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Le colloque "collège" du Snes et l’EP : 20 élèves par classe, carte "étendue à tous les établissements où se concentrent les difficultés sociales", avec critères concertés, label unique et sans contractualisation (le Café, ToutEduc)

31 mars 2023

Snes-FSU : Appel pour un collège démocratisant

Jeudi 30 mars, le Snes-FSU organisait un congrès sur le thème du collège. De ce congrès est né un appel du syndicat pour un « Un collège démocratisant ». Le Café pédagogique est le premier média à vous en livrer le contenu.

Colloque collège SNES-FSU
30 mars 2023
Appel pour un collège démocratisant
Toutes et tous capables de réussir

Le projet éducatif du SNES-FSU pour le collège s’appuie sur des exigences et des propositions concrètes et cohérentes pour une scolarité obligatoire portée à 18 ans. Elles nécessitent une politique éducative ambitieuse, des choix budgétaires, des mesures de revalorisation et aussi un plan pluriannuel de recrutement pour inciter les étudiant-es à se diriger vers nos métiers. Cette politique doit se donner les moyens d’un service public de qualité mis à mal par les politiques libérales françaises et européennes, notamment dans le champ éducatif, ainsi que par la concurrence de l’enseignement privé qui favorise l’entre-soi. L’argent public doit aller vers l’école publique.

Le travail de l’élève se fait dans le cadre du collège en renforçant les temps d’apprentissages pendant les cours, dans un volume horaire suffisant. L’accompagnement des élèves, particulièrement de ceux et celles en difficulté, doit être traité dans le cadre collectif de la classe plutôt que par une individualisation des parcours qui conduit à creuser toujours plus les inégalités. Des moyens supplémentaires sont nécessaires pour laisser aux élèves le temps de l’appropriation et de la réflexion, pour permettre aux enseignant.es de varier les démarches, les pratiques et permettre l’acquisition de savoirs et savoir-faire. Les enseignements facultatifs doivent avoir leur financement propre, fléché et généralisé afin de ne pas mettre en concurrence les disciplines.

→ Limiter les effectifs de classe à 24 élèves en collège (20 en éducation prioritaire), avec des dédoublements ou co-interventions dans toutes les disciplines inscrits dans une grille horaire nationale est une priorité. Ces effectifs sont en outre réduits pour toute situation d’inclusion d’élèves.

Les programmes du collège doivent être mobilisateurs pour les élèves, cohérents entre eux, en complémentarité pour créer du sens et construire une véritable culture commune. Ils doivent être conçus en référence aux niveaux d’enseignement avec des savoirs et des démarches qui préparent progressivement à la poursuite vers le lycée. La liaison Troisième-Seconde doit être renforcée pour prendre en compte la continuité de la scolarité des élèves dans le second degré. Le DNB doit être repensé et construit comme une étape vers le lycée, sans y faire obstacle, où toutes les disciplines enseignées sont prises en compte. L’évaluation des acquis est un geste professionnel de l’enseignant.e qui en a la maîtrise en cohérence avec les apprentissages des élèves dans la classe.

→ Programme, DNB, organisation des enseignements… toute décision du ministère doit être débattue en amont avec les personnels et leurs représentant·es pour que l’expertise des enseignant-es soient prises en compte. Socle et parcours doivent être questionnés. Les certifications, qui menacent les diplômes, doivent être abandonnées. La liberté pédagogique exclut que les chefs d’établissement jouent un rôle dans l’évaluation pédagogique et les choix pédagogiques des collègues. Du temps doit être restitué aux équipes pour qu’elles organisent librement des collectifs de travail.

L’accompagnement des élèves par les équipes pluri-professionnelles contribue à repérer et à lutter contre tout décrochage et abandon. Il permet de travailler le rapport des élèves à l’effort, à l’autonomie, à leur prise de responsabilités.

→ Les personnels de vie scolaire (CPE, AED), les AESH, les PsyEN, infirmier.es scolaires et assistant.es sociaux doivent être présent.es partout en nombre suffisant.

