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Violence et harcèlement à l’école : un ouvrage de l’UNESCO dresse un état des lieux de ces phénomènes dans le monde et propose des pistes pour les prévenir et les combattre (ToutEduc)

14 août 2019

Violence et harcèlement à l’école : un ouvrage de l’UNESCO dresse un état des lieux de ces phénomènes dans le monde et propose des pistes pour les prévenir et les combattre

Près d’un élève sur trois (32,4 %) a été agressé physiquement au moins une fois au cours de l’année ; près d’un élève sur trois également (32 %) a été harcelé par ses camarades au moins une fois au cours du dernier mois ; le cyberharcèlement touche jusqu’à un enfant sur dix. La violence et le harcèlement à l’école constituent un phénomène d’ "ampleur", présent partout dans le monde. L’UNESCO en fait un état des lieux dans un ouvrage de 74 pages publié cette année, "Au-delà des chiffres : en finir avec la violence et le harcèlement à l’école". Outre présenter "des tendances mondiales et régionales en matière de violence scolaire", dressées en exploitant deux vastes enquêtes internationales sur la santé des élèves (Global school-based student health survey, GSHS et Health behaviour in school-aged children, HBSC), qui couvrent 144 pays et territoires, d’autres études internationales et régionales et des travaux de l’UNESCO sur ce thème, ce document "met également en lumière des réponses efficaces apportées à l’échelle nationale pour lutter contre la violence et le harcèlement à l’école." Ces dernières sont par ailleurs tirées de l’analyse qualitative de pays où le phénomène est faible depuis des années et de pays où il a sensiblement baissé. Parmi ces réponses jugées efficaces figurent un engagement fort en faveur des droits des enfants, de l’écoute des enfants, le soutien et l’orientation pour les élèves touchés par la violence et le harcèlement, la promotion d’ "une participation réelle des enfants aux efforts visant non seulement à prévenir la violence et le harcèlement à l’école mais aussi à y répondre" et la formation des enseignants. Les recommandations émises sur la base de ces observations par Stefania Giannini, l’auteure de la publication qui est également sous-directrice générale pour l’éducation à l’UNESCO, s’inscrivent dans la lignée des rapports du Secrétaire général à l’Assemblée générale des Nations Unies sur la protection des enfants contre les brimades, publiés en 2016 et 2018.

L’ouvrage identifie en effet les facteurs de réussite pour prévenir et lutter contre ces phénomènes, sur la base d’études de cas de 11 pays : 2 pays où la prévalence de ces phénomènes est faible depuis longtemps, les Pays-Bas et la Suède, 6 pays qui sont parvenus à réduire la violence et le harcèlement dans leurs écoles (Eswatini, Italie, Jamaïque, Liban, République de Corée et Uruguay), 2 qui ont amélioré certains domaines de leur réponse nationale visant à combattre la violence et le harcèlement à l’école, la Côte d’Ivoire et le Pérou, et 1 pays retenue pour le déploiement d’interventions à plus grande échelle, l’Ouganda.

L’importance d’un environnement sûr et de la discipline positive

Prévenir et combattre ce phénomène passe d’abord par un cadre juridique et politique protecteur, "essentiel", selon l’auteure, "pour transmettre un message condamnant la violence et le harcèlement et pour poser les bases de la planification, de la mise en œuvre, du suivi et de l’évaluation des réponses nationales". 8 des pays étudiés (les 6 où le phénomène a baissé et la Suède et les Pays-Bas) disposent en effet de lois contre les violences faites aux enfants et de politiques éducatives traitant de la question du harcèlement et de la violence à l’école. La Suède a été le premier pays du monde à interdire juridiquement toute forme de violence contre les enfants, et la loi de 2010 sur l’éducation oblige les écoles à appliquer des mesures de prévention et de lutte contre la violence. De même, aux Pays-Bas, la loi contre le harcèlement garantit que les écoles mettent en place des initiatives visant à empêcher le harcèlement.

Autre facteur commun à la majorité des pays étudiés et à ce titre identifié aussi comme un facteur de réussite : l’accent mis, dans les politiques nationales, sur l’importance d’un environnement scolaire positif, reposant notamment sur la pratique de la "discipline positive" (c’est-à-dire non-punitive). D’où l’importance de former les enseignants, non seulement à "comprendre les ressorts de la violence et du harcèlement à l’école", écrit Stefania Giannini, mais aussi à cette "gestion positive des classes". En Eswatini, par exemple, la formation des enseignants favorise désormais l’utilisation de la discipline "positive" et apprend comment développer dans les classes une culture permettant aux élèves de contribuer à la définition des règles. En Uruguay, les formations sur la "discipline positive" et la médiation en cas de conflit invitent les enseignants à s’interroger sur leurs propres pratiques de gestion des classes.

