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Deux analyses de Sébastien Goudeau (psychologie cognitive) sur les inégalités dans la classe et leur perception (Observatoire des inégalités, The Conversation)

8 janvier 2021

Inégalités scolaires : ce qui se joue dans la classe
ANALYSES 24 novembre 2020
Ce qui se passe au sein de la classe influence les inégalités de résultats scolaires entre milieux sociaux. Notamment à travers les méthodes d’évaluation et les comparaisons entre élèves. Une analyse de Sébastien Goudeau, maître de conférence en psychologie sociale.

ÉDUCATION CATÉGORIES SOCIALES ORIGINE SOCIALE ÉDUCATION

Pourquoi, malgré l’engagement quotidien des enseignants sur le terrain, l’école reproduit-elle les inégalités sociales ? Certains considèrent que les élèves qui échouent à l’école ne possèdent pas les qualités nécessaires (« intelligence », motivation, etc.), ou qu’ils sont victimes d’une forme de handicap social rédhibitoire lié à leur milieu d’origine. Ces explications qui mettent en avant les « déficits » des élèves des milieux populaires négligent le rôle des situations scolaires elles-mêmes. Elles ne permettent pas de rendre compte les dynamiques, qui, au quotidien, à l’intérieur des classes, peuvent creuser les écarts de performances entre élèves.

S’opposant à l’idée selon laquelle la moindre réussite scolaire des enfants de classe populaire s’expliquerait par un manque de capacités ou de motivation, de nombreux travaux de sociologie ont mis en évidence le rôle joué par l’école dans la reproduction des inégalités sociales. De façon complémentaire, de nombreuses recherches de psychologie sociale [1] permettent de comprendre la façon dont ces inégalités scolaires peuvent se construire au quotidien dans la salle de classe. Elles montrent notamment que certaines situations scolaires désavantagent les plus faibles. Parmi les variables liées à la situation qui peuvent avoir un effet sur les performances, trois sont aujourd’hui bien connues pour creuser les inégalités : les stéréotypes sociaux, certaines formes d’évaluation et les comparaisons entre les élèves.

Les stéréotypes sont des croyances sociales qui associent des caractéristiques positives ou négatives aux membres d’un groupe social donné. Par exemple, les filles sont souvent perçues comme moins compétentes en mathématiques que les garçons. Les enfants de classes populaires sont quant à eux souvent jugés comme moins « intelligents » et moins travailleurs que les enfants de classes favorisées. Ces stéréotypes, même s’ils ne renvoient à aucune réalité scientifique, ont la particularité d’être connus de toutes et tous. Des chercheurs se sont posé la question de savoir si ces stéréotypes pouvaient affecter les performances des individus qui en sont la cible, et ainsi jouer un rôle dans le phénomène de reproduction des inégalités. [...]

Extrait de inegalites.fr du 24.11.20

 

Comment les élèves interprètent-ils les écarts de réussite en classe ?
Sébastien Goudeau, Université de Poitiers

D’après la recherche en psychologie, la façon dont les élèves expliquent ces différences a des conséquences importantes sur la motivation, les performances scolaires et la construction des inégalités.

[...] Biais cognitifs et culturels
De nombreuses recherchent suggèrent que le regard des enfants sur les différences qu’ils observent dans la classe est biaisé. Ils ont tendance à expliquer les écarts par des caractéristiques internes des personnes (comme leur intelligence ou leur motivation), plutôt que par des causes externes ou situationnelles (telles que les stéréotypes, les pratiques éducatives parentales).

Ce biais (inherence bias) est dû à une combinaison de choses. Tout d’abord, il est favorisé par les propriétés du système cognitif, notamment le fonctionnement du système attentionnel et de la mémoire. Par exemple, comparés à des facteurs tels que l’origine sociale, les facteurs intrinsèques sont plus saillants et observables – ils viennent à l’esprit plus facilement et ils sont plus simples à mémoriser.

Au-delà des propriétés du système cognitif, cette tendance est également renforcée par les caractéristiques du contexte culturel. Ainsi, en Europe et en Amérique du Nord, les individus sont plutôt perçus comme des entités autonomes, séparées, indépendantes les unes des autres. Par conséquent, les différences de comportements en général, et de réussite en particulier, y sont perçues comme le produit de caractéristiques individuelles, dégagées de l’influence du contexte social.

Extrait de theconversation.com du

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