme social. Plus inquiétant pour la ministre, cette démission montre que la ministre ne tient pas le haut encadrement. Jusqu’à JM Blanquer, celui-ci jouissait d’un droit de critique interne qui était aussi un devoir de conseil du ministre. Un ministre qui savait aussi s’opposer aux foucades présidentielles. On l’a souvent vu sous N. Sarkozy et L. Chatel par exemple. Le couple E. Macron et JM. Blanquer a mis fin à cette tradition républicaine. Depuis 2017, le haut encadrement écoute et se tait.

Christophe Kerrero, qui n’y est pourtant pas pour rien, est le premier depuis 2017 à ruer dans les brancards. Sa démission matérialise la faiblesse d’une ministre qui ne convainc pas, ni en haut, ni en bas de la hiérarchie. Elle permet aussi à C. Kerrero de se positionner pour la suite de sa carrière…

François Jarraud

Extrait de cafepedagogique.net du 02.02.24

 

CPGE à Paris : Christophe Kerrero, recteur de Pari
Dans une lettre aux personnels de l’académie de Paris, Christophe Kerrero, recteur de l’académie de Paris et de la région académique d’Ile-de-France annonce sa démission. Il y regrette de n’avoir pu mener à bien "la transformation, à la rentrée 2024, de trois classes préparatoires aux grandes écoles". Il détaille : "Ouvrir ces formations aux bacheliers professionnels afin qu’ils accèdent, en trois ans, aux grandes écoles d’ingénieurs et de management. Créer de nouvelles classes préparatoires au professorat des écoles, pour aller chercher des bacheliers pour qui l’enseignement constitue une voie de promotion sociale et pour former des professeurs dont nous manquons cruellement. Et pour cela, fermer en effet quelques classes au sein d’une carte parisienne dont l’offre dépasse largement les besoins."

"On pourra me rétorquer que cela ne dépassait guère la dimension symbolique", ajoute le recteur qui rappelle son combat pour la réforme du système d’affectation des collégiens dans les lycées parisiens, et la dimension symbolique de l’ouverture à des élèves venus des quartiers populaires des lycées Henri-IV et Louis-le-Grand. "Mais notre pays est sensible aux symboles, surtout quand ils sont porteurs d’espoir pour ceux qui en ont si peu."

Il se veut optimiste : "Même si je n’ai pu conduire ce projet préfigurateur d’une évolution ambitieuse de notre modèle des classes préparatoires à son terme, (il) sai(t) qu’il a ouvert la voie à une réflexion sur l’égalité des chances qui se poursuivra". Il a acquis "la conviction que l’Ecole peut évoluer (...) à condition de s’appuyer sur l’expérience des acteurs de terrain, soutenus par les acquis de la recherche". Et, ajoute-t-il, "pour éviter les ferments de division et de haine qui mènent au pire, il nous revient de toujours travailler à un consensus scolaire reposant sur nos valeurs." C’est que, "malgré les différences, les oppositions, nous (les personnels de l’Education nationale, ndlr) formons une communauté unie autour d’un socle inébranlable : cette conviction que chaque enfant peut révéler le meilleur de lui-même grâce à l’engagement de tous." Il rappelle que lui-même a été en échec scolaire et "qu’il s’en est "fallu de peu (qu’il) ne rejoigne la cohorte des exclus, si certains professeurs, dans un autre cadre, n’avaient cru à (s)es capacités."

Selon les informations de ToutEduc, Christophe Kerrero a mis plusieurs fois sa démission dans la balance lors de la réforme d’Affelnet, pour laquelle il estimait n’avoir pas le soutien du ministère, de la DGESCO notamment.

Extrait de touteduc.fr du 02.02.24

 

La lettre ouverte du snpden sur cette démission

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