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La conférence de presse de l’enseignement catholique : crise, mixité sociale et pilotage local (Le Café, ToutEduc)

23 septembre 2022

Face à la crise, l’école catholique en quête de nouvelles aides
Double évolution dans les rapports entre l’enseignement catholique et l’Etat. Dans son discours de rentrée, le 22 septembre, Philippe Delorme, secrétaire général de l’enseignement catholique, souligne les difficultés financières à venir des établissements catholiques frappés par la crise. Il en appelle à "l’engagement" de l’Etat et la fin des "discriminations". Mais il souligne aussi la complète adhésion de l’enseignement catholique à la réforme éducative portée par Emmanuel Macron. Ce que le président veut faire dans le public c’est somme toute ce que fait déjà l’enseignement catholique…

Le poids de la crise

"Nous sommes très inquiets. Il va falloir que la puissance publique nous accompagne". Les établissements catholiques privés sous contrat commencent à perdre des élèves. A la rentrée 2022, c’est 18 000 élèves qui manquent, soit 1%, répartis entre premier et second degré. Cela concerne aussi le supérieur, notamment les BTS avec 6000 élèves en moins. Parmi les facteurs expliquant ce recul, il y a la crise démographique. Mais aussi les premières retombées de la crise économique avec notamment la hausse du prix de la demi pension.

Mais le pire est devant. Les établissements catholiques vont être touchés par la hausse du prix de l’énergie. Philippe Delorme cite en exemple une école primaire dont la facture énergétique va passer de 20 000 à 200 000€. La crise concerne aussi la restauration scolaire, qui ne bénéficie pas de subventions publiques. Ce sont donc les familles qui devront suivre la hausse et le SGEC craint le départ d’une partie des élèves. "Face aux difficultés un grand nombre de familles ont renoncé à inscrire leurs enfants dans nos établissements", explique P Delorme.

La solution c’est bien sur l’aide de l’Etat et des collectivités territoriales. "J’en appelle à un engagement renouvelé de la puissance publique aux cotés de nos établissements, des familles qui les choisissent… Je ne suis pas en train de quémander. Je parle d’équité", dit P Delorme. Il préfère parler de mesures contre la "discrimination" dont il dit être victime l’école catholique. "Discrimination pour la restauration" déclare P Delorme parce que les élèves des établissements privés sous contrat ne bénéficient généralement pas des mêmes aides financières des collectivités locales que ceux du public. "Discrimination au niveau des transports scolaires", pour les mêmes raisons. L’enseignement catholique demande aussi à bénéficier du bouclier tarifaire des écoles publiques pour ses dépenses énergétiques.

Soutien à la réforme d’E Macron

"L’engagement des acteurs" c’est aussi ce que l’enseignement catholique lit dans la réforme éducative d’Emmanuel Macron. "Je dis "allons y", "banco" Je dis même "chiche" , applaudit P Delorme. Parce que la réforme Macron "c’est comme cela que nous essayons de fonctionner depuis toujours avec un pilotage centré sur l’établissement" , explique t-il. Somme toute le projet d’établissement, le recrutement des enseignants par le chef d’établissement, la marge d’autonomie dans l’organisation du temps scolaire, la présence d’enseignements particuliers au nom du caractère propre, la gestion financière indépendante de chaque établissement c’est ce modèle qu’E Macron veut généraliser dans le public.

Le SGEC voit dans la réforme Macron l’occasion d’aller plus loin encore dans le management des établissements. Par exemple dans "l’aménagement de l’année". Interrogé par le Café pédagogique sur l’influence du modèle catholique sur la réforme Macron, P Delorme répond que "ce ne sera pas la première fois qu’on s’inspire de notre façon de faire". "Je suis partageur", dit-il.

Recadrage

Partageur jusqu’à un certain point. Alors que P Ndiaye dit mettre la mixité sociale en tête de ses préoccupations, l’enseignement catholique, où la ségrégation sociale règne, se sent visé. S’il est associé aux contrats locaux d’accompagnement et donc à l’éducation prioritaire depuis l’année dernière, avec 14 établissements à cette rentrée, l’enseignement catholique recadre les choses. "Nous n’accepterons jamais la sectorisation contraire au principe de liberté de choix des familles", dit P Delorme. Ni les quotas jugés "inefficaces". P Delorme parle de "ligne rouge" pour ces deux points. L’enseignement catholique se tiendra donc en dehors des politiques de mixité sociale.

Mais c’est l’impact de la crise qui sera le grand défi de l’année pour l’enseignement catholique. JM Blanquer l’a fait bénéficier de la prise en charge de ses maternelles avec l’instruction obligatoire à 3 ans. Selon P Delorme cela aurait couté au minimum 60 millions à l’Etat, peut-être plus. En osmose avec la vision de l’Ecole du président de la République, l’enseignement catholique demande de nouvelles prises en charge. Cela pourrait aller vite…

François Jarraud

Extrait de cafepedagogique.net du 23.09.22

 

L’enseignement catholique réaffirme sa volonté d’améliorer la mixité sociale dans ses établissements

"On ne peut pas d’un côté nous reprocher notre manque de mixité sociale et de l’autre refuser de mettre en place des mesures pour permettre son développement." Le secrétaire général de l’enseignement catholique présentait, ce 22 septembre, le bilan de la rentrée 2022, et insiste sur la mobilisation des équipes pour atteindre des objectifs de mixité sociale (voir ToutEduc ici), mais aussi sur tous les freins que rencontrent les établissements privés sous contrat qui se donnent ce but, alors que 20 % des collèges privés comptent plus de 20 % de boursiers, que "beaucoup d’établissements", notamment en milieu rural, connaissent une grande mixité sociale, mais que dans d’autres, elle est "très faible". Il ajoute, sans préciser si c’est pour justifier l’accroissement de l’écart avec l’enseignement public : "Un grand nombre de familles", touchées par la crise financières, "renoncent à inscrire leurs enfants" dans le privé, ne pouvant faire face à des coûts qui "ne sont pas pris en charge par les collectivités et incombent entièrement aux familles".