L’école inclusive doit être pensée et organisée comme un tout : du bâti scolaire aux moyens matériels et humains d’accompagnement, de la conception de programmes inclusifs à celles des examens. Elle implique aussi une formation des personnels. La place singulière des SEGPA dans les collèges doit être confirmée et renforcée comme structure. L’inclusion ne doit pas non plus être pensée que dans le champ du handicap et dans sa réponse médicalisante. Elle doit s’élargir aux différents types d’élèves, notamment allophones

→ Le collège inclusif nécessite des moyens et la priorité doit aller à la baisse des effectifs pour réellement prendre en compte la place des élèves en situation de handicap et à besoins éducatifs particuliers (BEP). Les AESH doivent être titularisé.es dans un corps de catégorie B à créer.

La carte de l’éducation prioritaire doit être étendue à tous les établissements où se concentrent les difficultés sociales. La mixité sociale doit faire l’objet d’une politique nationale. L’Ecole doit penser les modalités pédagogiques d’un enseignement ambitieux pour tous les publics scolaires, loin de l’offensive d’officines associatives ou privées de soutien scolaire notamment.

La révision de la carte de l’éducation prioritaire est urgente avec des critères concertés, transparents et nationaux avec un seul et même label pour tous, sans contractualisation des moyens.

Extrait de cafepedagogique.net du 31.03.23

 

Le SNES lance un appel "pour un collège démocratisant"

Réuni en colloque ce 30 mars sur le thème "Le collège de demain", le syndicat FSU des enseignements de second degré lance un "appel pour un collège démocratisant" dont les grandes lignes sont bien définies, mais dont les contours devront être précisés lors du congrès de La Rochelle au mois de mars 2024.

L’organisation syndicale rappelle immédiatement la conviction qui fonde son action, "toutes et tous capables de réussir" et elle inscrit son projet pour le collège dans son projet plus global d’une scolarité obligatoire portée à 18 ans, mais aussi dans une remise en cause des "politiques libérales françaises et européennes, notamment dans le champ éducatif", ainsi que de "la concurrence de l’enseignement privé" : "l’argent public doit aller à vers l’école publique."

Limitation des effectifs et collectifs de travail

Le SNES demande notamment la limitation des effectifs à 24 élèves, 20 en éducation prioritaire, "avec des dédoublements ou co-interventions" et "une grille horaire nationale". "Les enseignements facultatifs doivent avoir leur financement propre, fléché et généralisé afin de ne pas mettre en concurrence les disciplines." Le SNES estime également dans cet appel que les programmes et l’organisation des enseignements doivent faire l’objet de débats "avec les personnels et leurs représentants pour que l’expertise des enseignant.e.s soit reconnue". De même, c’est après débat que l’organisation du brevet doit être repensée. Et ce qui vaut au niveau national vaut aussi au niveau de l’établissement puisque "du temps doit être restitué aux équipes pour qu’elles organisent librement des collectifs de travail".

Le SNES demande aussi que les personnels de vie scolaire, les AESH, les PsyEN, les personnels infirmiers et sociaux soient "présent.e.s partout en nombre suffisant" et que les moyens de l’éducation prioritaire aillent "à tous les établissements où se concentrent les difficultés sociales". Il estime plus particulièrement que l’inclusion ne doit pas être pensée uniquement dans le champ du handicap, mais doit "s’élargir aux différents types d’élèves, notamment allophones".

Un projet de grille horaire

Ce colloque a été l’occasion pour le secrétaire général adjoint du syndicat, Gwenaël Le Païh, de présenter un projet de grille horaire pour le collège. L’emploi du temps des élèves serait calculé sur 32 heures au lieu de 26 actuellement (38h en termes de moyens d’enseignement en 6ème, du fait des dédoublements), et comprendrait notamment un enseignement obligatoire du latin en 6ème et 5ème, et 2h de soutien en 6ème, 1h en 5ème et 4ème. Interrogé par ToutEduc sur "l’approfondissement" prévu en alternative au soutien par Pap Ndiaye (après avoir été envisagé par René Haby lors de la mise en place du collège unique, puis abandonné, ndlr), les responsables du SNES sont unanimes pour estimer qu’il n’a pas de sens. Pour l’organisation syndicale, la classe doit être hétérogène et constituer "un collectif d’apprentissage".

