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"Les inégalités territoriales sont avant tout des inégalités sociales » (entretien de Louis Maurin avec le Courrier des maires)

13 juin 2019

« Les inégalités territoriales sont avant tout des inégalités sociales »

[...] Traditionnellement mesuré dans ses analyses, l’Observatoire des inégalités n’en reste pas moins alarmiste compte tenu du contexte politique bouillant dans lequel la France est plongée depuis l’automne 2018 avec le mouvement des gilets jaunes. Louis Maurin et Anne Brunner pointent la responsabilité de l’Etat face à l’ampleur des inégalités, mais aussi l’insuffisance des leviers et des outils aux mains des élus pour y remédier concrètement. Surtout, au gré de nombreux indicateurs agrémentées de ses réflexions, les deux chercheurs de l’Observatoire insistent sur l’urgence de réagir, et d’agir collectivement, pour faire face à la montée des populismes, afin d’éviter une remise en cause de notre démocratie et du système redistributif français.

La baisse de l’impôt sur la fortune et l’allègement de l’imposition des revenus financiers dont ont profité les plus aisés, pendant que les pauvres voyaient dans le même temps leurs APL diminuées, ont-ils fait exploser les inégalités ?
Louis Maurin : Je pourrais vous répondre par l’affirmative et espérer ainsi élargir mon audience, sauf que l’Observatoire des inégalités ne fait pas de marketing pas plus qu’il ne mène un travail partisan. Les données sur lesquelles nos analysent reposent étant celles de l’Insee, qui datent pour la plupart de 2016, il est trop tôt pour vous répondre sur l’impact concret de ces mesures.
Par contre, une chose est sûre : nous ne sommes plus dans une période de très forte croissance des inégalités de revenus comme c’était le cas dans les années 2000. Les quelques mesures favorables aux catégories modestes prises à la fin du quinquennat Sarkozy puis sous la mandature de François Hollande, la baisse du chômage et plus récemment la hausse de la prime d’activité, l’augmentation du minimum vieillesse et de l’allocation adultes handicapés par Emmanuel Macron expliquent cette stabilisation.

La France dépense globalement un « pognon de dingue » mais notre système redistributif permet par exemple de diviser par deux le nombre de familles monoparentales sous le taux de pauvreté. Il évite à des milliers de familles de dormir à la rue. Notre modèle social peut évidemment être critiqué et amélioré, mais il fonctionne mieux qu’ailleurs dans bien des domaines. Prenons garde à ne pas le détruire.

Est-ce à dire que les politiques font suffisamment d’efforts pour réduire les inégalités ?
Non : les inégalités se sont stabilisées au cours des dernières années, mais les écarts de revenus entre les 10% des plus riches et les 10% plus pauvres se sont bel et bien accrus sur le temps long. Il y a un grand écart entre les discours de l’actuel président de la République, et ses actes sur le terrain. Son diagnostic sur l’existence d’« inégalités de destin » est bon, mais quelles mesures a-t-il pris, concrètement pour régler ce problème ?

Les politiques publiques mises en place pour atténuer les inégalités scolaires, par exemple, ne sont clairement pas à la hauteur. Diminuer les effectifs des classes de CP et CE1 dans les écoles de l’éducation prioritaire va dans le bon sens mais cela ne touche qu’un quart des enfants défavorisés. C’est très bien d’écoper le bateau qui prend l’eau, mais il faudrait aussi penser à réparer la coque : notre système éducatif a besoin de changer ses pratiques..

Extrait de courrierdesmaires.fr du

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