Séminaire OZP du 13 mai 2023. Faire réseau : conclusion par Marc Douaire (Séminaire OZP du 13 mai 2023)

24 mai 2023

Séminaire OZP du 13 mai 2023.
« Faire réseau en éducation prioritaire ; quels contenus ? quelle animation ? »

Conclusion

En abordant la thématique du Réseau en éducation prioritaire ce séminaire voulait se situer dans la continuité des travaux de la Journée nationale de l’OZP du 15 novembre 2022 et de la Rencontre publique du 1 février 2023. A l’issue de cette journée très riche, il est possible de tirer plusieurs enseignements.

1- La question du Réseau d’éducation prioritaire demeure une question d’actualité. Trois ans après l’enquête menée par l’OZP auprès des équipes de terrain sur les effets de la refondation de l’éducation prioritaire, les travaux conduits lors de ce séminaire ont bien souligné que les réseaux continuaient d’innerver la politique d’éducation prioritaire sur le terrain. Cette actualité de la question méritait bien de s’interroger à nouveau sur la nécessité de construire et développer un travail en réseau dans un contexte de changement de politique d’éducation prioritaire opéré depuis 2017.

2- Le détour par l’histoire de 40 ans d’éducation prioritaire a permis d’apporter l’éclairage nécessaire sur la notion même de réseau, son apparition en 1998 et l’évolution de son contenu. Sous sa forme dynamique, il convient de retenir qu’il s’agit à la fois d’une notion récente : 2006/2007 et centrant son objectif sur l’action pédagogique (les 1000 enseignants référents attribués aux 249 RAR). Il s’agit donc d’une notion relativement neuve, pas encore complètement stabilisée, qui appelle un pilotage favorisant la continuité et l’horizontalité de l’action des professionnels du réseau.

3- Le Réseau n’a pas d’existence juridique. Certains le lui reprochent : seuls les établissements seraient légitimes ; d’autres considèrent que cette absence représente une chance ; le Réseau fonctionne à l’état gazeux et on sait bien que c’est de cet état gazeux que procède la vie.
Le Réseau ne tire donc sa légitimité que de son objectif de lutte contre les inégalités par le développement de son projet pédagogique visant à renforcer les continuités et les cohérences dans les apprentissages.

4- Il n’est donc pas étonnant que le Réseau soit sous tension confronté quotidiennement à la culture de l’institution scolaire centrée sur l’établissement et la verticalité opérationnelle.
La philosophie même du Réseau fondée sur le travail collectif des professionnels tout au long de la scolarité obligatoire autour d’un projet visant une plus grande démocratisation de l’Ecole et la confiance en l’action horizontale et coopérative des acteurs s’oppose notamment à celle d’Eclair hier comme des Contrats locaux d’accompagnement aujourd’hui.

5- Pour pouvoir vivre, le Réseau doit faire du collectif, donner le sentiment d’appartenance, voire représenter un label de qualité. « Les enseignants sont le réseau », expression utilisée plusieurs fois lors des échanges.

6- Le Réseau c’est une organisation mobilisatrice mais aussi coûteuse en énergie et en temps pour les acteurs. Il est donc nécessaire que soient traités en priorité les questions qui mobilisent le plus l’énergie et le temps des enseignants : les problèmes rencontrés dans la classe (apprentissages, inclusion, gestion de l’hétérogénéité…), les obstacles rencontrés par les élèves pour apprendre et les obstacles rencontrés par les enseignants pour enseigner.

7- Le Réseau se construit, il n’est pas donné une fois pour toutes. Il doit chercher à faire émerger un collectif professionnel de réseau d’éducation prioritaire. Cela requiert notamment la constitution d’une mémoire de réseau et un pilotage fondé sur la reconnaissance de compétences collectives.

(Marc Douaire)

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