Compte rendu OZP de la rencontre du 23 mars 2016 sur l’interdegrés : "Malgré des obstacles, le métier évolue dans le bon sens"

24 mars 2016

LES RENCONTRES
DE L’OZP------
n°122, mars 2016

La liaison interdegrés en éducation prioritaire : le cycle 3 et le conseil écoles-collège...
Compte rendu de la 150ème rencontre du 23 mars 2016

La création d’un cycle 3, à cheval sur le 1er degré (CM1, CM2) et le second degré (6ème) est une des innovations de la refondation de l’école à mettre en œuvre avec la réforme du collège.
Trois principaux de collège en REP en ont parlé autour d’une table ronde et débattu avec un public de coordonnateurs, de principaux, d’inspecteurs et d’enseignants :
- Marie-Hélène Bacon, principale du collège de La Vallée à Epinay-sous-Sénart (91)
- Pascale Petit, principale du collège Travail à Bagnolet (93)
- Alexis Lebert, principal adjoint du collège Georges Rouault, Paris 19ème

Rrésumé : Une préoccupation très ancienne et une expérience qui facilite la mise en place en éducation prioritaire sans oublier les moyens des REP+.
Un travail commencé dans l’élaboration des projets de réseaux et l’assimilation des nouveaux programmes et en particulier du programme couvrant l’ensemble du cycle III.
Une évaluation en fin de cycle et des critères communs.
Les échanges de pratiques et les observations croisées.
Les PPRE passerelles : un levier ? Un objectif ambitieux : rapprocher les cultures professionnelles du 1er et du 2nd degré.
Un rêve : le modèle nordique.

1 - Une préoccupation ancienne
Francine Best rappelle qu’en 1988, déjà, un rapport de l’Inspection Générale sur l’éducation prioritaire avait identifié la coupure entre l’école et le collège comme le premier obstacle pour l’éducation prioritaire. En 1989, lors de la première « relance », la résorption de cette coupure était un objectif principal. Et lors de la création des professeurs référents en 2006, cette liaison était une de leurs principales missions.

2 - La mise en place du Cycle III
L’expérience de l’éducation prioritaire, l’existence du coordonnateur, le comité exécutif "devenu conseil école-collège (CEC)" facilitent la mise en place. Le travail a commencé par l’élaboration du projet de réseau et par l’assimilation des nouveaux programmes, en particulier ceux qui couvrent l’ensemble du cycle III. Il se poursuivra par un travail sur la validation des compétences acquises en fin de cycle.
A Epinay, le travail commun sur les programmes a été suivi par la conception commune de 2 parcours : le parcours culturel et le parcours citoyen.
Le réseau Rouault à Paris a consacré du temps en début d’année à faciliter la connaissance et la reconnaissance entre enseignants des deux degrés pour susciter l’envie de travailler ensemble.
L’aspect organisationnel et les différences d’horaires entre le 1er et le second degré absorbent beaucoup de temps et d’énergie et il n’est pas facile de libérer un temps commun. Il faut y songer dés la conception des emplois du temps en collège, mais il reste très difficile de libérer les professeurs des écoles.

3- Le rapprochement des cultures professionnelles
Pour Pascale Petit, une frontière hermétique sépare les deux mondes du premier et du second degré et c’est aux élèves que l’on demande de faire la synthèse. C’est sur ce rapprochement qu’elle fait porter ses efforts, avec comme objectif minimum que les professeurs des écoles connaissent les pré-requis et ce qui est attendu en collège et que les collèges connaissent les acquis de leurs élèves qu’ils sous-estiment. Il s’agit aussi d’élaborer un vocabulaire commun : quelle est dans chacun des deux degrés la représentation de la réussite ou au contraire de la difficulté ?
A Bagnolet, un Pôle de Partage des Pratiques Pédagogiques (PPPP) a été initié par des professeurs du collège (visite dans les classes de collègues, échanges, partages, etc). Une mutualisation de cette pratique est envisagée. Elle existe déjà de façon parcellaire sur le 1er degré avec une réflexion sur l’outil informatique (ENT ou autre). L’objectif est d’avoir un espace dédié et partagé pour nouer des liens.

