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Ségrégations universitaires en Ile-de-France, Inégalités d’accès et trajectoires étudiantes, par Leïla Frouillou, préface d’Agnès Van Zanten, La Documentation Française (ToutEduc)

6 décembre 2017

"Inégalités d’accès et trajectoires étudiantes en Ile-de-France" (L. Frouillou, 1er prBourgogne, 2016, avec deux études empiriques à Aix-Marseille et en Ile-de-France

"Une certaine liberté individuelle [ne vient-elle pas] renforcer un ordre social inégalitaire" en matière d’orientation des jeunes bacheliers dans le système universitaire ? C’est la question à laquelle répond, au moment où le système APB est remis à plat, Leïla Frouillou (sociologue, Paris 10) avec "Ségrégations universitaires en Ile-de-France, Inégalités d’accès et trajectoires étudiantes" (Documentation française). Elle y étudie en effet "un espace universitaire marqué par des dynamiques de segmentation, différenciation et concurrence entre établissements et de choix, calcul et expérimentation de la part des étudiants", comme l’écrit dans sa préface Agnès Van Zanten.

L’Ile-de-France, du fait de la variété des publics, de l’offre universitaire, des modes de transports, des modalités de résidence offre une visibilité sur les "effets pervers en matière d’inégalités entre des groupes sociaux" tandis qu’APB "relèv[ait] surtout d’une logique gestionnaire retenant (...) la proximité comme critère légitime dès lors que les demandes dépassent les capacités d’accueil". L’auteure a choisi pour son étude deux universités, Paris 1 et Paris 8, et deux filières, Droit et Administration économique et sociale (AES) de façon à mettre en évidence les contrastes en matière de public et d’entrevoir "l’importance de la différenciation fine de l’offre du point de vue des disciplines, diplômes et mentions dans les stratégies compétitives des universités".

Quant aux étudiants, leurs stratégies divergent selon leur capital culturel. Les enfants de cadre de Seine-Saint-Denis par exemple, s’inscrivent dès la classe de première dans un lycée parisien car, sur APB, les affectations prioritaires aux universités intramuros dépendaient du lycée où le bac a été passé. Ils façonnent leurs images et une symbolique, "quartier latin versus la banlieue". Les néo-bacheliers issus de milieux défavorisés sont sensibles à celles de leurs groupes de pairs tandis que "les héritiers" sont davantage à l’écoute de leurs parents et des institutionnels. Ces logiques de choix et d’affectation expliquent pour partie les parcours ultérieurs, la capacité pour certains à "corriger des erreurs initiales de jugement" et à "profiter de nouvelles possibilités", et pour d’autres, "les décrochages, les réorientations, les arrêts et les reprises d’études".

L’auteure propose que la dotation étatique soit pondérée selon les caractéristiques sociales des publics étudiants tandis que "la réduction des différenciations de publics entre universités franciliennes pourrait s’appuyer sur une redéfinition de la carte des formations".

Ségrégations universitaires en Ile-de-France, Inégalités d’accès et trajectoires étudiantes ; Leïla Frouillou, préface d’Agnès Van Zanten. Premier prix de l’Observatoire national de la vie étudiante, La Documentation Française, 18 €.

Extrait de touteduc.fr du 03.12.17 : Inegalites d‘accès et trajectoires

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