Le projet de grille fait l’unanimité sur un certain nombre de points. Il faut augmenter le nombre d’heures d’enseignement (ce qui va à l’encontre des prises de position d’autres organisations syndicales, l’UNSA notamment), la difficulté scolaire doit être traitée dans la classe, les horaires doivent être nationaux, y compris pour les dédoublements, les marges d’autonomie des établissements portant uniquement sur les heures de soutien. D’autres questions sont "encore en discussion" et devront être tranchées d’ici le congrès de l’année prochaine. Qu’entend-on exactement par soutien ? Ne faudrait-il pas commencer la 2ème langue vivante dès la 6ème ? Faut-il raisonner en heures de cours (de 55 minutes), ou en séquences de 45 minutes, une solution qui ne séduit pas vraiment, ou au contraire de 90 minutes ? Le SNES refuse par avance toute solution du type "tiers temps pédagogique" et enseignements hors cadre disciplinaire : "Tous les différents parcours, les ’éducations à’, les expérimentations, "devoirs faits’, etc., nécessitent un bilan et une remise à plat car (...) ils renvoient au local, voire favorisent l’entrisme des associations ou des entreprises".

Le SNES est en revanche très attaché à la notion de "culture commune". Paul Devin (Institut de recherche de la FSU) rappelle que, pour la FSU, "former des individus libres" suppose de "faire partager à tous les jeunes une culture commune émancipatrice". La culture n’apparaît pas "comme une stratégie de distinction méritocratique", mais comme "une perspective d’agir en commun". Rien n’en est "a priori exclu" car "la valeur des contenus" ne peut "être dictée par les normes d’une classe sociale". Sandrine Charrier estime pour sa part que "le socle commun de connaissances de compétences et de culture de 2015, texte matrice dont les principes étaient louables, a aujourd’hui du plomb dans l’aile". Le projet de "culture commune" porté par la FSU était reconnu mais "dans beaucoup d’établissements, il a fallu cocher les ’compétences’, des cases, utiliser des couleurs, supprimer les notes, ou parfois transformer les ’compétences’ en notes". Or il faut, ajoute-t-elle, que les enseignants puissent "rester maitres de nos évaluations en classe" tandis que les programmes par cyclesdoivent être assortis de "repères annuels". Le SNES estime qu’il "est plus que jamais nécessaire de défendre (les) disciplines", de "promouvoir une culture commune construite sur des programmes scolaires démocratisants", de s’opposer "au rouleau compresseur qui s’annonce, promouvant les fondamentaux et pilotant les enseignements par l’évaluation".

Efficace et équitable

André Tricot, qui intervenait en fin de colloque, a proposé, en se fondant sur les conclusions des conférences de consensus organisées par le CNESCO depuis 2013, de lister les caractéristiques d’un système scolaire efficace et équitable. Un tel système s’oppose à toute forme de ségrégation et à toute orientation précoce, il développe des alternatives aux redoublements, il est "raisonnablement décentralisé", mais le cadrage national reste fort, les élèves y sont conscients de leurs capacités à progresser, élèves comme enseignants y éprouvent un sentiment de bien-être...

A noter encore que les participants au colloque ont pu consulter un résumé des réunions du SNES avec la DGESCO concernant le collège. La direction des enseignements scolaire serait "bien consciente que les heures d’accompagnement à l’orientation ne sont pas effectuées dans bien des collèges" et elle aurait promis de travailler avec les organisations syndicales à un cahier des charges en ce qui concerne les intervenants extérieurs. Pour le SNES, le dispositif se dégonfle mais "on risque de le voir peu appliqué dans les collèges dont le public est favorisé" mais "réellement mis en oeuvre dans certains collèges défavorisés". Par ailleurs, le ministère envisagerait de déplacer l’évaluation nationale de début de seconde en fin de troisième, le SNES rappelle qu’il est opposé à ces évaluations standardisées. Le ministère envisagerait également "des parcours adaptés" en 5 ans comme alternative au redoublement.

Extrait de touteduc.fr du 30.03.23

 

Note du QZ : Marc Douaire, invité par le Snes, est intervenu au titre d’expert durant la matinée du colloque sur le thème de l’Education prioritaire.

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