4 - Faire la classe sous le regard d’un collègue
La formation entre pairs et les observations croisées sont le premier outil de rapprochement. Si certains soulignent la difficulté d’accepter un regard extérieur, pour d’autres les courts stages d’observation sont devenus une pratique banale. Pascale Petit décrit les professeurs des écoles découvrant la construction d’un cours en collège et les certifiés étonnés par le travail en autonomie des élèves des écoles : ces découvertes ont été la source d’évolutions fortes. Dans le réseau Rouault, la création d’une grille d’observation a été confiée à un groupe de travail.

Gérard Chauveau se souvient d’une recherche-action en 2005 à Aubervilliers autour d’une classe de 15 mauvais lecteurs en 6éme qui n’avait pas été renouvelée l’année suivante, malgré la réussite de l’opération, parce que plusieurs enseignants avaient mal vécu la cointervention, pratique qui se banalise aujourd’hui.

5 - Les PPRE passerelles
Véronique Parouty, IEN à Paris, propose d’utiliser les PPRE passerelles comme une entrée pour un travail commun : ces documents désignent les compétences à retravailler en début de 6ème pour maintenir à flot des élèves en difficulté. Cette proposition suscite de nombreux échanges. En particulier sur leur lourdeur. Des principaux n’ont pas réussi à les faire utiliser, malgré les tentatives de cocontruction et en reconnaissant l’intérêt de ce contrat passé avec les familles. Bien sûr, on en tient compte lors de la constitution des classes, mais les compétences signalées ne sont jamais retravaillées. En revanche, Marc Nomerange, coordonnateur à Saint Denis, cite un exemple positif.
Pour Didier Bargas, l’individualisation qui fonde le PPRE n’est pas le mode de remédiation principal. Alexis Lebert pense, lui, que la prise en compte de la singularité de l’élève est un phénomène récent qui deviendra un nouveau paradigme ; il suggère que l’on demande aux professeurs de CM2 de venir présenter leurs PPRE lors de la première réunion du conseil école-collège.

6- L’évaluation
Il y a partout un travail sur la validation en fin de cycle.
A Bagnolet, l’évaluation par compétences a été adoptée pour toutes les 6èmes pour couvrir tout le cycle et donner confiance aux élèves en évitant une rupture. Plusieurs intervenants parlent de classes sans note. A Epinay, il n’y en a pas, mais un travail important pour une évaluation positive : allusion au contrat de confiance préconisé par Gérard Antibi. Alexis Lebert sent des tensions sur ce sujet dans son collège, mais cela n’empêche pas un travail par compétences.

7- Un rêve : le modèle nordique
Si le rêve de Pascale Petit est d’avoir une liberté complète pour mêler enseignants des écoles et des collèges, Marc Douaire rêve d’un modèle nordique où un groupe d’enseignants prendrait en charge un même groupe d’élèves du CM1 à la classe de quatrième. En 1989 les cycles ont été conçus comme des groupes multi-âges en alternative au redoublement et en réponse à l’échec scolaire : pourquoi pas en cycle 3 des classes communes CM1-CM2-6ème ?

Au fil des interventions, des allusions aux dégâts causés par les destructions opérées au cours des périodes précédentes : dans les écoles de tel réseau, on voit une majorité de professeurs avec peu d’ancienneté, n’ayant reçu aucune formation, fréquemment en arrêt maladie, qui ne sont pas souvent remplacés ou par des contractuels sans formation eux aussi, parce que les emplois de remplacement ont été remplacés par des crédits. Et la crainte que les mauvais jours ne reviennent. Mais aussi le sentiment fort que malgré tout, en éducation prioritaire, on travaille bien et que le métier évolue dans le bon sens !
Compte rendu rédigé par François-Régis- Gullaume

 

Voir aussi :
Compte rendu par le Café de la Rencontre OZP du 13 mars 2016 sur l’Interdegres

Compte rendu par Tout Educ de la rencontre OZP du 23.03.16 sur l’interdegrés : "Une mutation de la culture professionnelle a commencé"

Le mot-clé **INTERDEGRES cycle 3 (Action locale ou acad.) (gr 4) : (608 articles)

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