Voir à gauche les mots-clés liés à cet article
[...] POUR UNE POLITIQUE NATIONALE D’ÉDUCATION PRIORITAIRE AMBITIEUSE (pages 23-24)
14,5 % de la population en France vivait en dessous du seuil de pauvreté en 2021 selon les chiffres de l’Insee. Ce pourcentage était de 13,5 % en 2015, au moment de l’élaboration de la précédente carte de l’éducation prioritaire
Malgré l’engagement de réviser la carte de l’éducation prioritaire tous les 5 ans, celle-ci est restée identique depuis 10 ans. L’annonce de sa refonte en 2025 ouvre la question des critères pour la redéfinir, mais plus largement de sa place dans la lutte contre les inégalités..
Une carte figée
Pourtant, l’EP est restée figée dans une carte établie il y a dix ans à partir des indicateurs des collèges. Elle a laissé de côté de nombreuses écoles dites orphelines. La ministre Nicole Belloubet a annoncé sa révision pour la rentrée 2025.
Parallèlement, les Contrats Locaux d’Accompagnement se développent par un saupoudrage de moyens en postes, indemnités ou crédits pédagogiques sans qu’aucun bilan n’ait été tiré du dispositif de l’expérimentation dans les académies Aix Marseille, Nantes et Lille
Ségrégation, mixité
La Depp* dans une note de juin 2024** confirme une forte corrélation, en France, entre inégalités sociales et inégalités scolaires.
Les résultats de PISA montrent que les écarts de résultats sont plus importants que dans les autres pays, et en augmentation.
La publication des IPS*** de chaque établissement scolaire a révélé les écarts entre le privé et le public et à l’intérieur du public. Or, la mixité scolaire contribue à la lutte contre les inégalités.
Faire progresser la mixité sociale impose de questionner les privilèges octroyés au secteur privé en matière de recrutement et de sélection des élèves. Pour autant, la mixité scolaire n’exempte pas d’une
réflexion sur les objets de savoirs et les façons de les enseigner.
Le 93, un département emblématique
Département le plus pauvre de l’hexagone, la Seine-Saint-Denis voit ses écoles moins bien dotées que celles d’autres départements plus favorisés.
Depuis plus de dix ans le concours y est déficitaire et le taux de personnels contractuels bien plus important qu’ailleurs (8 % des effectifs du premier degré).
Lors de la mobilisation de l’hiver 2023 et du printemps 2024, l’intersyndicale FSU CGT SUD CNT revendiquait 8 000 postes.
Un rapport parlementaire de 2023 montre que le manque de moyens est une réalité malgré le déni de la ministre durant toute la mobilisation.
8 000 postes sont nécessaires dans le département du 93.
Les DROM
En juillet 2020, le rapport de la Cour des Comptes sur le système éducatif dans les académies ultramarines indique qu’en Guadeloupe 28,3% des élèves du 1er degré sont scolarisés en éducation prioritaire (5,5% en REP+), en Martinique 50% (17,7 en REP+) et 56,5% à La Réunion (29,5% en
REP+).
A Mayotte, toute l’académie est en éducation prioritaire dont 43,5% en REP+. De même, en Guyane 95,8% des élèves sont scolarisés en REP+. Pour lutter contre les inégalités et permettre aux DROM d’avoir davantage de moyens, toutes les académies ultramarines doivent être classées en REP+.
Des acquis à restaurer
En 2014 des pistes fructueuses sur le plan pédagogique ont été lancées.
Le dispositif« Plus de maîtres que de classes » a généré d’importantes dynamiques d’échanges pédagogiques, renforçant la professionnalité des équipes enseignantes. Il a pourtant été supprimé sans évaluation ministérielle. En effet, les moyens d’enseignements ont été concentrés sur les dédoublements de classes, dont les résultats sont en-deçà des bénéfices attendus*.
Les 18 heures de pondération de service en REP+ continuent à être remises en cause à cause du manque de personnels remplaçants. Pourtant elles constituent un levier qui institutionnalise du temps pour les équipes permettant d’investir la réflexion pédagogique, d’assurer un
meilleur suivi des élèves, et de collaborer avec les partenaires de l’école, en particulier les parents d’élèves
La carte de l’éducation prioritaire doit être actualisée.
Pour ce faire, un travail concerté avec les organisations syndicales doit être mené à partir d’indicateurs socio-économiques nationaux (dont l’IPS).
La future carte ne peut être une simple superposition des cartes de l’éducation prioritaire et de celle des quartiers politique de la ville, le seul critère du revenu ne reflétant pas forcément la situation dans les écoles.