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Selon une étude de l’Ecole d’économie de Paris, l’inspection des enseignants en troisième a des effets très positifs sur les performances des élèves, surtout en éducation prioritaire. Pour un coût bien moindre que la diminution de la taille des classes, développe le Café

23 mai 2019

L’inspection aussi efficace que la réduction de la taille des classes ?
Réduire les classes à 24 élèves n’apporte pas plus que la bonne vieille inspection. C’est ce que montrent Eric Maurin et Simon Briole (Paris School of Economics) dans une nouvelle étude qui évalue pour la première fois l’impact de la bonne vieille inspection en classe de 3ème. Portant sur 30 000 professeurs de maths elle établit que l’inspection a un effet durable sur les enseignants, même au delà de 10 années d’expérience, et sur les résultats des élèves. Cet effet est estimé à une hausse d’environ 5 points en maths, nettement moins en français. A noter que l’effet est deux fois plus important en éducation prioritaire.
C’est l’équivalent d’une réduction de 5 élèves par classe, tel que calculé par Piketty et Valdenaire dans leur célèbre étude. Pour les auteurs, le système éducatif tient là un facteur d’amélioration du système éducatif pour un coût très nettement inférieur à la réduction du nombre d’élèves. Après la révélation par une étude danoise, de l’effet des maîtres surnuméraires sur la réussite des élèves, évalué équivalent à celui des dédoublements pour un coût très nettement inférieur, voilà une étude qui secoue les promesses présidentielles sur le plan de la gestion du système éducatif.

Une étude aux bases solides

Pour réaliser cette étude, Eric Maurin et Simon Briole se sont servis de la liste des professeurs de maths de 3ème (environ 40 000) en ne retenant que ceux ayant moins de 25 ans d’ancienneté et qui n’étaient pas inspectés l’année de référence. Ils ont retenu ceux qui ont continué à enseigner en 3ème après l’inspection et sont arrivés à retenir 30 000 enseignants. Le niveau de leurs élèves a été évalué selon les résultats au brevet et au bac. Enfin ils ont vérifié qu’il n’y a pas de différence entre les enseignants inspectés et les autres pour enseigner en 3ème.

De la même façon, les deux chercheurs ont évalué le coût moyen d’une inspection à environ 100€ par professeur inspecté par an. Ils sont partis du coût d’un inspecteur (100 000 € par an) et ont estimé qu’un tiers de son temps passait à évaluer 40 enseignants par an, chaque enseignant étant évalué tous les 6 à 7 ans, le coût de l’évaluation est estimée à 100€.

Ils ont aussi veillé à ce que les échantillons élèves soient identiques dans les exemples retenus, par exemple en taux de redoublant ou d’options rares. Il sont vérifié que les enseignants n’obtiennent pas de meilleures classes après inspection.

Une hausse de 5% des résultats

Le résultat c’est que l’inspection d’un professeur de maths entraine une hausse du niveau des élèves de 4.5% en 3ème. Cet effet peut être retrouvé sur plusieurs années suivant l’inspection. Autrement dit les inspections ont un effet durable sur l’enseignant, ce qui montre qu’elle a un impact sur la pédagogie de l’enseignant et pas seulement sur ses efforts.

Un effet durable

L’impact sur le niveau des élèves peut lui aussi être retrouvé sur plusieurs années jusqu’au bac inclus. Les résultats au bac sont meilleurs. Egalement, un pourcentage plus important d’élèves va étudier les sciences par exemple au lycée. Pour les auteurs cela montre que l’inspection ne sert pas qu’à améliorer la préparation des élèves aux examens mais qu’elle augmente vraiment les compétences des élèves.

Leur calcul pour les professeurs de français est par contre décevant : l’effet de l’inspection est quasi nul. Mais l’étude de la Depp sur l’effet des dédoublements montre lui aussi un fort écart entre maths et français.

Un impact nettement plus fort en éducation prioritaire

Cet effet de l’inspection est nettement plus fort en éducation prioritaire. En maths il atteint 9.4% contre seulement 3.1% dans les classes hors éducation prioritaire. En français il est de 7.6% en éducation prioritaire alors qu’il est presque nul hors éducation prioritaire.

Cet impact de l’inspection est à comparer avec l’évaluation faite par Piketty et Valdenaire en 2006 sur l’impact de la réduction du nombre d’élèves. Pour eux, réduire de 5 élèves chaque classe entraine une hausse de 4% du niveau des élèves. L’inspection aurait donc un effet équivalent.

Pour les auteurs, leur étude suggère qu’un programme d’évaluation peu intensif et à bas coût peut être très rentable s’il est mené par des évaluateurs externes et a un effet sur la carrière des enseignants et cela même pour des enseignants expérimentés.

Une étude qui interroge les choix ministériels

Cette revalorisation de l’inspection ne manquera pas de susciter des réactions chez les enseignants. Selon Talis (OCDE) les enseignants français sont parmi ceux qui estiment le moins bien la valeur de leur évaluation.

Elle montre en tous cas la qualité très relative de la gestion ministérielle. Les dédoublements, la réduction à 24 du nombre d’élèves ont été présentés comme des moyens scientifiquement établis d’amélioration des résultats des élèves. En fait on peut constater que les dédoublements ont des résultats décevants, à peine supérieurs à une inspection, pour un coût infiniment supérieur. Une autre étude a pu démontrer que les maîtres surnuméraires (maîtres+), éradiqués par JM Blanquer, étaient aussi efficaces que les dédoublements pour un coût très inférieur.
François Jarraud

Extrait de cafepedagogique.net du 22.05.19

L’étude de Maurin et Briole

Le résumé en anglais :
ABSTRACT
IZA DP No. 12307 APRIL 2019
Does Evaluating Teachers Make a Difference ?*
In France, secondary school teachers are evaluated every six or seven years by senior experts of the Ministry of education. These external evaluations mostly involve the supervision of one class session and a debriefing interview, but have nonetheless a direct impact on teachers’ career advancement. In this paper, we show that these evaluations contribute to improving students’ performance, especially in math. This effect is seen not only for students taught by teachers the year of their evaluations but also for students taught by the same teachers the subsequent years, suggesting that evaluations improve teachers’core pedagogical skills. These positive effects persist over time and are particularly salient in education priority schools, in contexts where teaching is often very challenging. Overall, a system of light touch evaluations appears to be much more cost-effective than more popular alternatives, such as class size reduction.

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