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L’éditorial de « L’Expresso » sur les rapports école - familles

31 mai 2007

Extrait de « L’Expresso » du 31.05.07 : L’Ecole et les familles

« Beaucoup de parents parlent de la peur d’être « convoqués ». Les enseignants emploient d’ailleurs ce terme « convoquer », sans se rendre compte de ce qu’il signifie pour des personnes qui le sont sans arrêt, partout. Ces mots sont ceux du recteur Claude Pair, prononcés lors du salon de l’éducation en 2003.

Il est vrai que très fréquemment le facteur déclenchant des relations entre l’école et la famille est une situation de crise : l’école convoque les parents d’un élève qui présente des absences, un manque de travail ou qui manifeste bruyamment son refus de l’institution. A tel point que nombre d’établissement scolaire travaillent aujourd’hui à construire une relation plus régulière, si possible avec tous les parents, pour anticiper une rencontre qui ne se construira pas sur des reproches réciproques.

Car l’entretien individuel programmé ou la réunion rituelle entre parents et professeurs ne sont pas les seules formes de relation. Aux abords de l’établissement lors de l’accueil des élèves quelques mots et une poignée de main échangée construisent parfois davantage une confiance réciproque. Tout comme le maître qui organise une visite du centre de secours de la commune et sollicite un père, pompier, pour venir dans la classe. On peut imaginer le bonheur de son fils.

Les parents sont en effet membres à part entière de la communauté éducative. Ils doivent non seulement trouver leur place, mais les raisons et les moyens d’apporter leur contribution originale, incontournable au fonctionnement de l’école et à son évolution positive. Les parents sont donc en situation objective de co-éducation avec les enseignants, et une coopération efficace entre eux est un facteur positif pour l’enfant et sa réussite.

Et puis le temps où les premières mesures d’ouverture de l’école aux parents ne furent pas si simples à faire admettre dans les établissements est déjà loin. Le dernier texte officiel, un décret, date de 2006. Il est vrai que jusqu’à la fin des années 60, les familles ne mettaient guère les pieds à l’école, dont l’accès était d’ailleurs en quelque sorte « interdit à toute personne étrangère au service ». Avec les conseils d’école, les conseils d’administration des collèges et des lycées ... et l’élection des représentants des parents, les choses ont changé, même si les taux de participation sont souvent déplorés et si les parents n’ont pas toujours une claire définition de leur rôle. Aujourd’hui, le dialogue social n’a de sens que s’il s’engage entre partenaires représentatifs. Les directeurs et les chefs d’établissement sont invités à respecter le décret qui fixe l’intervention des associations de parents d’élèves au sein des établissements scolaires. Tout en respectant le choix démocratique des parents.

A l’IUFM de Créteil, anticipant le nouveau cahier des charges des IUFM sur ce point, un module destiné aux professeurs stagiaires est entièrement consacré aux relations école familles. Une façon de répondre concrètement à une attente très forte des enseignants.

Damien Raymond

Ligue de l’Enseignement

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Claude Pair est l’auteur de «  L’école devant la grande pauvreté  »

L’école, qui n’a jamais eu une place plus importante dans la destinée sociale des personnes, se doit d’être au premier rang du combat contre l’exclusion. Mais un malentendu persiste entre les familles les plus démunies qui reportent leurs espoirs sur la réussite scolaire de leurs enfants et l’école qui dit souvent mal connaître les familles très pauvres et qui ne parvient pas toujours à leur transmettre les ambitions qu’elle a pour tous ses élèves.

Il faut connaître ce qu’est la grande pauvreté pour provoquer un changement de regard sur ceux qu’elle atteint, aborder les relations entre l’école et les familles très pauvres, souvent placées sous le signe du malentendu, analyser les attentes des familles qui ont le sentiment de ne pas être bien comprises de l’école et comprendre ce que l’école attend des familles.

Si le partenariat entre l’école et les familles pauvres est sans doute la seule voie possible pour avancer vers la réussite scolaire de leurs enfants, il est encore largement à inventer, et c’est à l’institution tout entière de le prendre en charge. Mais l’invention demande avant tout des initiatives locales pour aller à la rencontre des familles pauvres, apprendre à les connaître et à reconnaître leurs attentes et leurs droits.

Le partenariat est l’inverse du malentendu, ou plus exactement il est la manière de lever le malentendu : dans le cas de l’école, il n’y a pas d’autre solution prometteuse.

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