C’est ainsi que le plan "cantine à 1€" vient d’être ouvert au privé sous contrat, mais dépend "exclusivement de de la bonne volonté de la collectivité qui le met en place dans ses propres cantines". Certaines Régions n’accordent pas la gratuité des cars scolaires aux lycéens du privé, ailleurs ils "ne peuvent monter dans le car que s’il y a des places non occupées par les élèves du public". Philippe Delorme ajoute : "nous allons être exclus (...) des aides pour les travaux de rénovation énergétique" ou du bouclier tarifaire. Il cite le cas d’une petite école dont la facture de gaz et d’électricité, de 20 000 € l’an dernier, devrait être multipliée par 10 cette année. "Il va falloir que la puissance publique nous accompagne", commente-t-il, sans exclure "une accélération des processus de rapprochement et de mutualisation entre établissements".

Maternelles et forfait d’externat

Ce sont toutefois quelque 60 M€ supplémentaires que le privé touche au titre du forfait d’externat, du fait du passage sous contrat des maternelles, 21 M€ pour des écoles qui ne touchaient précédemment rien, 39 M€ pour celles qui ont vu la contribution des communes passer, en moyenne, de 893€ à 1 168€. Le SGEC n’a toutefois pas d’indications sur la part de cette somme remboursée par l’Etat aux collectivités, vu la complexité des dossiers à remplir (rappelons que l’Etat avait inscrit 100 M€ au budget 2022 pour cette compensation, laquelle concerne aussi les communes qui ont mis à niveau les écoles maternelles publiques, ndlr).

La crise financière pèse sur les efforts en termes de mixité sociale, elle serait aussi l’une des cause des pertes en termes d’effectifs. Le privé sous contrat a perdu, par rapport à l’an dernier, près de 18 700 élèves, 9 102 dans le 1er degré, 9 006 dans le second degré et 588 dans l’enseignement agricole, soit 0,9 % pour un total de 2 071 424 élèves. La baisse, dont la principale cause serait démographique, est particulièrement sensible dans les académies de Besançon, de Corse, de Lille, de Nancy-Metz, Reims, et de Guadeloupe, alors que celles de Nice et de la Réunion sont très légèrement en hausse, plus nettement la Guyane, la Martinique et surtout Mayotte (mais sur un effectif très faible, 213 élèves au total). Pour partie, cette déperdition serait compensée par une hausse des effectifs en apprentissage.

Des progrès pour les maîtres délégués

Les informations sont davantage positives en ce qui concerne les enseignants. Les concours de recrutement n’ont pas "enregistré la dégradation observée dans le public", les taux de rendements sont de 95 %, au lieu de 75 % dans le public. Le recrutement des "maîtres délégués" ou suppléants a "presque" permis de mettre un professeur devant chaque élève, mais la question des remplacements en cours d’année risque de se poser, même si le différentiel entre les contractuels du public et les suppléants du privé est en cours de résorption. Il pouvait aller jusqu’à 700€/mois de moins pour un maître du privé. Un recteur pouvait recruter un nouveau contractuel du public au 3ème échelon sous condition de diplômes et de pénurie d’enseignants dans la discipline ou le secteur concerné, alors qu’il ne pouvait le faire pour un suppléant du privé. Un décret (voir ToutEduc ici) a modifié cette situation. L’Etat s’est par ailleurs engagé à aligner les deux grilles de rémunération, ce qui achèverait de réduire l’écart entre nouveaux non-titulaires du public et du privé.

Par ailleurs, les deux enquêtes de climat scolaire menées par Eric Debarbieux et Benjamin Moignard (U. de Cergy-Pontoise) font état d’un climat scolaire "très apaisé" dans les collèges, "extrêmement favorable" dans les écoles primaires (voir ici). L’enseignement catholique, qui se félicite de voir "les formateurs du public" découvrir, lorsqu’ils viennent pour leur évaluation, "les réalités de (ces) établissements qui ne correspondent pas toujours aux préjugés qu’ils pouvaient avoir". Et le SGEC dit "banco" et "chiche" à la "révolution copernicienne" annoncée par Emmanuel Macron. "Nous en serons !" martèle Philippe Delorme. La demi-journée de découverte professionnelle au collège lui semble "intéressante", de même que l’augmentation des temps de stage pour les lycéens professionnels, la révision des cartes de formation et surtout "la responsabilisation des équipes éducatives, la confiance faite aux acteurs". Il s’agit de mettre "l’administration centrale au service des rectorats et les rectorats au service des établissements, et non l’inverse !". Pour illustrer son propos, il donne le contre-exemple d’un DASEN qui a refusé à un établissement la possibilité d’organiser la prérentrée le 30 au lieu du 31 août.

Il annonce enfin, pour le 11 janvier prochain, la "phase opérationnelle" de la démarche prospective lancée il y a quatre ans, et qui doit permettre de "dessiner l’école catholique de demain à court, moyen et long terme", une école qui pourra "s’adapter aux nouveaux enjeux sociétaux, économiques, spirituels", "une école de la relation et de l’intériorité".

La vidéo de la conférence de presse sur le site de l’enseignement catholique, ici

Extrait de touteduc.fr du 23.09.22

 

Voir :
la sous-rubrique Enseignement privé (Presse, Audiovisuel, Guides)
le mot-clé Enseignem. privé (gr 5)/

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