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Élèves non francophones : vous avez dit « inclusion » ? (tribune dans Le Monde d’enseignants du second degré en Upe2a en Seine-Saint-Denis)

18 mars 2022

Élèves non francophones : vous avez dit « inclusion » ?
Des enseignants de Seine-Saint-Denis en charge d’élèves allophones alertent sur les ratés des dispositifs d’inclusion mis en place depuis dix ans.
Par Collectif

Tribune. Nous enseignons dans le second degré en Seine-Saint-Denis en UPE2A [unités pédagogiques pour élèves allophones arrivants], ces dispositifs qui accueillent les élèves non francophones. À l’heure où l’inclusion scolaire fait débat, nous souhaitons témoigner sur l’évolution de la scolarisation de ces élèves depuis dix ans.

Nos élèves ont entre 11 ans et 16 ans, ils sont arrivés en France depuis peu et doivent effectuer une mise à niveau avant d’intégrer les classes ordinaires. Leurs profils sont très hétérogènes. Certains parlent un peu français, d’autres pas du tout. Certains savent lire, d’autres n’ont jamais tenu un stylo. Nous leur apprenons alors à lire, écrire et compter, directement en français, ce qui n’est pas simple pour eux. Au-delà du français du quotidien, nous cherchons à les rendre autonomes dans la compréhension du langage et des outils très codifiés employés dans les cours, les manuels, les consignes.

Nous travaillons aussi sur l’importance de l’oral et du tâtonnement : beaucoup d’élèves viennent de systèmes scolaires très différents du nôtre et ont besoin d’être rassurés avant d’oser parler et se tromper. Nous travaillons avec les plus grands sur leur orientation. Selon le niveau scolaire atteint dans le pays d’origine, les progrès sont rapides ou exigent beaucoup de temps. On estime à quatre années le temps nécessaire pour être à l’aise dans une langue de scolarisation nouvelle. On nous en donne une, deux pour les élèves sans scolarisation antérieure. En réalité, ce temps est rarement atteint car les élèves arrivent tout au long de l’année. Nous travaillons donc dans l’urgence, chaque minute de cours est précieuse.

Grande soif d’apprendre
Les enjeux psychologiques sont considérables. Certains enfants ont émigré dans un cadre serein. Mais d’autres ont fui une guerre, des répressions, une catastrophe naturelle et doivent accepter leur nouvelle vie. Certains rejoignent un parent déjà installé, quittent la grand-mère, la tante qui les ont élevés, découvrent des petits frères ou sœurs nés en France, auprès desquels ils font figure d’étrangers. D’autres sont venus par leurs propres moyens, parfois d’eux-mêmes dans l’espoir d’améliorer leur sort et celui de leur famille, parfois forcés – une forme moderne d’esclavage. Ils ont voyagé avec des passeurs, ont vu mourir des compagnons de route. Beaucoup d’enfants sont traumatisés au point que certains, bons élèves dans leur pays, régressent une fois arrivés. La plupart ont besoin de temps pour entrer dans les apprentissages.

Extrait de lemonde.fr du 01.03.22

 

Voir :
la sous-rubrique Collège (Eana)
le mot-clé Pédag./Scolar. Eana (gr 4)/

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