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La révolte de deux collèges de l’Aube priés d’accueillir les 630 élèves d’un 3e établissement qui doit être fermé pour travaux
La reconstruction du collège Paul Langevin, dans l’agglomération de Troyes, est une belle épine dans le pied du conseil départemental de l’Aube. Pendant deux ans de travaux la collectivité envisageait de délocaliser les 630 élèves dans deux établissements voisins. Une hypothèse qui a déclenché la fureur.
Il ne s’attendait pas à une telle colère. Philippe Pichery, président du conseil départemental de l’Aube, n’en finit pas depuis jeudi de jouer les pompiers pour éteindre l’incendie qu’il a allumé en annonçant les modalités de la reconstruction du collège Paul Langevin de Sainte-Savine, commune voisine de Troyes (Aube). Ce n’est pas tant la disparition de l’actuel collège Pau-Langevin (630 élèves) qui fait polémique que le transfert pendant les travaux de reconstruction des élèves vers deux autres collèges du secteur : Albert Camus (580 élèves) et Pierre Brossolette (560 élèves), implantés à La Chapelle-Saint-Luc, autre commune de l’agglomération troyenne. Pas question ont aussitôt fait savoir enseignants et parents des trois établissements concernés.
[...] Le hic, c’est que deux ans de travaux sont nécessaires. La construction d’un collège temporaire, pour un montant de cinq millions d’euros, a bien été envisagée mais l’idée a été abandonnée. L’argent public se raréfie et avec lui les capacités d’investissement du conseil départemental. « Dans le contexte actuel, mettre autant d’argent dans un collège éphémère est inenvisageable », assume Philippe Pichery. L’option retenue a donc été de répartir les élèves du collège Langevin de Sainte-Savine dans les deux collèges de La Chapelle-Saint-Luc, sans modification de la carte scolaire et avec des aménagements garantissant l’indépendance des établissements appelés à « cohabiter ».
« Il faut aussi prendre en compte les conséquences pédagogiques »
Ce qui n’était qu’une rumeur au début de la semaine passée s’est confirmé jeudi après-midi. Est arrivé ce qui n’était pas prévu dans de telles proportions : les portables ont aussitôt commencé chauffé et la grogne a éclaté, avec des échanges d’une rare véhémence. Un dialogue de sourds qui a contraint le conseil départemental à temporiser dans son projet de « délocalisation », même provisoire, des élèves et à promettre de nouvelles concertations. « Nous nous sommes heurtés à une opposition frontale, avec des gens refusant tout dialogue », affirme le président du Département.
[...] « On a eu le sentiment d’être mis au pied du mur, regrette un professeur du lycée Albert Camus de La Chapelle-Saint-Luc, l’un des deux collèges pressentis pour accueillir des élèves du collège Paul-Langevin de Sainte-Savine. Il y a une absence totale de concertation avec les personnes concernées. D’un point de vue organisationnel, il est impossible d’accueillir les élèves du collège Langevin dans notre établissement. » Classés REP + (réseau d’éducation prioritaire renforcée), les deux collèges chapelains présentent, en outre, un profil bien différent de leur homologue savinien, implanté dans un quartier résidentiel.
Les enseignants de La Chapelle-Saint-Luc craignent de ne plus pouvoir remplir leur mission dans des conditions optimales si le déménagement temporaire est acté. « Je n’imagine pas passer en force dans un dossier de cette nature. Investir plus de 30 millions d’euros dans un contexte contraint sur une opération qui ne serait pas opportune n’aurait aucun sens. Je suis dans un esprit constructif », convient Philippe Pichery. Place au dialogue enfin apaisé ? « Une solution, si elle est concertée avec les personnes qui sont sur le terrain, sera forcément meilleure que ce qui a été proposé jusque-là », observe l’enseignant du collège Albert Camus.
Aube