Cet environnement sûr et positif, qui inclut le climat psychologique plus global (au-delà de la gestion des classes, les relations entre enseignants et élèves et les rapports entre les élèves) et un cadre physique sécurisé, passe donc par un "engagement politique", souligne l’auteure, comme l’ont fait tous les pays étudiés en y faisant référence explicitement dans leurs politiques. Dans la plupart des pays, l’accent est mis sur le climat psychologique. Toutefois, la Jamaïque et la République de Corée s’efforcent également de renforcer la sûreté et la sécurité dans les écoles. La collaboration avec la police y est étroite, et en Corée, il y a des policiers dans les écoles, écoles qui doivent toutes installer des systèmes de vidéosurveillance.

Bâtir des programmes et des interventions en s’appuyant sur les travaux de la recherche

Cet environnement sûr et positif est d’autant plus important que, selon les données de l’OCDE, la proportion d’élèves fréquemment victimes de harcèlement est de 7 % supérieure dans les écoles avec un mauvais climat disciplinaire à celle constatée dans les écoles caractérisées par un climat positif. Ces mêmes données révèlent que le harcèlement est plus fréquent de 12 % dans les écoles où les élèves déclarent que les enseignants ne les traitent pas sur un pied d’égalité. En outre, observe encore l’auteure, "le manque de discipline et l’insécurité de l’environnement d’apprentissage sont des facteurs déterminants d’une baisse des performances académiques".

Autre facteur de réussite encore observé, "la mise en œuvre d’interventions et programmes fondés sur des recherches et des preuves de leur efficacité et de leur impact sur la violence et le harcèlement à l’école", comme c’est le cas aux Pays-Bas et en Suède, pays "qui ont clairement adopté une approche basée sur des données scientifiques, s’appuyant sur l’évaluation systématique de l’efficacité des interventions et programmes existants".

L’implication de toute la communauté scolaire et notamment des enfants

Enfin, parmi les réponses nationales efficaces, figure un engagement fort en faveur des droits des enfants, de l’écoute des enfants, de l’autonomisation des élèves et de leur participation aux initiatives visant à combattre la violence et le harcèlement à l’école (participation aux démarches d’identification et de résolution des problèmes, approches misant sur la prévention par les pairs...) et l’apport d’un soutien pour les élèves touchés par la violence et le harcèlement (mise en relation avec des professionnels du soutien psychologique qualifiés, offre de soin et de soutien, recours à la médiation et la conciliation). Et, au-delà des élèves, ce sont tous les acteurs de la communauté scolaire qui doivent être impliqués, tout comme doivent être associés une grande variété de partenaires hors du secteur de l’éducation.

Si ces exemples doivent contribuer à faire progresser en la matière tous les pays, l’importance du contexte doit néanmoins être prise en compte. Ainsi, "les différences au niveau des structures administratives, du système éducatif ou de la typologie des écoles font qu’un élément qui s’est révélé efficace dans un contexte donné pourra être inutile ou inapplicable dans d’autres circonstances", avertit Stefania Giannini. "Par exemple, la mise en place des systèmes de vidéosurveillance et la présence d’officiers de police dans les écoles sont des mesures acceptées par la société sud-coréenne, mais cela pourrait ne pas être le cas dans d’autres pays."

Cette publication a pour vocation de contribuer à la campagne "Apprendre en toute sécurité", qui vise à mettre fin à la violence à l’école d’ici 2024, en misant sur la sensibilisation et le renforcement des actions. Car même si le harcèlement, les bagarres et les agressions physiques ont diminué, sur des périodes allant de 4 à 12 ans entre 2002 et 2017, dans près de la moitié des pays et territoires qui disposent de données de tendance sur la prévalence du harcèlement, le phénomène reste important au regard des chiffres donnés en introduction, alors qu’en parallèle le cyberharcèlement prend aussi de l’ampleur.

La publication "Au-delà des chiffres : en finir avec la violence et le harcèlement à l’école"

Extrait de touteduc.fr du 04.08.19

 

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